Les Nations Unies souhaitent une résolution rapide de la crise sociopolitique qui secoue les régions anglophones du Cameroun depuis près de six mois. C’est le message passé par le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU aux autorités camerounaises.
En visite à Yaoundé ce 12 avril 2017, François Louncény Fall, par ailleurs Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, s’est tour à tour, entretenu avec le Secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Laurent Esso, le ministre des Relations Extérieures, Lejeune Mbella Mbella et Martin Mbarga Nguelé, Délégué Général à la Sûreté Nationale.
Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée en fin de journée, le diplomate onusien a souhaité la traduction dans les faits et assez rapidement, des mesures annoncées par le gouvernement le 30 mars dernier. « Au cours de nos échanges, nous avons exprimé le fait que les Nations Unies ont accueilli favorablement les mesures qui ont été annoncées par le ministre de la Justice et qui sont de nature à conduire vers un règlement des griefs qui ont été portés par les syndicats et le Barreau dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Tenant compte de ces avancées, nous avons souhaité que la mise en œuvre de ces promesses soit effectuée et que cela se fasse rapidement », a déclaré le représentant d’Antonio Guterres.
Comme réponse aux revendications des avocats du Common Law, le gouvernement avait annoncé plusieurs mesures : la création d’une section de la Common Law à l’Ecole Normale d’administration et de magistrature ; la création d’une faculté des Sciences juridiques et politiques à l’Université de Buea ; la création d’un département de English Law dans les Universités de Douala, Ngaoundéré, Dschang et Maroua ; la création d’un Institut d’Etude judiciaire pour la formation des avocats, notaires et huissiers de justice ; le redéploiement des magistrats en tenant compte des critères linguistiques ; l’augmentation des effectifs des magistrats anglophones au sein de la Cour suprême.
Si l’ONU salue ces mesures, elle pense aussi que l’apaisement passe par la libération des leaders anglophones interpellés dans le cadre de cette crise. Louncény Fall s’est rendu à la prison de Kondengui où il a pu s’entretenir avec Me Agbor Balla et l’animateur radio, Mancho Bibixy, qui font partie de 27 personnes qui risquent la peine de mort en raison des charges lourdes qui pèsent contre elles : hostilité contre la patrie, sécession, rébellion, pillage en bande, coaction des actes de terrorisme etc.
« Nous avons demandé et souhaité que les détenus soient remis en liberté. Nous leur avons rendu visite et nous avons exprimé ce vœu ce matin même au ministre de la Justice », a fait savoir le diplomate. Difficile de savoir si cette demande aboutira ou non. La prochaine audience des leaders anglophones, elle est prévue pour la fin du mois d’avril.
S’il s’est réjoui des mesures prises par le gouvernement pour mettre un terme à la crise, François Louncény Fall n’a pas manqué de critiquer la coupure d’internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Une mesure prise par le gouvernement le 17 janvier dernier et qui a déjà coûté à l’économie camerounaise plus de 2 milliards de FCFA.
Voici l’intégralité de la déclaration du diplomate onusien:
La declaration