Jugé et condamné par contumace en 2014 à 30 ans de travaux forcés pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État », l’opposant congolais Modeste Boukadia a vu cette peine être confirmée mercredi 3 mai, devant la Cour d’appel de Pointe-Noire où il a comparu. La défense de Modeste Boukadia, en prison depuis janvier 2016, rejette ce verdict.
Au terme d’une audience qui a livré son verdict après 11 heures de débat, la Cour d’appel a confirmé la peine de trente ans de travaux forcés infligés en première instance à l’opposant Modeste Boukadia, lors d’un jugement par contumace en 2014, devant la chambre criminelle de Pointe-Noire. « Cette condamnation ne reflète pas les débats que nous avons menés. C’est du n’importe quoi. On a l’impression que cette décision a été parachutée d’ailleurs », a déclaré à RFI Maître Magloire Sengha, de la défense.
Modeste Boukadia, dirigeant d’une formation d’opposition, le Cercle des démocrates et républicains du Congo (CDRC), est en prison depuis janvier 2016. Ses proches ont déploré ces dernières semaines la dégradation de son état de santé. Il est accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Les autorités congolaises lui reprochent notamment d’avoir envisagé d’organiser un référendum d’autodétermination de l’Etat du Sud-Congo.
Modeste Boukadia, bientôt 63 ans, a manifesté en 2009 l’intention de se présenter à la présidentielle, sans aller jusqu’au bout. Il a été membre de la commission économique et sociale lors de la conférence nationale souveraine de 1991 qui a ouvert le Congo au multipartisme.
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Au Congo, un opposant à Denis Sassou-Nguesso condamné à trente ans de travaux forcés
La cour d’appel de Pointe-Noire, capitale économique du Congo-Brazzaville, a confirmé, mercredi 3 mai, la condamnation à trente ans de travaux forcés de l’opposant Modeste Boukadia, 62 ans, jugé en première instance en 2014 pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », a annoncé son avocat.
« Ils l’ont condamné à trente ans de travaux forcés. C’est donc le jugement de la première instance qui a été simplement confirmé, a déclaré à l’AFP Me Magloire Senga. C’est du n’importe quoi parce que cette décision ne reflète pas les débats. On a l’impression qu’elle a été parachutée d’ailleurs », a-t-il ajouté, indiquant être « déçu » au terme d’une audience publique qui a duré plus d’onze heures.
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Résidant en France, Modeste Boukadia avait été condamné par contumace à trente ans de travaux forcés en avril 2014. Les autorités congolaises l’accusent notamment d’avoir voulu « organiser un référendum d’autodétermination de l’Etat du Sud-Congo ». Rentré au Congo en janvier 2016, le dirigeant du Cercle des démocrates et républicains du Congo (CDRC, petite formation d’opposition) est emprisonné depuis lors.
« Prisonnier politique »
Les organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, considèrent M. Boukadia comme un « prisonnier politique », ce que conteste Pierre Mabiala, le ministre de la justice, pour qui il est un « prisonnier de droit commun ».
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M. Boukadia s’était déclaré candidat à la présidentielle de 2009 avant de se rétracter, arguant que « le Congo n’était pas prêt à organiser ce scrutin » remporté avec 78 % des voix par le président Denis Sassou-Nguesso, 73 ans, qui cumule plus de trente ans à la tête du pays.
M. Boukadia a été membre de la Commission économique et sociale lors la conférence nationale souveraine qui a ouvert le Congo au multipartisme en 1991.
Le Monde.fr avec AFP