Teodorin Obiang, fils du président de Guinée Equatoriale et ministre, ne s’est pas présenté à l’audience lundi. Il est jugé pour «détournement de fonds publics» et «corruption» notamment.
- Nouvelle manœuvre pour repousser le premier procès des biens mal acquis
Dix ans après, les dizaines de millions d’euros de biens mal acquis de Teodorin Obiang se retrouvent devant un tribunal. Le fils du président de Guinée Équatoriale a lui séché la convocation, fidèle à sa ligne de conduite depuis le début de l’enquête française. Obiang, «convoqué à plusieurs reprises n’a jamais comparu», notaient les juges du tribunal de grande instance de Paris, dans l’ordonnance qui renvoyait Obiang junior pour blanchiment d’abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption. En son absence, c’est son avocat, Emmanuel Marsigny, qui a plaidé une demande de renvoi, pour mieux préparer sa défense.
Les juges ont passé au crible le patrimoine de l’ancien ministre de l’Agriculture et des forêts, nommé par son père vice-président chargé de la défense et la sécurité en juin dernier. Les magistrats se sont arrêtés avenue Foch, dans le XVIe arrondissement de Paris, où Obiang disposait d’un «ensemble immobilier […] composé de deux grands corps de bâtiment» sur six étages, comprenant «une vingtaine de pièces dont quatre grands salons ou salles à manger, une chambre de maître de 100 m² environ avec salle de bain majestueuse attenante, salle de sport, hammam, discothèque avec écran de cinéma, bar, salon oriental, salon de coiffure» etc. Surface : 2835 m². Valeur : 107 millions d’euros.
Le fils de son père aimait aussi les belles voitures (Bugatti, Rools-Royce, Maserati…), accumulant une quinzaine de véhicules pour un total d’environ 6,7 millions d’euros. Mais aussi les objets d’art, les bijoux, les couverts (plusieurs collections pour un total de 1,9 million d’euros environ). Quand les achats n’étaient pas réglés en cash, par mallettes entières, ils étaient payés par virements, depuis les comptes de la Somagui Forestal, la société d’exploitation forestière, à l’époque sous le contrôle de Teodoro Obiang. L’enquête a démontré qu’une «taxe révolutionnaire» sur le bois lui était directement versée.
Recours procéduraux
La procédure judiciaire a été un long parcours semé d’obstacles. Deux ONG en sont à l’origine, Sherpa et Survie. Mais après moult rebondissements – et une volonté très relative du parquet d’ouvrir une enquête – c’est finalement une autre plainte, déposée par Transparency International qui lancera la procédure. Qu’Obiang tentera d’entraver par nombre de recours procéduraux. Il a ainsi argué d’une possible immunité diplomatique que la Cour de Cassation a refusé de reconnaître.
L’avocat de l’ONG, William Bourdon, se réjouissait ce week-end que «s’ouvre un procès inédit, sans précédent en Europe et bien au-delà». «Le chapitre Obiang va se clôturer» se félicitait Me Bourdon qui a dénoncé la demande de report comme une nouvelle manœuvre «dilatoire». Le tribunal dira mercredi si le premier procès des biens mal acquis est bel et bien ouvert.
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