Invité à cette rencontre hier vers 16h30, je me suis effectivement retrouvé à mon grand étonnement dans une salle où certains participants (notamment des organisations en faveur de l’alternance au Congo Brazzaville) étaient ouvertement pro Marine Le Pen, scandant à la fin de sa brève intervention “Marine Président”.
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Il a fallu un certain courage et beaucoup de tact à l’activiste Gabonaise Laurence Ndong et à moi-même pour recadrer le débat en posant sans aucun filet deux questions essentielles à la candidate frontiste:
– Mme Ndong a posé la sienne sur la récente visite de Mme Le Pen au Tchad
– Je me suis appesantis quant à moi sur le signe d’allégeance à la Françafrique que Mme Le Pen donnait ainsi, notamment aux Africains, après être allée rendre visite dans son village à “l’homme fort” de Djamena, Idriss Déby Itno.
Comment était-elle donc incapable ou ne voulait-elle pas faire le lien entre la pérennisation de cette dictature trentenaire au Tchad (comme dans les autres pays d’Afrique centrale francophone) et la désespérance des populations locales, notamment les jeunes obligés parfois d’immigrer, pour échapper non seulement à la répression, mais aussi à un horizon bouché du fait des fleurons des économies littéralement bradés par les dictateurs à leurs prédateurs et protecteurs, à l’instar de Vincent Bolloré jouissant de quasi-monopoles dans des secteurs stratégiques et vitaux pour ces pays.
Quelle pouvait bien être la marge d’autonomie d’une “Présidente Patriote” face à la puissance notamment financière d’industriels qui disent incarner et représenter les intérêts de la France en Afrique?
Bref d’autres candidats nous avaient déjà fait le même numéro d’équilibriste lors des présidentielles précédentes. Mais au moins les Africains peuvent désormais s’inviter dans le débat, alors même que leurs préoccupations ont soigneusement été tues depuis le début.
Joël Didier Engo, Président du CL2P