Le magistrat Ayah Paul Abine vient d’être chassé de prison pour ‘délit d’innocence’.Monsieur Ayah Paul, Avocat Général de la Cour Suprême du Cameroun avait été arrêté au début de l’année chez lui à Yaoundé, « pris de force sans convocation ni mandat d’arrêt ou d’amener, pour être jeté dans une cellule »
Mais alors que fait encore le notaire Harissou en prison ? Le tribunal militaire a déclaré nuls tous les éléments et procès-verbaux des auditions qui ont eu lieu au lendemain de son incarcération.
Interpellé à Maroua le 27 août 2014 par des éléments de la DGRE venus spécialement de Yaoundé,«Il avait été convoqué par le gouverneur de l’Extrême Nord à la demande d’une équipe de la DGRE pour que l’on ne parle sans doute pas d’enlèvement», expliquera un membre de son cabinet.
2014-2017. En 3 ans, deux éminents praticiens du droit, l’un haut magistrat à la Cour Suprême du Cameroun, l’autre notaire émérite, ont été embastillé sans rime ni raison, et jeté en prison.
Ayah Paul Abine, détenu à Yaoundé par rapport à la crise anglophone, vient d’être libéré à la suite de la décision du président de la République mettant un terme aux poursuites judiciaires contre lui et d’autres personnes interpellées dans le cadre de la crise anglophone. Il retrouve ainsi la liberté après près de 8 mois de détention. Avant son arrestation, -ce qui n’est pas rien, Ayah Paul Abine magistrat hors hiérarchie mis à la retraite pendant sa détention, était avocat général en fonction à la cour suprême.
Me Abdoulaye Harissou, lui, croupit toujours en prison depuis 2014. Il comparait devant le Tribunal militaire de Yaoundé pour «outrage au président de la République», «hostilité contre la patrie et révolution», « complicité d’assassinat » et «port et détention illégale d’armes de guerre».
L’arrestation de Me Harissou divise l’opinion camerounaise. Nombre de personnes estiment qu’il est arrêté parce que proche de l’ancien secrétaire général de la présidence Marafa Hamidou Yaya. Rares sont ceux qui croient encore, comme cela a été susurré, qu’il faisait partie d’un improbable complot qu’aurait fomenté son amie d’enfance, Marafa Hamidou Yaya.
Jusqu’ici, aucune preuve matérielle sur lequel pourrait s’appuyer l’accusation ne tient la route. Mieux, le tribunal militaire a rejeté le 10 février dernier, toutes les charges qui pesaient sur lui et son co-accusé détenus depuis plus de deux ans sur la base d’un dossier « monté au départ par la Direction générale de la recherche extérieure » selon Me Mbuny, avocat de la défense.
Cette « victoire », les accusés la doivent au juge Iroume Gabriel, vice-président du tribunal militaire qui avait eu le courage de rejeter toutes les preuves de l’accusation, faisant évoluer le procès vers un heureux dénouement attendu. Mais c’était aller vite en besogne. Le juge a été affecté ailleurs. Le procès vogue désormais de renvois en renvois, alors que Me Harissou que la retraite a trouvé en prison, a malgré lui, mis sous le boisseau, une carrière internationale d’écrivain et d’expert, Secrétaire général l’Association du Notariat Francophone et de plusieurs organisations notariales en Afrique et dans le monde. Du reste, pour une histoire tirée par les cheveux, il totalise plus de 3 ans d’incarcération, 18 mois d’instruction, 18 mois de procès pour seulement 3 audiences, dont 19 renvois, dans un dossier judiciaire que l’on sait aujourd’hui vide et vidé de sa substance. Cette affaire, pense un avocat, présente tous les « ‘signes cliniques’ d’un acharnement ourdi par des ‘complotistes’ de Yaoundé ».
Ni homme politique, ni activiste mais notaire tranquille fortement impliqué dans les activités internationales du Notariat où il jouit d’une renommée établie, quand prendra fin ce polar politico-policier où Me Harissou apparait comme une victime ‘collatérale’ ? « La longue et inexpliquée détention du notaire suscite aujourd’hui un mécontentement grandissant des populations et des dignitaires du septentrion, qui subissent comme une injustice l’arrestation de ses fils les plus valeureux : Marafa, Iya Mohamed, Ahmadou Vamoulké, » a déclaré un député proche des mis en cause…
© Camer.be : Edouard Kingue