“Dans la vie, il ya des moments où l’on est confronté à une situation qui met à l’épreuve son existence et sa raison – d’être envers la communauté et le monde. Pour moi et bien d’autres, c’est à ce scénario que renvoie le problème Anglophone au Cameroun.”
Problème anglophone au Cameroun: l’absence de dialogue pourrait conduire à un bain de sang
Dans la vie, il ya des moments où l’on est confronté à une situation qui met à l’épreuve son existence et sa raison – d’être envers la communauté et le monde. Pour moi et bien d’autres, c’est à ce scénario que renvoie le problème Anglophone au Cameroun.
Les Camerounais, dans leur immense majorité, sont conscients de l’existence d’un problème dit «Anglophone». Contrairement à certaines tendances qui ont voulu lui attribuer une démarche sécessionniste, il est plutôt question de la marginalisation systématique, par le gouvernement, des Camerounais originaires des Régions du Nord – Ouest et Sud – Ouest. Plus précisément, il s’agit d’une mécanique dont l’objectif est de porter atteinte aux spécificités culturelles, juridiques et administratives du groupe sus-cité. Mis sur la place publique par des avocats et enseignants d’expression anglaise, la question Anglophone s’est heurtée à l’usage disproportionné de la violence par la classe politique de « mon pays bien aimé», pour emprunter une expression si chèrement consacrée. Des revendications qui auraient pu trouver des solutions immédiates, se sont transformées, du fait de l’inertie et de l’incapacité du gouvernement, en crises sociales et violations flagrantes des droits de l’homme.
Déficits de Gouvernance
Le Consortium des Associations de la Société Civile Anglophone du Cameroun (Consortium), mis en place par des Camerounais d’expression anglaise en vue porter des revendications auprès du gouvernement, a opté pour la voie du dialogue. Le péché originel de ses représentants est d’avoir réservé une fin de non-recevoir aux offres de corruption qui leur ont été faites par les autorités publiques. En guise de représailles, un Arrêté de René Sadi, Ministre d’Etat en Charge de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, interdit ses activités et le désigne comme organisation terroriste. Cette démarche suscite certaines préoccupations : comment expliquer que des membres du gouvernement, que j’ai désignés comme mes représentants, engagent des pourparlers avec un groupe et, lorsque les négociations avec ce dernier sont dans l’impasse, vont volte-face et brandissent l’arme «d’organisation terroriste »? A l’évidence, il ne fait aucun doute que la décision d’interdire les activités du Consortium des Organisations de la Société Civile Anglophone, tout come celle d’interpeller ses mandataires, font partie des mauvaises décisions prises par le Président Paul Biya en 34 ans de règne.
Le gouvernement a commis une erreur stratégique en présageant que l’interdiction du Consortium et l’arrestation de ses dirigeants résolvraient la crise. Cette démarche a plutôt aggravé la situation et jeté les bases d’un mouvement d’action populaire de citoyens ordinaires en quête de liberté et d’égalité. Pour une fois, près de 99, 9999 % de Camerounais Anglophones ont regardé dans la même direction et se sont mis debout comme un seul homme pour parler d’une même voix. Seuls des personnalités Anglophones occupant des postes de responsabilité dans le gouvernement et certains hommes politiques n’ont pas soutenu ouvertement les revendications du Consortium.
De même, une organisation telle que le Southern Cameroons National Council (SCNC), qui n’avait jamais bénéficié d’un soutien de 5%, jouit désormais d’un indice de popularité considérable. Etait-ce le plan secret du gouvernement en vue de justifier des arrestations arbitraires, des traitements inhumains et actes de torture sur des citoyens ? Quoi qu’il en soit, une telle démarche porterait les germes de sa propre destruction. Les récentes manifestations ont, contre toute attente, “libéré” les Camerounais Anglophones. Des parents d’élèves ont volontairement refusé d’envoyer leurs enfants à l’école, une manière de demander au gouvernement de se pencher sur les requêtes formulées par le Consortium.
