Alors les Africains et particulièrement les Camerounais choqués que l’ancien PDG d’ELF, Loïk Le Floch-Prigent ” traite leurs chefs d’État de corrompus”?
Mais dans quel monde sommes-nous donc? Où un grand “exploiteur blanc” vient de la sorte mettre à nu nos roitelets et demi-dieux africains sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), la radio dite du néo-colonisateur, la France.
Notre mémoire de “panafricanistes” devient aussitôt sélective et s’empresse de renvoyer Le Floch Prigent à ses propres turpitudes d’ancien colonisateur-corrupteur-saigneur du pétrole Africain. Pourtant il n’a dit que ce que nous savions tous: nos roitelets et chefs d’États d’Afrique centrale francophone sont corrompus. Il suffirait pour cela simplement d’observer leurs trains de vie princier, celui de leurs proches, puis des collaborateurs respectifs…, pour parvenir exactement à la même conclusion.
Mais Le Floch l’a certainement gros sur la patate depuis qu’il a séjourné dans les geôles infâmes du tyranneau Faure Eyadema du Togo, et veut vraisemblablement en découdre avec nombre de ces complices d’hier. C’est son droit absolu, et il ne dit rien que nous ne savions déjà, notamment au Cameroun.
En effet au pays de Paul Biya certains d’entre-nous n’avons pas cessé de répéter depuis des décennies que le régime en place depuis 1982 est corrompu de la base au sommet, et tient en partie son extrême longévité (35 ans que ça dure!) à la corruption systémique.
Nous le disions, non pour promouvoir l’impunité des détourneurs de deniers publics (comme nos détracteurs nous l’imputent depuis la création du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P), ni par rancœur, aigreur, ou jalousie personnelle… mais simplement parce que nous voulions enfin que le pouvoir en place au Cameroun s’attaque à la racine du système crapuleux qui s’est arrangé jusqu’ici à ne pas formellement incriminer l’enrichissement personnel illicite au Cameroun, en faisant uniquement des “fautes de gestion” des preuves suffisantes de détournements dits de deniers publics.
Il aura ainsi fallu que la “vérité” vienne enfin d’un observateur sulfureux mais avisé de l’étranger, pour faire sortir les acteurs politiques et de la société civile camerounaise de leur léthargie légendaire.
Parce que c’est à la Présidence de la République du Cameroun et auprès de l’occupant des lieux depuis 1982 que se sont organisées les principales atteintes à la fortune publique dans ce pays, notamment toutes ces rétro-commissions entourant les projets dits structurant, les conventions de concessions, l’exploitation pétrolière, gazière, et minière (pour ne citer que ces transactions là). Les responsables des départements ministériels ou des administrations concernées peuvent évidemment avoir participé ou trempé dans cette corruption institutionnalisée, mais celle-ci tire sa source et sa raison d’être à la Présidence et du Président du Cameroun. Ce régime a en partie tenu aussi longtemps grâce à ce système mafieux et viscéralement pourri de la base au sommet.
Loïk le Floch-Prigent ne dit pas autre chose, même si ses propos sont blessants pour les Africains que nous sommes, Elf-Total ayant été l’entreprise emblématique de la Françafrique et d’une certaine ingérence déshumanisante de la France dans nos pays d’origine.
Je vous remercie
Joël Didier Engo, Président du CL2P