Torture, détention au secret, arrestations arbitraires… Amnesty International dénonce des dérives dans la lutte contre Boko Haram au Cameroun. Dans un rapport publié ce jeudi 20 juillet, l’organisation cite plus d’une centaine de personnes. Toutes assurent avoir été maltraitées pour avouer une supposée complicité avec le groupe terroriste. Pour en parler, nous recevons Ilaria Allegrozi, chercheuse à Amnesty International, puis le porte-parole du gouvernement du Cameroun, Issa Tchiroma Bakary.
Ilaria Allegrozi, chercheuse à Amnesty International :
« Pour commencer je voudrais citer le témoignage d’un ex-détenu qui dit [Nous avons été traités comme des animaux] », certains ex-détenus nous racontés leur détention alors qu’ils étaient roués de coups pendant les interrogatoires, ils étaient ligotés pendant des heures, voire des jours dans une position que l’on appelle, la position de la chèvre, ces détenus étaient alors roués de coups par les militaires et d’autres ont été torturés jusqu’à la mort. Le rapport d’Amnesty International montre que le recours à la torture, dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun est aujourd’hui banalisé.
Ces informations ont été recueillies sur plus de 100 cas et ces pratiques sont monnaie courante dans les bases militaires et dans les centres de détention gérés par les services de sécurité camerounais dans la lutte contre Boko Haram. Nous avons pu identifier plus de 20 sites de détention où la torture a été pratiquée. Au moins la moitié de ces sites sont illégaux, notamment le quartier général de bataillon d’intervention rapide à Salak près Maroua et un centre situé à Yaoundé, pas loin de l’Assemblée nationale, administrée par la Direction générale de la recherche extérieure, la DGRE ».
Issa Tchiroma Bakary, porte-parole du gouvernement du Cameroun :
« Nous sommes outrés par ces accusations que nous considérons fallacieuses dont l’objet est de jeter le discrédit sur notre gouvernement et sur notre armée. Nos forces de défense et de sécurité reçoivent d’abord les rudiments en termes de protection de droits de l’homme, quelles que soient les circonstances.
Tout militaire pris en flagrant délit de violation des droits de l’homme est démobilisé, traduit devant la Cour martiale et subit les conséquences de son acte… Amnesty International vous dit qu’il y a eu une soixantaine d’officiers qui ont été listés et bien qu’il nous donne les noms avec des preuves convaincantes et concrètes, à ce moment-là, la justice sera saisie et les responsables traduits devant la Cour martiale… »
Ecouter : [sc_embed_player fileurl = “http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/modules/actu/201707/CAMEROUN_Itw_longue_INVITE_SOIR_2_Porte-parole_gouvernement.mp3”]
Par Anne Cantener– RFI
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Cameroun – Lutte contre Boko Haram: Le Gouvernement se dit outré par les accusations d’Amnesty International (AUDIO)
L’ONG cite plus d’une centaine de personnes. Toutes assurent avoir été maltraitées pour avouer une supposée complicité avec le groupe terroriste. Invité d’Afrique Soir sur Radio France International (RFI), le porte-parole du gouvernement du Cameroun, Issa Tchiroma Bakary, réagit:
«Nous sommes outrés par ces accusations que nous considérons fallacieuses dont l’objet est de jeter le discrédit sur notre gouvernement et sur notre armée. Nos forces de défense et de sécurité reçoivent d’abord les rudiments en termes de protection de droits de l’homme, quelles que soient les circonstances.
Tout militaire pris en flagrant délit de violation des droits de l’homme est démobilisé, traduit devant la Cour martiale et subit les conséquences de son acte… Amnesty International vous dit qu’il y a eu une soixantaine d’officiers qui ont été listés et bien qu’il nous donne les noms avec des preuves convaincantes et concrètes, à ce moment-là, la justice sera saisie et les responsables traduits devant la Cour martiale…».
Ecouter : [sc_embed_player fileurl = “http://telechargement.rfi.fr/rfi/francais/audio/modules/actu/201707/CAMEROUN_Itw_longue_INVITE_SOIR_2_Porte-parole_gouvernement.mp3“]
Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net
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Cameroun : Terrorisme: Les USA suspendent leur assistance à l’armée
Dans une correspondance adressée à Amnesty International le 11 juillet dernier, l’ambassadeur des USA au Cameroun indique que son pays a suspendu son appui aux militaires camerounais engagés dans la lutte contre Boko Haram à l’Extrême-Nord pour violations des droits de l’homme.
En octobre 2015, 300 soldats américains ont débarqué au Cameroun. Stationnés à Garoua (nord), leur objectif est d’assister le Cameroun dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram qui sévit à l’Extrême-Nord du pays. Mais cette collaboration a pris un coup.
En effet, réagissant à une correspondance à lui adressée le 23 juin dernier par le représentant Afrique centrale et de l’Ouest de Amnesty International, Alioune Tine, l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Michael Stephen Hoza, dans un accusé de réception daté du 11 juillet 2017 a indiqué que les Etats-Unis ont suspendu leur collaboration avec les forces de défense camerounaises.
Le diplomate a cité dans sa lettre les unités du Bataillon d’intervention rapide (corps d’élite de l’armée) positionnées à Maroua Salak, Mora et dans la région de l’Adamaoua qui, d’après lui, ne bénéficient plus de l’assistance américaine.
Leahy Law
Michael S.Hoza explique dans sa correspondance que les Etats-Unis veulent rester conformes au Leahy Law (loi leahy) qui fait interdiction au pas de l’Oncle Sam d’apporter une assistance à une armée étrangère accusée de violations des droits de l’homme.
Dans un rapport rendu public en mars dernier sur l’état des droits de l’homme au Cameroun, les Etats-Unis avaient accusé le Bataillon d’intervention rapide, le Bataillon d’infanterie motorisée, la gendarmerie et la Direction générale de la recherche extérieure (services secrets camerounais) d’être responsables de violations des droits humains dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.