Dans la ville de Buea, les propriétaires de boutiques ont respecté les mots d’ordre du Consortium en fermant leurs échoppes les lundis et mardis. Etant donné qu’ils en ont marre, les opérateurs économiques ne trouvaient aucun inconvénient à fermer leurs lieux de commerce. La séquence des événements dans le Cameroun Anglophone nous rappelle, à suffisance, les velléités du Congrès National Africain (ANC) en Afrique du Sud, une formation politique emblématique qui a combattu pour la cause noire. Il convient de rappeler que les dirigeants de l’ANC furent, en leur temps, arrêtés, torturés, jugés par des juridictions d’exception et condamnés à de lourdes peines privatives de liberté. Par analogie, les dirigeants du Consortium ont été traduits devant les tribunaux d’exception et seront condamnés comme tels. Quoique cette situation ressemble à du déjà vu, la réalité est que ces leaders ont déjà accepté leur destin.
La population Anglophone, au Cameroun comme à l’étranger, est consciente que le Consortium défend des intérêts légitimes. A l’heure actuelle, la popularité de ses dirigeants auprès de ce public-cible est indisputable. Tout comme les compatriotes Francophones, le Consortium lutte pour la dignité humaine, la non-discrimination et l’égalité de tous les citoyens. Les Anglophones du Cameroun veulent préserver leurs cultures, maintenir leur système éducatif/juridique et participer équitablement à la gestion des affaires de la cité. C’est la raison pour laquelle les dirigeants du Consortium ont refusé de se faire corrompre par les membres du gouvernement en vue d’abandonner leurs revendications.
Tout récemment, Paul Ayah Abine, Procureur Général près la Cour Suprême du Cameroun, a été arrêté et incarcéré, en violation des dispositions légales en vigueur. Face à ce déni de justice et état de non-droit, les Camerounais Anglophones ne se sont pas pour autant lamentés. Par contre, certains syndicalistes et leaders d’opinion ont même proposé leur arrestation volontaire. Il ya lieu de croire que le gouvernement aurait opté pour l’usage de la force et de la violence comme moyens de sortie de crise. Je démeure sceptique face à une telle approche. Non seulement elle est inadéquate et contre – productive, les populations sont, en outre, plus que jamais déterminés.
Cameroun «Un et Indivisible»
Beaucoup d’observateurs et analystes sont unanimes sur le caractère «Un et Indivisible» du Cameroun. Certains n’hésitent pas à s’accrocher au spectre de la « division» lorsque des discussions relatives à la forme de l’Etat sont abordées. Je croyais fermement à cette unité et indivisibilité du pays de mes ancêtres. Depuis ma naissance, je n’ai connu qu’un seul Président de la République – Paul Biya -. Dans le souci de faire bon usage du caractère bilingue et biculturel de la mère – patrie, j’ai pris des dispositions, le long de mon cursus scolaire, pour apprendre les deux langues officielles du Cameroun, le Français et l’Anglais. Par la suite, mon épouse et moi avons créé une Fondation caritative, association à but non lucratif, dont le siège est à Yaoundé. Dans la gestion opérationnelle et la mise en œuvre de ses programmes, nous accordons une attention particulière à la maîtrise parfaite de l’Anglais et du Français par le personnel; et encourageons chacun (e) à parler la langue de son choix. Voilà le Cameroun auquel je crois.
Comme d’autres l’ont relevé précédemment, être « Anglophone » dans le Cameroun d’aujourd’hui revient à surmonter au quotidien des épreuves difficiles, douloureuses et démoralisantes à la limite. Comment expliquer qu’un Camerounais Anglophone qui a étudié en anglais depuis l’enfance mais, qui a obtenu une mauvaise note à l’examen de langue anglaise au G.C.E Ordinary Level, ne soit pas autorisé à s’inscrire à l’Université de Buea? Par contre, un Camerounais Francophone ayant suivi un programme intensif post- Baccalauréat de langue anglaise en six semaines est autorisé à le faire. Le harcèlement sur les axes routiers fait également partie du vécu quotidien des Camerounais Anglophones. Récemment, des proches m’ont vivement recommandé de faire enregistrer ma nouvelle voiture dans les Régions du Littoral ou du Centre ; et pour cause, il est avéré que les véhicules possédant des plaques d’immatriculation Nord-Ouest (NW) et/ou Sud-Ouest (SW) subissent, de la part des gendarmes et autres forces de l’ordre, des tracasseries le long du trajet routier Douala-Yaoundé et sur d’autres postes de contrôle.
