L’an 2018 de toutes les incertitudes. C’est ainsi que certains acteurs de la scène politique camerounaise qualifient l’année qui arrive. Celle-là même au cours de laquelle doivent se dérouler les élections sénatoriales, municipales, législatives et présidentielles. Au MRC parti politique d’opposition, on dénonce les manœuvres au sein de la machine gouvernementale pour repousser les échéances. Face à la presse ce lundi 10 Avril 2017 au siège de sa formation politique à Yaoundé, le professeur Maurice Kamto s’est voulu formel : « Le régime en place est entrain de préparer le report des élections prévues en 2018. Cela est inadmissible » a-t- il déclaré en précisant qu’il s’est inspiré des informations de coulisses collectées à bonne source. Selon le leader de MRC, le calendrier électoral prévoit les sénatoriales en avril 2018, les élections municipales et législatives devraient intervenir en septembre 2018 et la présidentielle pour boucler la boucle en Octobre 2018.
De l’avis du professeur Kamto, ce calendrier doit pouvoir être respecté. L’absence de ressources financières ne saurait être évoquée pour justifier un quelconque report. Ni même l’insécurité qui secoue l’Extrême-nord du pays. La semaine dernière déjà, Maurice Kamto affirmait devant la presse que sa vie est menacée. Des personnes tapies dans l’ombre seraient en train de manœuvrer pour l’éliminer et l’empêcher ainsi de se présenter à la présidentielle.
Iris Bitjoka
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Propos liminaire de Maurice Kamto sur le glissement du calendrier électoral 2018
Camerounaises, Camerounais, Mesdames, Messieurs,
Voilà plus d’un an déjà que le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a publiquement alerté l’opinion nationale et internationale sur le projet gouvernemental du glissement du calendrier électoral.
Lors de mon adresse aux Camerounais en décembre 2016, je mettais encore en garde contre la volonté du Gouvernement de différer le calendrier électoral. J’affirmais:
« L’année 2017 constitue le dernier virage avant l’année électorale cruciale de 2018. En effet, l’année 2018 verra l’organisation du scrutin sénatorial en avril, des législatives et municipales en septembre et de la présidentielle en octobre. A ces scrutins, on pourrait ajouter, si le calendrier électoral n’était pas considéré comme un secret d’État par le pouvoir, les élections régionales. Ce calendrier très chargé appelle une organisation et une planification gouvernementale rigoureuses tant en ressources financières qu’en gestion de la programmation. Sans prêter des intentions quelconques au Gouvernement, le MRC souligne qu’il attache un prix particulier au respect du calendrier électoral. Il rejettera avec la dernière énergie tout glissement de ce calendrier pour quelque raison que ce soit. Ni la guerre engagée contre Boko Haram en mai 2014, ni l’instrumentalisation d’une éventuelle réforme électorale engagée au dernier moment, ni les questions budgétaires ne justifieront un tel glissement contre lequel le MRC attire, un an avant, l’attention du Gouvernement. Aussi, celui-ci doit-il tout mettre en œuvre au courant de cette année 2017, pour régler tous les détails de toutes natures entrant dans la préparation et une organisation à date, et réussies, de l’ensemble des élections prévues en 2018. ».
Malgré ces mises en garde, le Gouvernement est actuellement entrain de manœuvrer pour différer les élections prévues de longue date dans notre pays en 2018. Ses stratèges veulent mettre en avant des arguments spécieux relatifs à la sécurité et aux moyens financiers que le MRC a depuis plus d’un an constamment rejetés, pour tenter de prolonger son séjour au pouvoir, au-delà du terme des mandats présidentiel, sénatoriaux, législatifs et municipaux. Il veut également se servir des mêmes arguments pour repousser au calendre grec l’organisation des scrutins régionaux, sans lesquels les Conseils régionaux prévus depuis vingt ans par la Constitution, et jamais mis en place, demeureront un mirage politique pour les Camerounais.
Le Gouvernement ne peut et ne doit invoquer aucune raison pour différer des scrutins dont les dates sont connues depuis plusieurs années déjà. C’est dès le lendemain du scrutin présidentiel de 2011 que le Gouvernement aurait dû engager les préparatifs politiques, techniques et financiers du scrutin prévu en 2018. Il est de même pour tous les autres scrutins dont la préparation aurait dû débuter avec la proclamation des résultats du double scrutin du 29 septembre 2013, pour les législatives et les municipales, et avril 2013 pour les sénatoriales.
