On l’a appris ce mardi 10 janvier 2017. L’opposant congolais André Okombi Salissa a été arrêté avant l’aube à Brazzaville. Ancien ministre passé à l’opposition, il vivait dans la clandestinité depuis la réélection de Denis Sassou-Nguesso. Il était recherché pour détention d’armes et tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.
Selon plusieurs sources concordantes, policières y compris, André Okombi Salissa a été interpellé. Cela se serait passé dans la résidence où il se cachait, au nord de Brazzaville, entre 3 h et 4 h ce mardi.
Son chauffeur, qui se trouvait avec lui, a dû être hospitalisé. Selon l’un des collaborateurs de l’opposant, André Okombi Salissa a été envoyé à la Direction générale de surveillance du territoire (DGST) après être passé par les locaux de la sécurité présidentielle.
Mais la DGST, interrogée par la famille de l’ancien ministre, a nié le détenir. Ses proches se disent très inquiets de ne pas savoir où il se trouve, et quel sort lui est réservé. « On vient de perdre un frère, arrêté il y a deux mois, et mort sous la torture il y a deux semaines », se désole sa sœur cadette.
André Okombi Salissa a été ministre sans discontinuer de la fin des années 1990 jusqu’en 2012. Il était ensuite passé dans l’opposition et s’était présenté à la présidentielle de mars 2016. Il est poursuivi pour détention d’armes et tentative d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat.
Selon les autorités, l’interpellation s’est faite sans violence, dans le cadre d’une enquête de flagrance. Elles ajoutent qu’André Okombi Salissa sera présenté devant les instance de jugement. Son avocat, Me Maurice Tihall, dénonce une machination. « Il se cachait parce qu’il craignait pour sa sécurité, parce qu’il a eu des menaces et puis on a vu ce qui s’est passé pour les autres opposants. Et puis récemment, il a perdu un frère qui a été torturé. Et on a fabriqué ça de toutes pièces pour l’arrêter. C’est quelqu’un qui a toujours servi son pays, ce n’est pas du tout du genre à fomenter une atteinte à la sûreté de l’Etat. Ce n’est pas du tout sérieux », défend-il.
Pour Claudine Munari, présidente de la fédération d’opposition Frocad-IDC-CJ3M, l’ancien ministre paye son ambition présidentielle. « Tout ce qui se passe au Congo aujourd’hui tourne autour de la reconnaissance ou non de ce hold-up électoral. On a commencé par le général Mokoko, aujourd’hui c’est Okombi Salissa, et on dit demain à qui le tour ? Depuis un an, il y a Paulin Makaya. Croyez-moi, ce qui se passe au Congo, n’est pas du tout rassurant », alerte-t-elle.
André Okombi Salissa est aussi député et bénéficie à ce titre d’une immunité parlementaire. Le procureur, pour sa part, a refusé de répondre à nos questions ce mardi.
Par RFI
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Brazzaville : qui est André Okombi Salissa, l’opposant arrêté après des mois de clandestinité ?
L’opposant congolais André Okombi Salissa a été arrêté mardi 10 janvier à l’aube, en périphérie nord de Brazzaville. Candidat à l’élection de mars 2016, il vivait depuis environ six mois dans la clandestinité. Il est accusé par les autorités de détention d’armes de guerre et d’atteinte à la sécurité de l’État.
• Qui est André Okombi Salissa ?
Originaire de Lékana, dont il est député, dans la région des plateaux au sud du pays, André Okombi Salissa a étudié à Kinshasa, « d’où il sort avec un diplôme d’ingénieur avant se rendre quelques années plus tard à Kharkiv en Ukraine », précise sur son site la plateforme Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) dont il est désormais membre. Plusieurs fois ministre du président Sassou-Nguesso, de façon ininterrompue entre 1997 et 2012, André Okombi Salissa, 55 ans, a basculé dans l’opposition à l’approche du référendum constitutionnel de 2015. Président du parti CADD (Convention pour l’action, la démocratie, et le développement) il rejoint ensuite l’IDC, plateforme constituée avec quatre opposants pour barrer la route à la réélection de Denis Sassou-Nguesso qui cumule plus de 32 ans à la tête du pays.
• Qu’est-ce que Brazzaville lui reproche ?
André Okombi Salissa a été candidat à la présidentielle du 20 mars 2016. Il a obtenu 3,96 % au premier tour, là où Denis Sassou-Nguesso en aurait obtenu 60 %. Des résultats contestés par l’opposition. Trois mois après le scrutin, le député de Lékana est assigné à résidence et disparaît. En décembre 2016, le procureur de la République André Oko Ngakala a demandé à l’Assemblée nationale la levée de son immunité parlementaire en l’accusant d’atteinte à la sûreté de l’État et de détention illégale d’armes de guerre. Fusils-mitrailleurs, lance-roquettes et munitions auraient été retrouvés, un mois plus tôt, au domicile de son épouse Gisèle Ngoma, dans l’arrondissement Djiri à Brazzaville. La demande de levée de son immunité a été refusée, mais une astuce légale a été trouvée pour son arrestation.
• Comment s’est déroulée l’arrestation ?
Il aurait été repéré par les services secrets en raison de son téléphone satellite, chez un militaire originaire de Lékana, dans le quartier de Massengo à Brazzavile, selon le site d’opposition zenga-mambu. La Direction générale de la police affirme dans un communiqué que l’intervention « s’est faite sans violence » et conformément « au code de procédure ». Un membre de la famille de l’opposant a déclaré à l’AFP avoir « eu le sentiment qu’André Okombi Salissa, qui vivait caché jusque-là, a souhaité se livrer à la police, qui n’a fait aucun effort pour l’arrêter ». Selon une autre version, avancée notamment par RFI, l’arrestation a été moins calme puisque Evariste Ngakié, le chauffeur d’André Okombi Salissa, a dû être hospitalisé. Lui est un autre collaborateur, Nicolas Kassaloba, ont été arrêtés en même temps que le député.
Où est-il détenu ?
Il est, selon ses proches, actuellement retenu dans les locaux de la Direction générale de surveillance du territoire (DGST).
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Est-il le seul opposant congolais en prison ?
Non. Un autre candidat malheureux à la présidentielle, le général Jean-Marie Michel Mokoko, est détenu à la maison d’arrêt de Brazzaville depuis juin 2016 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». En juillet, l’opposant Paulin Makayi a été condamné à deux ans de prison ferme pour « incitation aux troubles à l’ordre public », après avoir organisé une manifestation interdite et y avoir participé. En septembre dernier, un rapport adressé au Conseil de l’ONU aux droits de l’Homme et à la Cour pénale internationale faisait état d’une centaine de cas d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires, d’entraves à la liberté d’expression et de presse entre septembre 2015 à fin juillet 2016.