La marginalisation s’étend aussi aux nominations à des postes de responsabilité. Dans la pratique, il est difficile pour les autorités détentrices de ce pouvoir de nommer un Anglophone à un poste de responsabilité de haut niveau si cette dernière est incapable de s’exprimer en langue française. Pourtant, l’actuel Ministre de l’Education de Base a besoin d’un interprète/traducteur pour tenir des échanges avec les représentants du Consortium. Il s’agit là de problèmes fondamentaux qui n’ont rien à voir avec le manque d’emplois à Yokadouma ou l’absence d’infrastructures routières à Kousséri. Des composantes sociologiques sont marginalisées en violation du pacte historique ayant servi de socle à la naissance de la nation Camerounaise. En l’absence d’un dialogue constructif, il est difficile d’envisager la célébration du 11 février dans les zones Anglophones. De même, la colère des populations ainsi meurtries est incompatible avec les manifestations du 20 Mai.
L’unité et l’indivisibilité du Cameroun pourraient – elles se faire sans les Anglophones ? Pourquoi ces Régions ne célébreraient –elles pas certaines journées spéciales telles que le 18 Juillet (Journée Nelson Mandela) ou le 1er Octobre (indépendance du Cameroun Britannique) ? Certains pensent que les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ne devraient pas prendre part aux élections de 2018. Dans un tel scénario, pourrait – on toujours, se prévaloir du caractère « Un et Indivisible » du Cameroun? De même, qu’adviendrait – il si, contraints par le peuple, les Parlementaires et Ministres des Régions Anglophones étaient poussés à quitter le gouvernement? Mes chers frères et sœurs, cette situation nous interpelle et une solution politique est plus que jamais indispensable.
Préjudices Financiers Considérables
D’après EYEMBE & ASSOCIES, les opérations Villes Mortes coûtent, sur le plan économique, au moins 20 milliards de FCFA par jour au trésor public. Les pertes quotidiennes en recettes douanières sont estimées à 195 millions de FCFA. A cet effet, il convient de relever que la Région du Sud-Ouest, à elle seule, génère près de 45% des recettes nationales. Eu égard à la rigidité des marchés financiers consécutifs à la chute brutale du cours des produits pétroliers, de tels déficits ne sauraient passer inaperçus. D’ores et déjà, les recettes de l’exercice 2016 affichaient un déficit considérable par rapport à celles de 2015 ; et la dette extérieure avait atteint 27% du PIB. Cette situation a poussé le Fonds Monétaire International (FMI) à envisager une probable dévaluation du Franc CFA sur le marché monétaire international.
Sur tout un autre plan, l’absence d’une politique de libre circulation des personnes et des biens réduit les revenues potentielles des postes de péage. Les Camerounais sont conscients du fait qu’une partie substantielle desdits fonds est détournée par des agents de l’Etat. A défaut de se contenter du maximum, l’impact serait tout autre si les pouvoirs publics pouvaient sécuriser et investir, sur des projets prioritaires, ne serait- ce que 10% des recettes de péage. En tout état de cause, la pérennisation des Opérations Villes Mortes symbolise, s’il en était besoin, l’effritement de la capacité d’intervention de l’Etat vis-à-vis de ses obligations régaliennes. Raison pour laquelle le pays a besoin d’hommes de pensée, leaders et stratèges proactifs susceptibles de résoudre par anticipation des problèmes de développement ou d’intérêt commun.
Problématique du Silence
Indépendamment de leur appartenance linguistique – Anglophones/Francophones – des compatriotes m’ont découragé à publier le présent article. Ils estiment qu’il est susceptible de mettre des vies en danger et de donner au gouvernement des raisons d’arrêter, torturer et emprisonner des employés de ma Fondation. Je leur ai opposé des arguments contraires, basés pour l’essentiel sur une publication du compte TWITTER du Président de la République datée du 22 janvier 2017 qui déclare, en substance, qu’il n’est pas interdit de donner son point de vue sur les problèmes de la nation. Je me suis également appuyé sur le fait que certains acteurs qui se sont prononcés sur le sujet ont même requis la démission du Chef de l’Etat. Tous ces arguments, malheureusement, n’ont pas pu les convaincre.