L’argument de la situation sécuritaire que tente d’invoquer le Gouvernement est irrecevable, car il nous a toujours été dit qu’aucune parcelle du territoire n’est tenue par les terroristes de Boko Haram. De plus, le samedi 23 avril 2016, le RDPC a tenu à Maroua un meeting public sans aucun incident. Il faut le relever pour le déplorer, une semaine après ce meeting du RDPC, monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation a, devant témoins, refusé l’organisation de la “CARAVANE NATIONALE DU MRC, CAP sur 2018 ou AVANT” dans la ville de Bertoua, au motif que l’Extrême Nord était une région en guerre où seuls les fils de la région pouvaient tenir des rencontres politiques publiques. Cette position tribaliste du MINATD dévoilait alors déjà la volonté gouvernementale d’instrumentaliser la guerre contre Boko Haram à des fins politiciennes.
La posture va-t-en guerre du Gouvernement dans la gestion de la crise des Régions anglophones laisse entrevoir à tout observateur attentif la volonté du régime de laisser dégénérer la situation pour ensuite s’en servir dans sa tentative de justification du glissement du calendrier électoral prévu en 2018. Il y a comme une volonté politique manifeste du pouvoir de laisser pourrir la situation.
L’excuse de la situation financière est également irrecevable quand on sait qu’après le Sommet des chefs d’États de la CEMAC de décembre 2016 au cours duquel il a été décidé que le Cameroun retournerait au FMI, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire a déclaré, au cours d’un débat sur le plateau de Canal2 International, le 31 décembre, que notre pays n’avait pas de problème financier et qu’il se soumettait à l’ajustement budgétaire par solidarité avec les autres États membres de cette organisation sous-régionale. Si, pour le Gouvernement, la situation économique et financière du pays est saine et n’est l’objet d’aucun souci, pourquoi doit-on différer les élections au motif qu’il y aurait insuffisance de ressources financières?
Malgré la guerre contre Boko Haram, le train de vie de l’État de l’Etat n’a guère baissé, au contraire: salaires copieux et avantages des gestionnaires des entreprises publiques sans obligation de résultat; multiplication des commissions et des réunions inutiles avec per diem dans les administrations; corruption endémique dans les services publics; nombre impressionnant et toujours croissant de véhicules du parc automobile de l’Etat; corruption politique de la haute administration par la dotation complaisante des hauts fonctionnaires en véhicules sans rapport avec les besoin de service, véhicules qui sont ensuite réformés pour le prix d’une bouchée de pain, etc. À la vérité, la gestion des affaires publiques par le Gouvernement, qui se caractérise par une irresponsabilité comptable et des détournements compulsifs, rarement punis ou seulement de façon sélective, n’autorise pas les dirigeants de notre pays à invoquer sa situation financière pour faire glisser le calendrier électoral de 2018.
Certains mettent en avant le nombre des scrutins pour défendre le glissement du calendrier électoral. On peut leur rétorquer que gouverner c’est prévoir et que par conséquent, le Gouvernement a eu tout le temps nécessaire pour préparer les différentes échéances. Au demeurant, rien n’obligeait le Gouvernement par exemple à placer les élections sénatoriales la même année que les autres élections, puisqu’il lui était possible de les organiser avant 2013 ou après.
Depuis le lendemain du double scrutin du 30 septembre 2013, marqué par les fraudes sauvages et barbares du régime, les militants du MRC dénoncent de façon pacifique, légale et constante, en se faisant parfois bastonner puis arrêter par les forces de l’ordre, le système électoral national ainsi que la composition et le fonctionnement d’ELECAM. La proposition de loi du MRC y relative n’a jamais été examinée, trois ans après son dépôt et en violation du Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale.
Aussi, sera-t-il vain pour le pouvoir d’attendre la dernière minute pour se montrer faussement disposé à l’ouverture d’un pseudo dialogue national sur la réforme du système électoral et d’ELECAM.
