Le rapport de la mission de l’Union européenne -dépêchée au Gabon lors de la présidentielle d’août 2016, contestée par Jean Ping- avait déjà mis en cause la sincérité du scrutin et avait demandé un recomptage des voix dans la province du Haut-Ogooué. Ce qui n’a pas été fait. Une autre importante mission était sur place au Gabon lors de l’élection, il s’agit de la mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). RFI s’est procuré le rapport de la mission, qui n’est pas encore public, mais que les autorités gabonaises ont reçu.
Le rapport court sur quarante pages. Sur un ton narratif, la mission de la Francophonie, conduite par le diplomate Ould Abdallah, développe ce qui a été fait en amont du scrutin et pendant le scrutin du 27 août 2016.
→ Lire le rapport en deux parties, ici et là
L’essentiel du document tient en quelques pages, il s’agit des constats. Ainsi, la compétence des organes de gestion du processus électoral ne peut être remis en cause, mais l’OIF pointe que les nombreux manquements observés dans l’organisation du vote dénotent un défaut de formation caractérisé des agents électoraux.
Sur les recours, la mission relève l’absence de confiance des candidats dans la machine judiciaire, incapable d’un traitement équitable. « Une confiance très faible, voire inexistante. »
Concernant le traitement médiatique, le rapport pointe qu’une fois les résultats provisoires prononcés, le 31 août, la balance de la couverture médiatique a penché en faveur d’Ali Bongo. Et qu’internet a été fortement perturbé.
Les « doutes » de l’OIF sur les résultats
Enfin, sur le résultat de la présidentielle, la Francophonie fait ce rappel : Bruxelles et d’autres partenaires du Gabon ont demandé un recomptage des voix. Plus important, le document, validé par Michaëlle Jean, constate que la Cour constitutionnelle a annulé les résultats de 21 bureaux de vote dans l’Estuaire, soit 10 000 voix, sur demande formulée par Ali Bongo. Et que la Cour a rejeté la demande de Jean Ping d’annulation des résultats dans le Haut-Ogooué, « au coeur du contentieux ».
« Cette différence de traitement entre les résultats du Haut-Ogooué et ceux de l’Estuaire n’a pas permis de lever tous les doutes sur la sincérité des résultats tels qu’issus des urnes », souligne le document. C’est la phrase que l’on retient de ce rapport : le « doute » de la Francophonie sur la sincérité des résultats. Et en cela l’OIF rejoint les conclusions de l’Union européenne, mais aussi de l’Union africaine qui avait, elle aussi, fait part de ses « doutes » dans un rapport paru en novembre dernier.
Après des troubles ayant éclaté dès le lendemain de l’annonce des résultats, l’élection d’Ali Bongo a été validée par la Cour constitutionnelle dans la nuit du 23 au 24 septembre. Cette décision a été vivement contestée par l’opposant Jean Ping. Lequel déclare toujours qu’il est le président élu.
[spacer style="1"]
Afrique – Gabon: La Cour pénale internationale (CPI) enquête sur les violences postélectorales
Le camp du Président Ali Bongo Ondimba et de Jean Ping, son challenger, qui se sont accusés mutuellement de graves violations des droits de l’Homme et de crimes contre l’humanité ont saisi chacun la CPI. La mission des enquêteurs de cette juridiction internationale s’achève demain.
La mission de la Cour pénale internationale aura quatre jours pour établir les contacts utiles, dans le cadre de la collecte des données relatives à cette crise. La délégation de la CPI rencontrera aussi bien les officiels, les membres de l’opposition que la société civile.
Selon un communiqué signé le 19 juin 2017 par le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Billie-By-Nzé, la République gabonaise avait saisi le Procureur de la CPI, en date du 21 septembre 2016, «aux fins d’apprécier une série d’actes graves, commis sur son sol et incitant à la violence à l’occasion de l’élection présidentielle d’août 2016».
Dans sa saisine, le Gouvernement gabonais demandait à la CPI «de bien vouloir ouvrir sans délai une enquête», au regard de «faits relevant de l’incitation à commettre le crime de génocide» et de «crimes contre l’humanité» qu’il attribuait aux militants favorables au candidat de l’opposition Jean Ping.
De son côté, Jean Ping avait également saisi la CPI le 15 décembre 2016, pour dénoncer des «crimes contre l’humanité» après des violences ayant suivi la réélection d’Ali Bongo Ondimba. Il assurait avoir la preuve que plusieurs personnes avaient été tuées par balles par les forces de l’ordre.
Les Gabonais exigent la vérité sur les responsables des violences post-électorales du mois d’août 2016, violences qui ont fait des morts et des blessés. Dans les rues de Libreville, rapporte la BBC, la présence de la Cour pénale internationale au Gabon ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme chez les Gabonais.
Personne n’ose s’exprimer. Certaines personnes semblent inquiètes malgré le désir de justice et d’équité exprimé par le gouvernement gabonais, le premier à solliciter une mission d’enquêteurs de la CPI.
Les violences du mois d’août 2016 ont fait plusieurs morts et des blessés suite à l’annonce de la réélection d’Ali Bongo Ondimba. La victoire du Président Ali Bongo a été contestée par les partisans de Jean Ping qui réclament toujours la victoire de leur candidat à la dernière élection présidentielle.
La mission de la CPI est en fait une enquête préliminaire. Les victimes seront entendues de même que des autorités administratives et politiques de l’opposition et de la majorité.
Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net