En ma qualité de co-promoteur de la Fondation et, prenant en compte le fait que je suis né dans la région Anglophone, ils sont convaincus que ma Fondation pourrait être désignée comme organisation terroriste ou une association affiliée à de tels groupes. Prenons quelques minutes pour y méditer. Une Fondation financée sur fonds propres et épargnes individuelles dont l’objectif est de venir en aide à toutes les couches sociales dans les dix Régions du pays, qui a récemment organisé la toute première compétition de remise de prix aux jeunes porteurs de projets dans les filières Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM), et qui subventionne le recrutement d’enseignants aux élèves déplacés dans la zone de Yagoua – Région de l’Extrême Nord, ne saurait être étiquetée comme une organisation terroriste, tout simplement parce que son fondateur «Anglophone » a attiré l’attention des pouvoirs publics sur le viol, l’arrestation et la détention arbitraire de jeunes étudiantes de 17 ans.
Présenter la Fondation comme organisation terroriste entraînerait la perte d’emplois à près de 20 personnes, pour la plupart francophones. C’est la triste réalité du problème Anglophone et nous sommes convaincus qu’il sera résolu. Monseigneur Desmond Tutu, Archevêque Anglican Sud-Africain et Prix Nobel de la Paix 1984, avait l’habitude de déclarer que «si vous êtes neutres face à l’injustice, vous avez choisi le côté de l’oppresseur» ; et que «si un éléphant pose sa patte sur la queue d’une souris et vous dites que vous êtes neutres, la souris n’appréciera jamais votre neutralité. ” Au demeurant, la question Anglophone au Cameroun n’est pas et ne saurait être, au sens strict du terme, un problème entre « Anglophones» et «Francophones».
Il s’agit, à contrario, d’un problème entre les ressortissants des Régions du Sud-Ouest et Nord–Ouest et la classe dirigeante, laquelle est majoritairement francophone. Si l’on part du postulat selon lequel le Cameroun est « Un et Indivisible», comment pourrait-on expliquer le silence presqu’absolu de nos concitoyens Francophones sur des préoccupations ci- après : • arrestations arbitraires ;• militarisation excessive;• interruption de l’Internet dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ;• viol de jeunes filles ;• abandon sur la voie publique des dépouilles de personnes tuées ; et• bien d’autres atrocités ? Pourquoi ce silence? Dans le but de «punir» les populations en vue de briser leur soutien au mouvement, des rumeurs persistantes font état de la coupure prochaine, par le gouvernement, de l’Internet, de l’électricité, de l’approvisionnement en eau et d’autres services de première nécessité. Les Camerounais doivent barrer la voie à de telles manœuvres qui relèvent d’une autre époque.
Perspectives
Les Camerounais sont à la fois perplexes et confus quant à l’avènement de la décentralisation. Ils ont vu en celle – ci un début de solution aux problèmes sus-évoqués. A la faveur de la Loi du 18 janvier 1996, le Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT) a été transformé en Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD). Depuis lors, les résultats de cette structure étatique chargée de la mise en œuvre de la décentralisation sont loin d’être perceptibles. Au lieu de s’atteler à la mise en place de la décentralisation telle que prévue par la réglementation en vigueur, le MINADT a plutôt procédé à l’arrestation des leaders du Consortium qui critiquaient la non – application de ce mode de gouvernance des affaires publiques.
Créer des Commissions, arrêter et emprisonner des leaders d’opinion qui ont soulevé des problèmes de développement prioritaires est une manœuvre de diversion qui participe du dilatoire, mode privilégié de gouvernance – quoique désuet – de la classe politique dirigeante de notre pays. Les Camerounais en ont ras-le-bol des Commissions et n’y croient plus. Les conclusions de la Commission mise sur pied à la suite de l’accident ferroviaire d’Eseka, dont le rapport était prévu pour le 25 novembre 2016 au plus tard, restent attendues. C’est l’occasion, une fois de plus, de s’interroger sur l’opportunité et l’efficacité des mesures prises par le gouvernement car elles sont contre-productives. Les autorités publiques ne sauraient caporaliser les citoyens au point de contrôler leurs opinions et pensées.
