Le parlement béninois a créé la surprise, mardi 4 avril au soir, en refusant d’examiner le projet de révision de la Constitution, un projet phare du président, Patrice Talon, qui souhaite notamment la mise en place d’un mandat présidentiel unique. Soixante députés ont voté en faveur de l’étude du texte, 22 contre, et un s’est abstenu, alors que la majorité des trois quarts était exigée.
La séance plénière, qui a duré toute la journée de mardi, a été l’objet de vifs débats entre les députés et a été interrompue à deux reprises. « C’est un échec pour le gouvernement, une gifle », a confié un député à l’AFP, sous couvert d’anonymat. « Voilà un problème de réglé », a soupiré le président du parlement à l’issue du vote, tard dans la soirée.
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Le président Patrice Talon, qui porte cette réforme, avait décidé de faire approuver le texte par l’Assemblée nationale, où il dispose d’un fort soutien, plutôt que d’organiser un référendum, comme il l’avait promis l’an dernier à son arrivée au pouvoir.
Les détails du nouveau projet de Constitution ne sont pas connus du grand public, mais il prévoit notamment une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis, ainsi que la mise en place d’un mandat présidentiel unique – une mesure historique sur le continent africain et qui fait débat.
« Maintenir la pression »
Le fait de ne pas soumettre la réforme au vote populaire, l’opacité des textes et l’idée d’un mandat présidentiel unique ont suscité de vives protestations au Bénin, un pays considéré comme calme et démocratique. Le 27 mars, le ministre béninois de la défense, Candide Armand-Marie Azannai, fort soutien du président jusque-là, a démissionné, justifiant sa décision par le contexte social et économique tendu.
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« Il s’agit d’une victoire pour le peuple béninois », exulte Léonce Houngbadji, président du Parti pour la libération du peuple (PLP, opposition), qui a mené une campagne active contre le vote de cette loi. Joint par l’AFP, il a assuré que « la veille [sur le texte] sera maintenue » et que ses partisans maintiendront « la pression sur les députés ».
Avant de parvenir à ce vote, les députés ont eu de chaudes empoignades après que l’une d’entre eux, Rosine Vieyra Soglo, a déclaré que « tous les députés ont reçu de l’argent pour voter » en faveur du projet. Ses collègues ont regretté cette accusation, invitant la députée de l’opposition et ex-première dame à présenter des « excuses publiques » et qualifiant ses propos de « surprenants et outrageux ».
Le Monde.fr avec AFP