le président battu dans les urnes Yahya Jammeh décrète l’état d’urgence pour se maintenir illégalement au pouvoir
Réaction prévisible d’un despote légal multirécidiviste…
Il faut maintenant attendre la réponse coordonnée de la communauté des États d’Afrique de l’Ouest.
– Se résignera-t-elle devant ce coup d’État électoral au nom de la non ingérence (qui aurait besoin ici d’être clairement dérogée pour des raisons humanitaires)?
– Ou alors accorderont-ils un mandat clair à une force d’intervention régionale pour libérer la Gambie de ce scénario anachronique de la confiscation du pouvoir par la force malgré la défaite électorale, désormais propre aux dictatures francophones d’Afrique centrale?
Le soutien explicite du Conseil de Sécurité des Nations Unies est clairement nécessaire.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Le président sortant décrète l’état d’urgence en Gambie
Le pays est plongé dans une crise depuis que Yahya Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait pas la victoire d’Adama Barrow à l’élection présidentielle.
Invoquant « un niveau d’ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent » dans le processus électoral en Gambie, le président sortant, qui a perdu l’élection présidentielle du 1er décembre, a proclamé l’état d’urgence mardi 17 janvier.
Yahya Jammeh a annoncé cette décision lors d’une déclaration télévisée, au cours de laquelle il a également dénoncé « l’atmosphère hostile injustifiée qui menace la souveraineté, la paix et la stabilité du pays », à deux jours de l’investiture prévue de son successeur élu, Adama Barrow, dont il conteste en justice la victoire.
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Selon la Constitution, l’état d’urgence dure sept jours lorsqu’il est proclamé par le chef de l’Etat, mais peut être porté à quatre-vingt-dix jours avec l’approbation de l’Assemblée nationale. L’annonce a été formulée en des termes très généraux, prévenant la population qu’il était « interdit de se livrer à des actes de désobéissance aux lois gambiennes, à l’incitation à la violence, ou troublant la paix et l’ordre public ». Le chef de l’Etat sortant a également ordonné aux forces de sécurité de maintenir la paix et l’ordre.
Pressions extérieures
La Gambie est plongée dans une crise depuis que M. Jammeh a annoncé, le 9 décembre, qu’il ne reconnaissait plus les résultats de l’élection présidentielle, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.
Depuis le 13 janvier et jusqu’à son investiture, M. Barrow est accueilli au Sénégal par le président Macky Sall. Cet exil était une demande de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a notamment prévenu à plusieurs reprises qu’elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort.
Outre la Cédéao, de nombreux pays et organisations, dont l’ONU, font pression sur Yahya Jammeh, à l’image du Maroc, qui mène actuellement une « médiation discrète et de la dernière chance » par l’entremise de son ministre délégué aux affaires étrangères, Nasser Bourita, et de Yassine Mansouri, chef des services du renseignement extérieur du royaume.
Un recours qui tarde
M. Jammeh se dit déterminé à rester président tant que la justice n’aura pas statué sur son recours. Cependant, lundi, le président de la Cour suprême, Emmanuel Fagbenle, s’est récusé de l’examen du recours, ajoutant :
« Ce recours attendra donc que la Cour suprême soit constituée ou le temps de permettre aux juges d’arriver en Gambie. »
L’avocat de M. Jammeh et du parti au pouvoir, Edward Gomez, a reconnu qu’il ne lui serait pas possible d’obtenir l’injonction demandée avant le 19 janvier, date de l’investiture de M. Barrow.
Le Monde.fr avec AFP