Cameroun: Politique électorale, Leçons du Kenya
Que pouvons-nous apprendre des développements récents à l’occasion des élections historiques au Kenya?
Tout d’abord, le vote est un droit constitutionnel fondamental. Donc, les politiques électorales ne peuvent pas être écrites par un seul homme ou par un seul parti, et suivant des logiques tribales, claniques, ou partisanes. Les lois électorales doivent être soumises au référendum parce qu’aucune personne ou aucun parti ne peut prétendre avoir seul la connaissance entière et l’intégrité suffisante pour parler au nom de tout le pays; comme le fait le parti-État du Rassemblement Démocratique du Peuple Cameroun (RDPC) depuis 1984 au Cameroun, notamment quand il a pris la mauvaise habitude de le faire «avec perfection» et au détriment de la vraie démocratie. C’est cette stratégie que prône le général chinois Sun Tzu lorsqu’il écrit dans son célèbre livre The Art of War: ” soumettre l’ennemi sans se battre c’est le summum de la compétence (…) Mais pour cela, il faut arriver à lui faire ressentir qu’il a déjà perdu d’avance.» C’est ainsi que le parti-état RDPC a pu tout contrôler dans le processus électoral au Cameroun en donnant toujours aux Camerounais l’impression «qu’il n’y a pas match», au motif qu’il aurait reçu seul un mandat d’eux. Les militants et sympathisants de cette formation hégémonique ont ainsi vite fait d’oublier que les Camerounais sont bien plus qu’un dictateur ou un parti-État, et qu’un processus électoral pour être crédible a besoin d’être légitimé à chaque étape.
Voici notre liste de leçons du Kenya:
1) La Commission électorale doit être véritablement indépendante et démontrer sa capacité d’agir de manière autonome puis de résoudre les différends qui, dans le passé, aurait pu se solder ou se sont soldés par la violence. En outre, si la commission électorale échoue, néglige ou refuse de mener l’élection présidentielle d’une manière compatible avec les prescriptions de la constitution, les membres de la commission doivent être tenus individuellement responsables de tout manquement devant la loi.
2) Le parti d’opposition doit pouvoir examiner les listes électorales pour s’assurer que les personnes décédées, mineures, ou non-citoyens ne votent pas. Aux dernières élections au Kenya, 5 millions d’inscrits n’ont pas pu être certifiés par la Cour Suprême Kenyane. Par conséquent, le processus de comptage et de transmission des résultats doit être rendu fiable.
3) Les urnes électorales doivent être proportionnelles à la population votante. Plus pour éviter de longues files d’attentes que d’empêcher les bureaux de vote fictifs.
4) Les partis d’opposition doivent pouvoir préserver et certifier les résultats de chaque bureau de vote
5) Les journalistes doivent être libres de faire leur travail sans intimidation, de manière à démontrer qu’il bien existe des opinions contradictoires. Et surtout, que lesdites opinions sont réciproquement respectées.
6) Les prisonniers politiques accrédités doivent être autorisés à se présenter aux élections si ils le souhaitent. Aucun Camerounais ne peut être privé de ses droits constitutionnels sans être soumis à une procédure régulière.
7) Les observateurs extérieurs ne sont pas nécessairement une garantie de neutralité, précisément parce que les gouvernements étrangers comme la France et les États-Unis traînent un passé accablant d’ingérence dans la politique des pays en développement où leurs intérêts sont en jeu. En outre au KENYA ces observateurs ont été si prompts à rejeter les accusations d’irrégularités, comme si par une sorte soulagement il fallait uniquement s’assurer que le vote du 8 août avait d’abord été pacifique, dans le secret espoir que toute dénonciation des résultats n’entraînerait pas le type de violences que celles qui ont éclatées après les contestations de l’Élection de 2007, causant des centaines de morts.
8) L’organisation indépendante des droits de l’Homme telle que CL2P doit pouvoir travailler librement. En particulier, des préoccupations ont été soulevées avant l’élection lorsque le fonctionnaire qui a supervisé le système de vote électronique a été torturé et tué des quelque jours avant le vote. Par la suite la commission électorale a reconnu qu’il y avait eu une tentative de pirater le système alors que les votes étaient comptés et compilés.
9) Un accès libre et équitable de tous les partis politiques aux médias publics et privés.
10) Une Loi de finance claire, transparente, et ouverte proportionnellement à tous les partis et/ou candidats représentatifs
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
Cameroon: Electoral Politics, Lessons from Kenya
What can we learn from the recent historical election in Kenya?
First, Voting is a basic constitutional right .As such electoral policies cannot be written by one man or one party or along tribal lines. Electoral laws have to be submitted to referendum because no one person or one party can trusted to have the knowledge and the integrity to speak for the whole country; as the one party-state took the bad habit of doing with “perfection” at the expense of true democracy in Cameroon .This is the same strategy as the Chinese general Sun Tzu put it in his famous book The Art of War, “To subdue the enemy without fighting is the acme of skill.” But to do that, you need to make him feel he has already lost.” That is how the CPDM party –state gets to control everything as if it was mandated to do by the Cameroonian people. Cameroonian people are more than one dictator or one party-state and the electoral process needs to be made accountable every step of the way:
This is our list of lessons:
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The electoral Commission must be truly independent and demonstrate the capacity to act independently and to resolve disputes that in the past have often spilled over into violence. Moreover, if the electoral commission failed, neglected or refused to conduct the presidential election in a manner consistent with the dictates of the constitution, members of the commission must be individually held accountable for any wrongdoings in front of the law.
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Opposition party must be able to review electoral rolls to make sure that dead or underage people or non-citizens are voting. In the last election in Kenya, 5 million votes could not be accounted for. Hence, the process for tallying and transmitting results has to be made reliable.
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Polling booths have to be proportional to the voting population. Especially, to make voting easy and to prevent fictional voting booths.
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Opposition party must be able to guard and certify results from each voting booths
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Journalists must be free to their job without intimidation to demonstrate that there are rooms for contradictory arguments. And most importantly that these arguments must be respected.
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Certified Political prisoners must be allowed to stand for office if they wish. No Cameroonians can be deprived of his constitutional rights without due process.
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External observers do not mean neutrality because foreign governments, such as France and the USA have a disturbing history of meddling in the politics of developing countries where their interests are at stake. These Observers moreover were also too quick to dismiss charges of irregularities, largely out of relief that the Aug. 8 voting had been mainly peaceful and in the hope that disappointment with the results would not lead to the sort of violence that erupted after the disputed 2007 election, in which hundreds of people were killed.
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Independent Human rights organization such as CL2P must be allowed to work freely. Particularly, when concerns were raised before the election that the official who oversaw the electronic voting system was found tortured and killed days before the vote. The electoral commission has said there was a failed attempt to hack the system as votes were being counted and compiled.
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Equitable access of all political parties to the media.
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Transparent finance laws for all the parties
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)