Pour endiguer les rassemblements pro-Biafra, les militaires auraient tiré dans la foule, et procédé à des exécutions massives. L’armée nigériane dément ces accusations.
Le Monde.fr avec Reuters
En mai 2016, une affiche a circulé, en soutien à un protestant pro-Biafra, tué lors d’une manifestation en 2015 à Port Harcourt, dans le Sud du Nigeria.
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International accuse les forces armées nigérianes d’avoir tué au moins 150 manifestants en faveur de l’indépendance du Biafra, dans le sud-est du Nigéria, dans un rapport publié jeudi 24 novembre.
Selon un porte-parole de l’armée, les accusations d’Amnesty font partie d’une série d’allégations destinées à entacher la réputation des forces armées. La police nigériane, pour sa part, a démenti avoir attaqué des manifestants.
Selon l’ONG, des militaires ont tiré dans la foule, pratiquement sans avertissement, pour disperser des membres du groupe Indigenous People of Biafra (IPOB) entre août 2015 et août 2016. Amnesty International les accuse également d’avoir procédé à des exécutions extrajudiciaires massives. « Au moins 60 personnes ont été tuées en l’espace de deux jours, dans le cadre des rassemblements en souvenir de Biafra », estime l’organisation.
Une « force arbitraire, abusive et excessive pour disperser les rassemblements »
Dans un rapport de 60 pages étayé par près de 200 interviews, 87 vidéos et 122 photos prises pendant la période, l’ONG estime que les forces armées et la police ont fait usage d’une « force arbitraire, abusive et excessive pour disperser les rassemblements ».
Les revendications indépendantistes restent importantes au Biafra depuis la guerre civile de 1967–1970 déclenchée par la rébellion de la région et qui s’est finie par sa capitulation. Environ un million de personnes y ont été tuées. La région et ses 14 millions d’habitants sont depuis, rattachés au Nigeria.
Si l’aspiration à l’indépendance n’a jamais vraiment été enterrée, les tensions ont été ravivées par l’arrestation pour complot criminel et appartenance à un groupe illégal du chef de file de l’IPOB, Nnamdi Kanu, le 14 octobre 2015. Il est toujours en détention.