Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est très préoccupé par le régime de terreur qui s’abat sur les nouveaux leaders anglophones légitimes, depuis que le Gouvernement a réalisé, après avoir maladroitement nié l’existence d’un problème anglophone à coup d’arguments et de démonstrations officiels, que ses «solutions» ne satisfont pas les populations du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Ces « solutions » ne pouvaient en réalité être qu’insatisfaisantes, car il n’est pas possible de proposer de véritables solutions à un problème dont on nie officiellement l’existence.
L’attitude du Gouvernement donne à imaginer un médecin qui, non seulement nie que celui qui est devant lui est un patient et refuse de le consulter, mais s’empresse de recourir au BIR, à l’armée, la police, la CRTV, Cameroon Tribune, la justice, pour le contraindre à avaler un médicament afin de soigner un mal dont cet étrange médecin ne connaît ni la nature ni la gravité, puisqu’il prétend qu’il s’agit d’une maladie imaginaire. Un tel médecin ne rassure pas le malade; et plus il déploie la force, moins il le rassure.
La création, le lundi 23 janvier 2017, de la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme, annoncée le 31 décembre 2016 par le président de la République, alors même que le Gouvernement continuait de nier l’existence d’un problème anglophone, est ce médicament que l’on veut faire avaler par la terreur (arrestations, humiliation de personnalités publiques, rappel inapproprié des termes de la loi anti-terroriste, menace et censure des media, etc.) aux compatriotes anglophones. Quand a-t-on associé leurs nouveaux leaders légitimes désormais en détention ou dans la clandestinité à la création de cette structure contestable tant dans la procédure de sa création qu’au regard de ses missions et attributions?
L’invocation des dispositions sur le terrorisme face à des compatriotes qui, à visage découvert, posent depuis des lustres le problème de leur mal-être donne raison à ceux qui, dès 2014, voyaient dans la formulation de la loi anti-terroriste un moyen commode pour tuer le débat politique libre dans notre pays.
Le Cameroun dont les dirigeants vantaient la paix s’est glissé dangereusement dans l’insécurité politique dont nous voyons les graves conséquences dans de nombreux pays sur le continent.
C’est maintenant que le patriotisme de chaque citoyen doit se manifester afin d’éviter le pire à notre pays. Ce patriotisme revient à admettre l’existence d’un problème politique anglophone et à demander au Gouvernement et aux nouveaux leaders légitimes anglophones dont plusieurs sont actuellement arrêtés ou en clandestinité d’accepter la recherche commune et concertée d’une réponse politique globale au dit problème. Il est dangereux pour la stabilité et l’unité nationale de continuer à nier l’existence de ce problème ou de vouloir le résoudre par des mesures cosmétiques.
Dans cette perspective, le MRC demande la libération de tous les acteurs politiques anglophones arrêtés dans le cadre de cette crise.
Il appelle en outre l’attention du Gouvernement sur le fait que, par le passé, des personnalités ont été condamnées pour leurs ambitions, opinions, ou actions politiques par des tribunaux sous des motifs juridiques divers et généralement inconsistants, mais que par la suite des institutions internationales compétentes ont condamné l’Etat du Cameroun et ordonné, dans certains cas, d’importantes réparations financières. C’est avec les impôts des Camerounais qu’il faudra payer ces lourdes réparations financières qu’un bon fonctionnement du jeu démocratique et l’acceptation par le pouvoir de la contradiction et de la saine ambition politique auraient pu faire éviter. Cette situation doit appeler le Gouvernement à la réserve dans l’instrumentalisation de la force publique et de la justice chaque fois qu’en face il ressent une opposition à la corruption politique, au chantage aux nominations et à l’emploi, et le refus de la résignation devant la déliquescence socio-économique d’un pays qui dispose pourtant de nombreux atouts pour un développement économique, social et culturel, rapide, effectif et inclusif.
