Autant le dire. Nous les Camerounais francophones devons avoir honte. Honte parce que nos compatriotes anglophones nous mettent à l’école de la résistance pacifique face au régime corrompu et pervers de Paul Biya. Mais nous, francophones, avons opté pour la résignation et la lâcheté. Oui, nos frères anglophones nous parlent. Et ils nous disent que lorsqu’un peuple est déterminé et parle d’une seule voix, même le pire des régimes dictatoriaux n’y peut rien.
Depuis bientôt deux mois, nos compatriotes anglophones ont réussi à tenir par la barbichette le plus arrogant des régimes politiques au monde. Ce dernier a tout essayé : dialogue, menaces, répression, promesses. Mais rien n’y fait. Les gars ont campé sur leur position. Ce qui, chez les francophones, est inimaginable. La preuve, le syndicat des transporteurs a levé son mot d’ordre de grève vendredi dernier aussitôt qu’il l’a lancé après avoir été effrayé par les pouvoirs publics au cours d’une négociation.
Mais au lieu que l’attitude de nos frères anglophones face à un pouvoir vieux de 34 ans que nous décrions tous nous serve de leçons, nous passons le temps à dire : « on va faire comment ? », « les anglos veulent même quoi ? », « pourquoi sacrifie t-on les enfants qui doivent aller à l’école ? », « ils sont manipulés par l’Occident », « le Cameroun est un et indivisible ».
Nous, francophones, passons le temps à boire dans les bars, à courir de manière frénétique vers l’argent, la gloire, les honneurs. Pendant que les Anglophones se battent pour garantir leur avenir et ceux de leurs enfants dans un pays où ils se sentent acceptés et intégrés.
Par Michel Biem Tong, Journaliste – Hurinews