Le Conseil National de la Communication (CNC) ne saurait proscrire des débats sur le fédéralisme ou toute autre forme de gouvernance. De même, le CNC ne peut pas interdire aux médias et organes de presse de se pencher sur des questions d’intérêt national. Comme relevé plus haut, de telles dérives décrédibilisent l’action du gouvernement. Pour l’intérêt collectif, le gouvernement doit prendre en considération les revendications du peuple et y apporter des solutions.
Le Consortium constitue une porte de sortie de crise et le gouvernement doit retourner à la table des négociations. Le dialogue inclusif, franc et direct entre les parties est la solution. La sortie de crise ne saurait se faire à travers des Commissions, car elles sont vouées à l‘échec. Dans ce cadre, les deux parties doivent faire des concessions. Tout en m’inclinant devant la sagesse et l’humilité des parties, je les invite au dialogue. Dans le cas contraire, l’option militaire ne pourrait conduire qu’à un bain de sang.
Dr. Denis Foretia
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Dr Denis Foretia est chirurgien et co-directeur de Denis & Lenora Foretia Foundation. Il est également Chercheur et Analyste Principal auprès du Nkafu Policy Institute.
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Without dialogue the Anglophone Problem in Cameroon could spiral into a bloodbath
There are few times in life when one is faced with a fundamental issue that reaches to the very core of their being, challenges the essence of their existence and their role in community and the world. For myself and many others, this is exactly what the Anglophone problem in Cameroon represents.
It is interesting that, today, the vast majority of Cameroonians seem to accept that there is actually an “Anglophone” problem in the country. Contrary to many attempts to label it as a quest for secession, this problem is centered on the systematic marginalization of English-speaking Cameroonians by the government, and the deliberate attempt to extinguish the core cultural, legal and administrative systems in these regions. The current manifestation of this problem, as presented by the teacher’s trade union and Common Law lawyers and the autocratic responses from government have left me crying for my beloved country. A problem that could be easily acknowledged and addressed has, instead, escalated into a ticking time bomb because of serious government ineptitude and the blatant disregard for fundamental rights.
How Not to Manage
The Cameroon Anglophone Civil Society Consortium (Consortium) that was created by English-speaking Cameroonians to table their concerns to government has pursued dialogue. When these leaders did not accept government bribes, an executive order from the State Minister for Territorial Administration and Decentralization, Rene SADI, banned the group and designated it a terrorist organization. Now, how does a government, my representatives, sit down and negotiate with a group and, when at an impasse, turn around and label it a terrorist group?
This decision, unfortunately, will likely go down as one of the worst decisions in the 34-year of presidency of Paul Biya. If the government seriously thought that banning the Consortium and arresting its leaders would solve the problem, it is clear that they could not have been more wrong, as their actions have only hardened the determination of regular citizens in their quest for equality. For the very first time, I have seen English-speaking Cameroonians nearly 99.9999% united and speaking with one voice. The only people who are not openly in support of the Consortium are “Anglophones” in today’s government, as well as many politicians. Groups like the SCNC which, previously, did not have the benefit of even 5% support, are now very popular. May be this was the government’s plan all along … to justify the arbitrary arrests and brutalization of law-abiding citizens. I would caution very strongly that this strategy will backfire.
The current protests have “liberated” English-speaking Cameroonians in ways that many cannot begin to fathom. Of their own volition, parents have refused to send their children to school until the demands are addressed. In Buea, store owners have made plans to close shops on Mondays and Tuesdays as prescribed by the banned Consortium. In fact, people do not even seem remotely angry about closing up their shops, but instead are saying, “Enough is Enough.”
The sequence of events is eerily similar to the African National Congress (ANC) struggles in South Africa, a fact which has not gone unnoticed by many. ANC leaders were widely popular with Black South Africans. Consortium leaders today are extremely popular with English-speaking Cameroonians. We all know that ANC leaders were arrested and jailed. Consortium leaders have been arrested and are currently jailed. ANC leaders were tried in repressive courts and sentenced to life in prison. Likewise, Consortium leaders are being tried in special courts and will be sentenced to …. This may sound like déjà vu, but the reality is that most Consortium leaders have already accepted their fates. And that is a very scary thing. The English-speaking population, both in Cameroon and abroad, knows that they are fighting for something much bigger than themselves.
