Dans son dernier rapport annuel publié hier, l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) dresse un tableau très sombre de la situation des droits humains dans le pays estimant que 2016 a marqué « une régression totale » en la matière, avec de nombreux cas de tortures, d’arrestations et une augmentation inédite, selon l’observatoire, du nombre de prisonniers politiques. Mais l’opposition n’est pas la seule victime des violations droits de l’homme, selon l’OCDH qui consacre un chapitre de son rapport à la crise qui secoue le pool depuis avril 2016. Aujourd’hui encore, dresser un bilan exhaustif de ces violences est impossible, mais pour l’OCDH, une chose est sûre, « les habitants du Pool, dans le sud du pays, vivent » aujourd’hui encore « dans une insécurité totale ».
Une ligne de chemin fer coupée, des écoles fermées, des villages désertés, c’est le tableau d’une vie au ralenti que l’OCDH dresse dans son rapport.
Et ce qui inquiète par-dessus tout Trésor Nzila, le directeur exécutif de l’organisation, ce sont les allégations de graves violations des droits de l’homme : « Nous avons des témoignages très inquiétants, qui font craindre à la commission de graves violation des droits humains. Des tas de meurtres sont signalés, des actes de torture, des d’arrestations arbitraires, des viols. Les témoignages que nous avons des deux parties sont indexés dans la commission de violation. Une force officielle et non officielle commettent des exactions dans le Pool ».
« Black-out dans le Pool »
Faute d’autorisation, les équipes de l’OCDH disent ne pas avoir pu sillonner les localités du Pool les plus affectées pour comprendre les ressorts de la crise actuelle, et documenter plus précisément les violences : « C’est le black-out dans le Pool. Les autorités communiquent très peu ou pas du tout, parfois dans le mensonge. Ce qui est signalé dans le Pool s’arrête à Kinkala, le chef-lieu du département. Or à partir de Kinkala, il est difficile d’apprécier la réalité à l’intérieur du Pool. La situation est beaucoup plus développée à l’intérieur du Pool ».
« Pour préserver leur vie », écrit l’OCDH, entre 10 000 et 30 000 déplacés, selon les sources, ont trouvé refuge loin de leur village depuis le début de la crise. L’organisation demande une nouvelle fois au ministère de de la Justice d’accéder à sa demande de mener une mission d’évaluation conjointe dans le Pool.