Nous veillerons à ce que cette nécessaire campagne d’assainissement des finances publiques n’emprunte pas la voie alambiquée d’une chasse aux sorcières contre les opposants et/ou les anciens collaborateurs en disgrâce du dictateur Ali Bongo Ondimba, qui est objectivement loin d’être – avec la famille Bongo – une référence en matière de gestion de la fortune publique.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
[spacer style="1"]
Gabon: un ancien ministre d’Ali Bongo arrêté, d’autres visés par des enquêtes
Au Gabon, la peur gagne les anciens collaborateurs d’Ali Bongo. Mercredi matin 11 janvier, les Gabonais ont découvert à la une de la presse locale l’arrestation de Magloire Ngambia, un conseiller personnel du président sorti du gouvernement en 2015. Et il n’est pas seul. D’autres encore font l’objet d’enquêtes et d’investigation financières.
C’est un véritable coup de tonnerre dans la vie publique gabonaise. Magloire Ngambia en prison, c’était inimaginable durant le premier septennat d’Ali Bongo. Originaire du Haut-Ogooué, il était un véritable « ministre du ciel et de la terre ». Il cumulait six ministères parmi les plus juteux.
Mercredi, il a passé sa deuxième nuit en prison. Il est poursuivi pour détournement des deniers publics, notamment dans le dossier de l’habitat, secteur dans lequel Ali Bongo a enregistré le plus grand fiasco de son premier mandat.
Autre prisonnier célèbre, Blaise Wada qui gère un projet d’assainissement de Libreville financé par l’Union européenne.
« Ceci n’annonce pas du tout de chasse aux sorcières »
Dans une conférence de presse mercredi, le ministre porte-parole du gouvernement, Alain Claude Bilie By Nze, n’a pas souhaité être bavard sur ces arrestations des proches d’Ali Bongo. « Pour toutes les personnes aujourd’hui qui font l’objet d’une enquête, le principe de la présomption d’innocence doit prévaloir », affirme-t-il.
Dans l’opinion, il se dit que la prochaine « rafle » concernera les anciens ministres passés à l’opposition. « Ceci n’annonce pas du tout de chasse aux sorcières », assure-t-il.
Pour l’instant, la personne la plus inquiétée, c’est l’ex-ministre du Pétrole Etienne Ngoubou limogé lundi. Il aurait été entendu à la direction générale des recherches, mais n’est pas en prison, selon sa famille.
Par RFI
[spacer style="1"]
Gabon: un ancien ministre d’Ali Bongo, accusé de corruption, est emprisonné
C’est une première au Gabon. Un ancien ministre et proche du président Ali Bongo Ondimba a été emprisonné pour corruption présumée. Il lui est reproché d’avoir détourné 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros) d’après le site d’information proche de l’opposition Gabonreview. Passé par le siège de ministre de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme et de ministre de la Promotion des investissements, des Transports, des Travaux publics, de l’Habitat, du Tourisme et de l’Aménagement du territoire, Magloire Ngambia, 45 ans, avait quitté en septembre 2015 le gouvernement, après six ans de présence, pour devenir conseiller spécial à la présidence.
Magloire Ngambia a été placé mardi 10 janvier sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville, située dans le quartier Gros-Bouquet, le premier arrondissement de la capitale Libreville.
Opération « mains propres » au Gabon?
La nouvelle de l’incarcération est intervenue au lendemain de la disgrâce d’Etienne Dieudonné Ngoubou au poste stratégique de ministre du Pétrole et des Hydrocarbures depuis 2012. Il a été remplacé par Pascal Houangni Ambourouet.
Dans un décret rendu public lundi 9 janvier en fin de soirée, M. Bongo a également nommé un ministre délégué auprès du ministre du Budget, chargé du Budget et du Financement des pensions, Edgar Anicet Mboumbou Miyakou. Le décret ne précise pas les raisons de ce mini-remaniement ministériel mais, comme les autres pays producteurs de pétrole, le Gabon (environ 220 000 barils/jour) a subi de plein fouet la chute des cours du brut qui a entraîné une baisse des ressources de l’Etat et des séries de licenciements dans le secteur.
La presse a également fait état en début de semaine de l’incarcération de Blaise Wada, ancien responsable de projets hydrauliques à Libreville et des gardes à vue d’une dizaine de cadres de la Poste dans le cadre d’une enquête sur la gestion de cette entreprise publique en grande difficulté.
Lire aussi : L’économie gabonaise traverse une zone de fortes turbulences
L’opposition dénonce une opération de communication
Les opposants appellent à la prudence face à ce qu’ils jugent comme une opération de communication. Dans un post publié le 11 janvier sur Facebook, l’opposant et porte-parole de l’Union nationale, François Ondo Edou, dénonce un « film conçu réalisé et mis en scène par Ali Bongo ». Et de préciser sa pensée : « le Gabon sera soumis dans les prochaines semaines à un plan d’ajustement structurel qui exigera une diminution drastique des salaires des Gabonais. Il faut, par tous les moyens, les préparer le peuple à avaler cette pilule très amère. »
Des mesures d’austérité prévues alors que le Gabon, victime de la chute des cours du pétrole, va bénéficier d’un prêt de 130 milliards de francs CFA (quelque 200 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD) pour relancer sa croissance et diversifier son économie de rente pétrolière.
Cette opération « Mains propres » intervient alors que le Gabon s’apprête à accueillir samedi 14 janvier la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN-2017), dans un climat tendu. L’opposant Jean Ping se proclame toujours le « président élu » depuis le scrutin d’août 2016, refusant de reconnaître la victoire d’Ali Bongo. Une partie de la société civile appelle au boycott pacifique de la CAN-2017.