Le MRC attire l’attention de tous sur ce que, comme dans un pays de la région et aux mêmes fins, le régime est entrain d’organiser méthodiquement le retard et le désordre dans le calendrier électoral prévu l’année prochaine. L’organisation à date des élections est un élément important de la vitalité, du sérieux et de la crédibilité démocratiques, que le Gouvernement ne peut ignorer.
Sur la base de tous ces arguments, le MRC veut, une fois de plus, prendre l’opinion nationale et internationale à témoin sur les risques graves que le régime fera courir à la nation avec sa tentative de faire glisser le calendrier électoral prévu en 2018.
D’ores et déjà, le MRC informe qu’il mobilisera en temps opportun les citoyens camerounais de bonne volonté, militants et sympathisants ou non de partis politiques, afin que, comme un seul homme, le peuple camerounais s’oppose fermement et pacifiquement à tout glissement du calendrier électoral qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État politique. Le MRC s’opposera fermement à toute confiscation du pouvoir par le régime RDPC à travers des manœuvres liées au calendrier électoral qui est connu de tous. Que le Pouvoir le sache: ni la corruption politique, ni la répression ne dissuaderont le MRC et les Camerounais de se dresser contre cette énième manœuvre.
Le MRC demande aux Camerounais de rester vigilants sur l’exigence du strict respect du calendrier électoral par le président BIYA, dont le légalisme est si souvent exalté, afin qu’aux dates prévues, les candidats et les partis s’affrontent démocratiquement, projet contre projet, pour permettre aux Camerounais de choisir leurs dirigeants, à un moment où les défis s’accumulent à l’horizon de notre pays. Il y va de l’avenir de notre chère patrie.
Vive le Cameroun!
Je vous remercie.
Maurice KAMTO,
Président National du MRC,
Yaoundé le 10 avril 2017
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PRESS CONFERENCE OF APRIL 10th, 2017
CRM and the people of cameroon say NO to electoral shift in elections expected in 2018!
Dear Cameroonians, ladies and gentlemen,
More than a year ago, the Cameroon Renaissance Movement (CRM) has publicly alerted the national and international opinion on the government plan of shifting the electoral calendar.
During my address to Cameroonians in December 2016, I was still warning against the Government’s intention to shift the electoral calendar. I asserted:
“The year 2017 is the last turn before the crucial electoral year of 2018. The year 2018 will see the organization of senatorial election in April, legislative and municipal elections in September and presidential election in October. To these elections, one could add, if the electoral calendar was not considered a state secret by the power, regional elections. This very busy schedule calls for rigorous government organization and planning in terms of both financial resources and project management. Without attributing any intention whatsoever to the Government, the CRM considers that it is very important to maintain the electoral calendar. It will reject, with utmost energy, any change of this calendar for any reason whatsoever. Neither the war against Boko Haram in May 2014, nor the instrumentalization of a possible electoral reform at the last moment, nor budgetary issues will justify such a shift against which the CRM warned the Government one year ago. The Government must therefore implement everything during this year 2017, in order to settle details of all kinds for the successful preparation and organization of all the elections scheduled for 2018.”.
Despite these warnings, the government is currently manoeuvring to postpone the long-awaited elections in our country in 2018. Its strategists want to put forward specious arguments about the security and financial resources that the CRM has been constantly rejecting for more than a year, to try to extend their stay in power, beyond presidential, senatorial, legislative and municipal terms. They also want to use the same arguments to delay the organization of regional elections, without which regional councils provided for by the Constitution twenty years ago, and never put in place, will remain a political mirage for Cameroonians.
The Government cannot and should not raise any reason for postponing elections which dates are known for several years. It was the next day after presidential elections in 2011 that the Government should have engaged in political, technical and financial preparations for the 2018 elections. The same goes for all other elections whose preparation should have started with the announcement of the results namely the double ballot of 29 September 2013 for the legislative and municipal elections, and April 2013 for senatorial elections.
