Ils sont trois qui, par leur comportement, ont empoisonné pour des décennies, la vie de notre pays. Pierre Messmer, Haut-commissaire de la République française au Cameroun, Ahmadou Ahidjo, premier Président du Cameroun, John Ngu Foncha, second premier ministre du Southern Cameroon, puis premier Vice-Président de la république Fédérale du Cameroun.
Pierre Messmer a suggéré à Paris la réunification par absorption pure et simple du Southern Cameroon, au profit de la France ; Ahmadou Ahidjo, obligé et protégé de Paris, a exécuté sans état d’âme les ordres de l’Elysée, d’autant que ceux-ci lui profitaient; et John Ngu Foncha, hanté par une invasion Igbo du Southern Cameroon, s’est jeté les yeux fermés dans les bras d’Ahidjo. Plus tard, il l’a regretté.
Aujourd’hui, à cause de ces trois compères, le mécontentement anglophone est un gros boulet que traîne le Cameroun à sa cheville. Il lui faudra des trésors d’énergie pour s’en défaire …
(Extrait)
La rencontre de la roublardise de Foumban ou la conférence constitutionnelle de 1961.
Le «oui» l’ayant emporté sur le «non» au referendum, on se serait attendu à une véritable «table-ronde», pour reprendre un terme en vogue à l’époque, pour débattre en profondeur de l’union entre les deux «Cameroun», après 45 longues années de séparation. Contre toute attente, malheureusement, ce n’est guère cela qui s’est produit. En fait, Paris n’y trouvait aucun intérêt, or c’est lui qui conduisait les opérations, et décidait de tout. Il a plutôt décidé d’organiser, à la place, une simple «conférence constitutionnelle». C’est-à-dire quoi? Réponse: une conférence pour la répartition des postes, et rien d’autre. La réunification au bénéfice de Paris était déjà obtenue, il ne fallait plus rien y toucher. Laisser «ces Nègres» se rassembler pour réfléchir sur leur avenir commun, pas question. Paris l’avait déjà fait à notre place. Il ne fallait pas remettre en cause l’appartenance à la «zone franc» ; il ne fallait pas remettre en cause «l’assistance technique» française; il ne fallait pas remettre en cause la présence militaire française; il ne fallait pas remettre en cause le type de régime, à savoir, son inféodation à Paris; la forte concentration du pouvoir entre les seules mains du Président de la République, lui-même placé sous l’autorité de l’ambassadeur de France à Yaoundé; son caractère dictatorial; etc., etc., etc.
Pour cela, Paris s’est servi d’Ahidjo et de Foncha. Tous les deux s’étaient à plusieurs reprises rencontrés peu de temps avant, pour mettre au point le coup de force de leur maître désormais commun. Ainsi, tout ce que les naïfs délégués du Southern Cameroun ( ) avaient préparé pour la «conférence» comme points de discussion, a été balayé d’un revers de main par la délégation «francophone», autrement dit, par Ahidjo, et derrière lui, l’ambassadeur de France. L’installation de la capitale fédérale à Douala: niet! Buea et Yaoundé capitales des deux Etats fédérés: niet! L’adoption d’un nouveau drapeau et d’un nouvel hymne national: niet! Le retour à l’orthographe Kamerun: niet! Niet! Niet! Niet! Niet!
Pierre Messmer présente les choses de cette manière:
«… En exécution au referendum, une conférence constitutionnelle réunit les gouvernements à Foumban, en pays bamoun familier aux deux délégations, le 17 juillet (1961). Le Président Ahidjo, en position de force, présenta un projet de constitution faussement fédérale soigneusement préparé par ses juristes français. Ngu Foncha n’avait aucun contreprojet. En position de faiblesse puisque la population qu’il représentait ne dépassait pas le quart de celle du Cameroun français et moins encore en termes économiques, il accepta sans discuter » ( )
Deuxièmement, le Président Ahidjo ne se trouvait pas en position de force au cours de cette conférence parce qu’il détenait dans son cartable un projet de constitution confectionné par ses «conseillers techniques» français ainsi que l’avoue Messmer, en fait, ses véritables patrons, mais plutôt, parce que l’annexion du Southern Cameroon était déjà convenue d’avance avec Foncha, et des paquets de très volumineuses enveloppes avaient déjà été distribués aux délégués anglophones . ( )
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