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Je peine à trouver dans la déclinaison brillante par Emmanuel Macron de ce qu’il appelle «Le défi civilisationnel africain» un propos insultant, condescendant, ou arrogant à l’égard des ressortissants de ce continent, y compris sur la question sensible du fort taux de natalité.
Bien au contraire, nous avons ici un Président français (le premier certainement) qui articule une vraie vision d’ensemble pour un partenariat global et mutuellement gagnant avec une multitude de pays et d’économies, pour lesquels le vrai défi sera effectivement la maîtrise progressive de la natalité dans un continent où la croissance économique ne parviendra pas dans les prochaines années à l’horizon 2050 (y compris avec les meilleures hypothèses) à absorber l’équivalent de 20 millions de jeunes actifs par an. Ce sont là des statistiques officielles.
Nous pouvons à longueur de commentaires travestir son propos en flattant l’instinct identitaire voire francophobe des pseudo-panafricanistes. Cela n’amoindrira pas l’effort qui doit être fait sur la maîtrise de la fécondité, qui est déjà visible au sein des nouvelles classes moyennes et supérieures africaines.
Il s’agit c’est vrai d’un sujet ô combien sensible et passionnel qui ne mériterait certes pas d’être vu et abordé sous un angle « civilisationnel » – à moins de vouloir nier la pluralité civilisationnelle – mais d’abord comme un impératif économique dans des pays connaissant un exode rural massif vers des villes, avec des populations exposées aux mêmes besoins que leurs homologues des pays émergents et développés. Dés lors la question de la maîtrise de la fécondité devient logiquement un paramètre incontournable pour le développement ou l’émergence espéré de ces pays.
Pour autant poser le problème de la maîtrise de la fécondité (que personne ne nie) sous l’angle d’un « défi civilisationnel » paraît pour le moins réducteur pour un continent qui est le berceau de l’Humanité et qui en sait un peu plus que ne l’imagine le président Macron en matière de civilisations.
C’est finalement devenu un des travers chez les nouveaux locataires de l’Élysée (qui n’ont peut-être pas eu la culture encyclopédique d’un Charles de Gaulle, d’un Georges Pompidou, d’un VGE, d’un Mitterrand, ou d’un Jacques Chirac) de faire d’entrée étalage de leur grandeur « civilisationnelle » sur les problèmes qui minent effectivement le développement d’une partie du continent, occultant la grande diversité de celui-ci, et surtout l’extrême jeunesse de sa population qui ne posera pas forcément les mêmes problèmes pour son entrée dans le marché du travail que ceux que l’on rencontre dans la vieille Europe par exemple. Si et seulement si les investissements qui doivent y être faits sont assez bien calibrés et territorialement répartis.
N’oublions pas que c’est aussi l’accès à la richesse puis à la connaissance par le plus grand nombre qui concoure plus efficacement à la réduction des taux de natalité. Aider l’Afrique avec un «plan Marshall» n’en serait que plus bénéfique à chacun, y compris à l’Europe et à la France en termes de retombées.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Alpha Condé très opposé à Emmanuel Macron : « parler de démographie galopante c’est du Malthusianisme, c’est contre l’Afrique »
La démographie galopante est-elle source de richesse et de vivacité pour l’Afrique ? Contrairement au président français Emmanuel Macron qui a fustigé samedi dernier à Hambourg au sommet du G20 le fait qu’en Afrique, des femmes ont 7 à 8 enfants, Alpha Condé, des jours avant, à N’Djamena, avait lui plutôt salué le peuplement du continent. Il l’a dit à l’occasion du forum panafricain de la jeunesse au Tchad en réponse à une phrase du ministre de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, Youssouf Abassalah.
Pour le président guinéen et président en exercice de l’Union africaine, « évitons les choses qu’on nous plaque. Quand vous parlez de démographie galopante c’est du Malthusianisme, c’est contre l’Afrique. Aujourd’hui, les autres continents nous envient notre démographie parce que ce sont des peuples vieillissants. Notre jeunesse est notre avantage. Donc, nous devons nous approprier notre propre langage en fonction de ce que nous voulons pour l’Afrique ».