D’après la Plate-forme de la société civile pour la démocratie, la crise sociale et managériale que traverse Elections Cameroon, la structure en charge des élections, menace sérieusement la crédibilité des différentes élections prévues l’année prochaine.
Elections Cameroon (Elecam) réunit-elle toutes les conditions pour l’organisation des élections libres, justes, transparentes et crédibles ? La Plate-forme de la société civile pour la démocratie n’y croit pas en tout cas. Au cours d’un « thé citoyen » organisé ce lundi 5 juin avec la presse à la Maison des Droits de l’Homme à Yaoundé, le secrétaire permanent, Hilaire Kamga, a signifié les craintes de la Plate-forme quant à l’organisation des élections présidentielles, sénatoriales, législatives et municipales prévues l’année prochaine au regard des conflits de leadership ainsi que des mauvaises conditions de travail et de vie qui prévalent au sein d’Elecam.
Dans son propos, Hilaire Kamga a dénoncé « la gestion autocratique du pouvoir » du Directeur général des élections (Dge) d’Elecam tout en déplorant le « véto de fait » dont dispose ce dernier sur les décisions du Conseil électoral. Certaines décisions, a indiqué l’expert des questions électorales, sont prises par le Dge après l’approbation non pas du Conseil électoral de manière collégiale comme le prévoit les textes organiques d’Elecam mais du président du Conseil électoral : « Si les responsables d’Elecam ne respectent pas leur propres textes, ils sont capables d’imposer un candidat en violation des textes », craint Hilaire Kamga. Le Dge n’a pas de mandat et peut être remplacé par le chef de l’Etat à tous moment tandis que les membres du Conseil électoral sont nommés par décret présidentiel pour un mandat de 4 ans éventuellement renouvelable.
Salaires dérisoires
Le défenseur des droits de l’homme est également revenu sur le climat social au sein d’Elecam du fait de ce bicéphalisme. D’après Hilaire Kamga, à l’ambiance de méfiance mutuelle ou tout le monde espionne tout le monde s’ajoute les conditions de travail qui laissent à désirer : kits d’inscription en fin de vie, maladies professionnelles dues à l’usage généralisé des motos dans les antennes communales (infections pulmonaire, fausses couches, etc.). Les conditions salariales ne sont pas des plus enviables, d’après le secrétaire permanent de la Plate-forme. Travail sans contrat, flou dans la grille salariale, salaires dérisoires (36 349 F CFA et 57 303 F CFA pour les agents de maîtrise), congés non payés.
Face à tous ces manquements, la Plate-Forme recommande au président camerounais, Paul Biya, de faire réviser la loi électorale de manière à supprimer le véto dont dispose le Dge sur les réunions du Conseil électoral, éliminer le circuit de la direction générale des élections dans le processus de dépôt des candidatures, de respecter le calendrier électoral et d’initier un processus de rédaction consensuel et d’adoption d’un véritable Code électoral. Celui en vigueur, adopté en avril 2012, est contesté par certains partis d’opposition.
Par Michel Biem Tong, journaliste, correspondant du CL2P au Cameroun
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