They are fighting for the right to be treated equally and with respect, just like their French-speaking brothers and sisters. They want to preserve their culture, maintain their legal system and have an equal stake in their country. That’s why Consortium leaders have refused any and all government bribes. Justice Ayah Paul Abine, Attorney General of the Cameroon Supreme Court, was recently arrested without an arrest warrant, as stipulated by the law. Yet, I have not seen English-speaking Cameroonians shedding a single tear over his arrest. Instead, trade unions members are offering themselves up for arrest. If the government thinks that this problem will disappear through brute force, I would suggest that they seriously reconsider. The determination amongst Cameroonians is unprecedented and palpable.
One and Indivisible
There is a great deal of talk that Cameroon is “One and Indivisible.” That any other administrative structure is tantamount to “dividing” Cameroon. I believed Cameroon was “One and Indivisible.” Throughout my life there has been one president – Paul Biya. I believed Cameroon was bilingual so I did my best to learn French in Secondary and High School. Today my wife and I head a non-profit foundation that is headquartered in Yaounde and we ascertain that every team member hired understands both English and French. We encourage each of them to speak the language of their choice. This is the Cameroon I believed in. As others have highlighted before, being an English-speaking Cameroonian in today’s Cameroon is extremely difficult, painful and demoralizing.
How do we explain the fact that an English-speaking Cameroonian who has spoken English all her life but fails English at the G.C.E Ordinary Levels cannot be accepted into the University of Buea; but a French-speaking Cameroonian is allowed to enroll in the university after completing a short six-week course of English language? What is the explanation? I was strongly advised to register my new car in the Littoral or Center region because vehicles with Northwest or Southwest matriculation plates are harassed by gendarmes on the Douala-Yaoundé highway and at other police checkpoints. That is the reality. Additionally, has the Cameroonian government ever appointed an English-speaking Cameroonian to a top-level position if that individual is unable to speak French? Yet the current Minister of Basic Education requires an official translator in order to negotiate with Consortium leaders. These are real issues that have nothing to do with lack of jobs in Yokadouma or the rarity of roads in Kousséri. However, individuals are marginalized and discriminated against simply because they hail from the English-speaking regions, irrespective of the historical foundations of the present Cameroon construct.
As it stands today, and without any meaningful dialogue, it is hard to imagine a situation in which 11 February will be celebrated in the English-speaking zones. And given the deep anger in the streets 20th May celebrations are highly unlikely. Will Cameroon remain “One and indivisible” without these regions’ participation? What will prevent these regions from celebrating a very special 18 July (MANDELA Day) or 1st October (Independence of British Southern Cameroons)? There is talk that the Northwest and South West regions may not participate in the 2018 elections. Will Cameroon remain “One and Indivisible?” What happens when members of Parliament and ministers from the English-speaking regions are forced to step down from the government by their people? Will we still be “One and Indivisible?” The reality, my brothers and sisters, is that we need a political solution and we need it fast.
Financial losses
It is estimated that Cameroon loses at least 20 billion FCFA every day during ghost towns and that these strikes are depriving the treasury of 195 million FCFA every day in lost customs revenue alone per estimates by Eyembe and colleagues. The South West region alone generates 45% of Cameroon’s foreign exchange earnings. This is a very significant daily loss, especially given the very low commodity prices internationally and the decreasing revenue from oil rents. Revenues for 2016 were already significantly lower compared to 2015 and the external debt is at an astounding level of 27% of GDP. There has already been severe pressure from the International Monetary Fund (IMF) to devalue the currency. The lack of free movement of goods and peoples eliminates daily revenues from tolls. Every Cameroonian knows that the vast majority of toll revenue ends up in private pockets; even if only 10 percent made its way into government coffers, the result would be significant. The ghost towns only make it more likely that government will run out of money to meet its basic obligations, a situation that nobody wants. We need level-headed, clear thinkers to start solving this problem before we go down a path of no return.