The argument of the security situation being put forward by the Government is inadmissible because it has always been said that no part of the territory is held by Boko Haram terrorists. Furthermore, on Saturday, April 23, 2016, the CPDM held a public meeting in Maroua without any incident. One week after this CPDM meeting, the Minister of Territorial Administration and Decentralization banned the organization of the “CRM NATIONAL CARAVAN , FOR 2018 or BEFORE” meeting in the city of Bertoua, on the grounds that the Far North was a region at war where only sons of the region could hold public political meetings. This tribal position of MINATD then revealed the government’s will to use the war against Boko Haram for political purposes.
The Government’s war-torn position in the handling of the crisis in the anglophone regions suggests to any attentive observer the regime’s will to let the situation degenerate and then use it in its attempt to justify the shift in the electoral calendar expected in 2018. There is a clear political will to let the situation worsen.
The apology of the financial situation is also unacceptable when it is known that after the CEMAC Heads of State Summit of December 2016, when it was decided that Cameroon would return to the IMF, the Minister of Economy, Planning and Regional Development declared, during a debate on the Canal2 International on 31st December, that our country did not have a financial problem and was submitting to budgetary adjustment in solidarity with the other Member States of that sub-regional organization. If, for the Government, the economic and financial situation of the country is sound and not a cause of concern, why should elections be postponed?
In spite of the war against Boko Haram, operating expenses of the state have not decreased much, on the contrary: fat salaries and benefits for managers of public enterprises not pegged to results; Multiplication of unnecessary commissions and meetings with per diem in administrations; Endemic corruption in public services; the impressive and ever-increasing number of vehicles in the State’s car fleet; Political corruption of the senior administration by the complaisant endowment in vehicles unrelated to work needs, which are then sold out to them for the price of a piece of bread, and so on. Indeed, the government’s management of public affairs, which is characterized by irresponsible accounting and regular embezzlement of public funds, rarely punished or only selectively, does not allow leaders of our country to put forward its financial position in order to shift the electoral calendar of 2018.
Some highlight the number of elections to defend the change of the electoral calendar. It can be argued that governing is about planning and that, consequently, the Government has had plenty of time to prepare for the various elections. Moreover, there was no obligation on the Government to hold senatorial elections in the same year as the other elections, since it was possible for them to organize them before 2013 or later.
CRM militants have been denouncing in a peaceful, legal and constant way, sometimes being beaten and then arrested by the police, the national electoral system including the composition and functioning of ELECAM since the twin elections of September 29, 2013, when the Regime perpetrated savage and barbaric frauds. The CRM draft bill on that matter has never been discussed three years after being submitted, in violation of the Rules of Procedure of the National Assembly.
So it will be futile for the power to wait until the last minute to falsely be receptive to the opening of a pseudo national dialogue on the reform of the electoral system and ELECAM.
The CRM draws the attention of all to the fact that, like in a country of the region and for the same purposes, the regime is methodically organizing the delay and disorder in the 2018 electoral calendar. The up-to-date organization of elections is an important element of democratic vitality, seriousness and credibility, which the Government cannot ignore.
On the basis of all these arguments, the CRM wants once again to call national and international communities as witness on the serious risks that the regime will put the nation under with its attempt to shift the planned electoral calendar in 2018.
The CRM already states that it will mobilize Cameroonians of goodwill, members and supporters of political parties or not, in a timely manner, so that, as one man, the people firmly and peacefully stands against any shift in the electoral calendar that is nothing more than a political coup. The CRM will firmly oppose any confiscation of power by the CPDM regime through manoeuvres linked to the electoral calendar that is known to all. Let the Power know: neither political corruption nor repression will deter the CRM and Cameroonians from standing up against this umpteenth manoeuvre.
The CRM asks Cameroonians to remain vigilant on the requirement of a strict observation of the electoral calendar by President BIYA, whose respect of laws is so often exalted, so that on expected dates, candidates and parties fight democratically, manifesto against manifesto, to allow Cameroonians to choose their leaders, at a time when challenges are looming on the horizon of our country. The future of our dear fatherland is at stake.
Long live Cameroon!
Thank you very much.
Maurice KAMTO
National President
April 10th, 2017..
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Mouvement pour la Renaissance du Cameroun – Cameroon Renaissance Movement
Siège Social / Headoffice: ODZA Dispensaire, Yaounde – Cameroon
MRC / CRM : CHANGEONS D’AVENIR DANS LA PAIX.