L’interdiction officielle et contraire aux lois de la République du débat sur la forme de l’État n’est pas la solution au grave danger qui guette notre pays. Les Camerounais, tous les Camerounais, même ceux de la Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (CACSC) et de la Southern Cameroons National Council (SCNC), doivent se parler afin de rechercher ensemble une solution républicaine au défi qui nous est collectivement lancé dans le cadre de cette crise. Le Gouvernement doit arrêter sa fuite en avant et démontrer sa capacité à gérer politiquement un problème politique. Il doit réaliser que sa tendance à toujours lancer le BIR et plus généralement les forces de sécurité et la justice aux trousses de tous ceux qui ont des revendications politiques qui lui déplaisent ou qui troublent sa quiétude n’est plus opérante. Actuellement, le courage politique c’est de libérer les représentants politiques légitimes anglophones et d’ouvrir avec eux, et les autres Camerounais le dialogue indispensable.
Le Service Communication du MRC.
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Version anglaise:
CRM calls for the end of political arrests, the release of new legitimate socio-political leaders and for political dialogue.
The Cameroon Renaissance Movement (CRM) is very concerned about the regime of terror that is plaguing the new legitimate anglophone leaders, since the government realized, after clumsily denying the existence of an anglophone problem with arguments and official demonstrations, that their “solutions” do not satisfy the populations of the North-West and South-West.
These “solutions” could only be unsatisfactory, for it is not possible to propose real solutions to a problem whose existence is officially denied.
The Government’s attitude suggests a doctor who not only denies that the person in front of him is a patient and refuses to consult him, but hastened to resort to the BIR, the army, the police, CRTV, Cameroon Tribune, justice, to force him to swallow a drug in order to cure an illness of which this strange doctor knows neither the nature nor the gravity, since he pretends that it is an imaginary disease. Such a physician does not reassure the patient; and the more he unleashes strength, the less he reassures him.
The creation on Monday 23rd January 2017 of the National Commission for the Promotion of Bilingualism and Multiculturalism, announced on 31st December 2016 by the President of the Republic, at a time when the Government continued to deny the existence of an anglophone problem, is the drug that anglophone compatriots have to swallow by terror (arrests, humiliation of public figures, inappropriate recall of the terms of the anti-terrorist law, threat and censorship of media etc.) . When were their new legitimate leaders now in detention or underground associated with the creation of this questionable structure both in the process of its creation and in terms of its missions and responsibilities?
The use of provisions from the law on terrorism against compatriots who, with their faces uncovered, have been bringing to public attention the problem of their ill-being gives reason to those who, in 2014, saw in the formulation of the anti-terrorist law a convenient way to kill free political debate in our country.
Cameroon, whose leaders praised peace, slipped dangerously into political insecurity, whose grave consequences we see in many countries on the continent.
It is now that the patriotism of every citizen must be manifested in order to avoid the worst in our country. This patriotism amounts to admitting the existence of an anglophone political problem and to ask the Government and the new legitimate anglophone leaders, many of whom are currently arrested or underground, to accept the joint and concerted search for a global political response to the problem. It is dangerous for stability and national unity to continue to deny the existence of this problem or to try to solve it by cosmetic measures.
In this perspective, the CRM calls for the release of all anglophone political actors arrested in the context of this crisis.
It also draws the attention of the Government to the fact that, in the past, personalities have been convicted of their ambitions, opinions or political actions by courts under various and generally inconsistent legal grounds, institutions have condemned the State of Cameroon and ordered, in some cases, substantial financial reparations.
It is with Cameroonians’ money that these heavy financial reparations will have to be paid for that a good functioning of the democratic game and the acceptance by the regime of contradiction and sound political ambition could have avoided. This situation must lead the Government in restraint in the instrumentalization of public force and justice whenever it feels an opposition to political corruption, blackmail to appointments and employment, resistance in the face of socio-economic decline of a country which nevertheless has many advantages for rapid, effective and inclusive economic, social and cultural development.
The official prohibition, contrary to the laws of the Republic, of any debate on the form of the State is not the solution to the serious danger threatening our country. Cameroonians, all Cameroonians, even those of the Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (CACSC) and the Southern Cameroons National Council (SCNC), have to talk to each other to look for a republican solution to the collective challenge brought by this crisis. The Government must stop forging ahead and demonstrate its ability to politically manage a political problem.
The government must realize that their tendency to always use the BIR and more generally security forces and justice against all those who have political claims that displease or disturb them is no longer operative. At present, political courage means to free the legitimate anglophone political representatives and to open with them and other Cameroonians the vital dialogue.
CRM Communication Department.