On aura tout vu sous les latitudes camerounaises. 3 ans pour rechercher le mode de virement de 25 milliards de F CFA dans le compte de Pierre Désiré Engo au Crédit Lyonnais à Paris. On dirait une aiguille dans une botte de foin. L’on ne peut s’empêcher de dire comme dans les faubourgs camerounais que « le Tribunal criminel spécial (Tcs) est en train de faire fort ! ». Pendant ce temps, le chemin de croix judiciaire de M.Engo qui a démarré le 3 septembre 1999 (date de son arrestation) peut se poursuivre. Sans issue.
Depuis sa semi-libération le 7 mai 2014, l’ancien directeur général de la Caisse nationale de prévoyance (Cnps) multiplie tous les 3 mois des va-et-vient entre son domicile et le Tcs. Et à chaque fois, comme le 11 janvier dernier, c’est la même rengaine : « l’audience est reportée, le complément d’enquête reste entendu ». En effet, à travers une commission rogatoire exécutée par la justice française, le Tcs cherche à comprendre de quelle manière l’entreprise belge Six International a, le 19 mai 1999, viré 25 milliards de F CFA dans le compte bancaire de Pierre Désiré Engo au Crédit Lyonnais à Paris pour rafler le marché de construction des immeubles de rapport de la Cnps à Douala.
Procès politique
Disons-le sans ambages, aucune commission rogatoire n’est exécutée en ce moment en France. Cette accusation de détournement de 25 milliards de F CFA pue à la fois le grossier et le grotesque. Elle est tout simplement mensongère. D’ailleurs, même la Cnps censée être partie civile n’est pas représentée par des avocats dans cette drôle de procédure.
Pierre Désiré Engo est certes libre mais reste prisonnier d’une justice caporalisée et à plat ventre. Une justice elle-même tenue par la barbichette par un pouvoir politique parano qui craint de voir Pierre Désiré Engo rebondir en politique dans la région du Sud dont est originaire Paul Biya.
Jugement dans un délai raisonnable
Pervertir l’institution judiciaire pour rester le seul capitaine dans le bateau Cameroun. Tel semble être le jeu auquel se livre Paul Biya en 34 ans de règne sans partage. Il est aidé en cela (du moins ces 6 dernières années) par ses courtisans zelés tel que son conseiller juridique et cousin Jean Foumane Akame et son ministre de la Justice, Laurent Esso.
Des prescriptions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 9.2) ou de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (article 7) sur le jugement dans un délai raisonnable, ils n’en ont cure. Pierre Désiré Engo peut donc continuer à être renvoyé chez lui aussitôt arrivé au Tcs ad vitam eterneam. Sans qu’ils n’en prennent le moindre frisson. Ils se refusent pourtant de croire-et quelques malhonnêtes intellectuels avec eux- que des détenus politiques, il n’en existe pas au Cameroun.
par Louis MBANGA