Staying Silent
Many Cameroonians, both English and French-speaking, strongly advised me against publishing this article because, as they argued, it would put many lives in danger and give the government an open reason to arrest, torture and imprison our foundation employees. I have tried to convince them otherwise, highlighting that the President, through his Twitter account on 22 January 2017, declared that “It is not forbidden to voice any concerns in the Republic,” and that there have been recent publications from other people; one author called for the President to resign. However, they are not convinced.
As the co-founder of the Foundation and given that I was born in the English-speaking region they are convinced that the Foundation will be designated a terrorist organization or an affiliate of terrorist groups. Now, think about that for a minute. A Foundation, funded through our personal contributions in the millions; a Foundation committed to helping Cameroonians in all ten regions, that organized the first STEM Prize last year and is providing teachers for displaced children in Yagoua – Far North region will likely be listed as a terrorist group simply because the “Anglophone” co-founder points out that 17-year-old university students were raped while illegally arrested and in custody. Labeling the foundation as a terrorist organization will only lead to 20 Cameroonians losing their jobs, the majority of whom are from French-speaking regions. This is our reality today. This is the Anglophone problem. We hope it is not the same tomorrow.
The revered Archbishop Desmond Tutu of South Africa once said that “if you are neutral in the face of injustice, you have chosen the side of the oppressor” and that “if an elephant has its foot on the tail of a mouse and you say that you are neutral, the mouse will not appreciate your neutrality.”
The Anglophone Problem in Cameroon is not a problem between “Anglophones” and “Francophones” but, rather, between English-speaking Cameroonians and the primarily French-speaking ruling class. If Cameroon is “One and Indivisible” what explains the almost complete silence from our French-speaking brothers and sisters in the face of
arbitrary arrests
severe militarization
the blocking of the internet to the Northwest and Southwest
the raping of young girls
the dumping of those killed in open streets and
many more atrocities
Why are they this silent?
There are rumors that in the coming days the government will not only cut the internet but will cut electricity, water supplies and other necessities to “punish” the population and break their willpower. Cameroonians from all walks of life should hold the government accountable to make sure it does not go down this path, which would represent a permanent stain in our nation’s history.
Moving Forward
Many French-speaking Cameroonians have argued that these issues could be easily solved through an effective decentralization of administrative affairs. What they fail to understand is that the Ministry of Territorial Administration was changed to the Ministry of Territorial Administration and Decentralization after the law of 18 January 1996 was passed. What amount of decentralization has this Ministry readied or completed in the last 20 years?
Why should Cameroonians believe that an effective decentralization would now be implemented? Is this not the same Ministry that, instead of performing its duties, has proceeded to “ban” the Consortium and arrest the leaders who have been saying that the process is not working? Creating commissions when the leaders who brought up the issues are under arrest is simply a ploy to persuade many French-speaking Cameroonians that the government is trying to do something. French-speaking Cameroonians are tired of these commissions and will not buy into it. The Eseka railways Commission that was due to report on 25 November 2016 has not yet been published. The current issues are extremely serious. No ill-conceived or short-sighted solutions should be acceptable.
I am extremely worried about the direction the government is pursuing because I am confident it is counterproductive. The government cannot tell people how to think and what to think about. The National Communication Council (NCC) cannot ban discussion about federalism or any other form of governance. Likewise, NCC cannot ban news media from discussing the critical issues that are ravaging the seams of our social fabric. Doing so will be at the government’s own peril.
For the benefit of all Cameroonians, the government needs to face the fact that the people are legitimate and resolute in their demands. It is imperative that the Consortium provides a face-saving gesture that allows the government to return to the negotiation table. The way forward can only come through meaningful, direct and frank dialogue. Not baseless Commissions. Both sides must be ready to make the necessary concessions. I am on my knees begging the government to dialogue. Should they continue the current military strategy, I fear a bloodbath is inevitable.
Dr. Denis Foretia
***
Dr. Denis Foretia is a surgeon and the Co-Chair of the Denis & Lenora Foretia Foundation. He is also a Senior Fellow at the Nkafu Policy Institute.