Par Olivier Tchouaffe, PhD, Contibuteur au CL2P
L’effort de Cabral Libii visant à inscrire 11 millions de Camerounais ordinaires sur les listes électorales a tourné court. Cette entreprise était en fait condamnée depuis le début parce qu’elle était destinée à accompagner – sans le dire – la parodie d’élection que le régime autocratique de Yaoundé compte une nouvelle fois imposer aux camerounais en 2018, avec un processus électoral entièrement contrôlé par le RDPC, le parti- État aux ordres du dictateur Paul Biya. Que ceux qui s’entêtent à jouer les marionnettes du régime dictatorial de Yaoundé assument leurs responsabilités sans ressentir le besoin d’accabler désespérément une opposition qui a au moins le mérite d’exister dans un environnement politique totalement bloqué.
Comme nous l’avons appris des récents événements politiques au Kenya, ce qui doit être la préoccupations première des Camerounais fiers et patriotes n’est pas un autre couronnement du président Paul Biya, 84 ans dont 35 ans au pouvoir, mais la nécessité d’une convention constitutionnelle.
La convention constitutionnelle est une opportunité unique, pour les Camerounais ordinaires, de faire des changements profonds, durables, et nécessaires afin de se défaire du système Biya et de la constitution désuète du parti-État RDPC – ou alors seront-ils condamnés ou devront-ils se résigner à subir d’autres 35 années de plus avec Paul Biya (après Paul Biya comme le clament ses partisans) et son parti-État RDPC.
Par conséquent les Camerounais ordinaires doivent comprendre ce qui est en jeu et ce qui pourrait arriver s’ils n’approuvent pas une réécriture de la constitution du pays.
Tenir une convention constitutionnelle est une occasion rare de se débarrasser enfin de Biya et de la dictature du RDPC au Cameroun. Parce que en l’état du processus électoral et du contrôle total des institutions ce régime ne peut pas être battu dans les urnes.
Une nouvelle constitution est donc l’opportunité d’ajouter un nouveau projet de loi sur la protection des droits humains dans la constitution – et les droits à l’éducation, à l’air pur et l’eau, aux soins de santé, au financement équitable pour les écoles, les emplois, la décentralisation, etc… – Ce qui ferait du Cameroun un véritable emblème de la démocratie et de Justice sociale.
D’autre part il y a beaucoup à gagner en termes d’autonomie personnelle et d’autonomie régionale, alors que la crise anglophone nous montre chaque jour l’impasse institutionnelle dans lequel est le Cameroun.
Il s’agit en effet aussi d’une opportunité rare et de grande envergure d’avoir de véritables institutions autonomes et indépendantes du pouvoir exécutif omnipotent. Aujourd’hui le pouvoir exécutif du président est sans limite et sans contrôle, et ne sait ou ne veut concéder aucune contrepartie. Ce qui fait du président un monarque avec un pouvoir absolu, et finirait par corrompre absolument quiconque serait placé dans la même position de domination. Par conséquent les réformes qui pourraient découler d’une convention, tel par exemple pour le président de perdre son pouvoir de contrôle sur l’Institution judiciaire, sont incontournables et vitales. C’est précisément ce qui conduit au despotisme juridique contre lequel le CL2P se bat tous les jours.
Cette convention constitutionnelle consisterait en résumé à sauver le pays d’un régime dictatorial obsolète, calcifié, ossifié, et fossilisé. Car la convention constitutionnelle, dans son essence, est notre capacité et notre volonté collective à imaginer un avenir commun plus brillant, radieux, et florissant que notre passé.
Par Olivier Tchouaffe, PhD, Contibuteur au CL2P
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English version
Cameroon: Electoral Politics and the Constitutional Convention
By Olivier Tchouaffe, PhD – CL2P Contributor
Cabral Libii’s effort to register 11 million ordinary Cameroonians on the electoral lists came up short. This enterprise was doomed from the start because it was intended to accompany without saying the parody of election that is looming in 2018, with an electoral process entirely controlled by the party-state RDPC the dictator and his chiefs of land? Let those who want to play again or be the puppets of the dictatorial regime of Yaoundé assume their responsibilities without feeling the need to desperately overwhelm an opposition that has at least the merit of existing in a completely locked political environment.
As we learned from the event in Kenya, what must be the significant issue is not another coronation of President Paul Biya, 84 years old and 35 years in power, but the need for a constitutional Convention.
The constitutional convention is an opportunity, for ordinary Cameroonians, to make profound, long-lasting, and much-needed changes to Paul Biya and the CPDM’ s outdated constitution — or be doomed for another 35 years of Biya and the CPDM’s hold on power. Therefore, ordinary Cameroonians need to understand what is at stake and what could happen if they failed to approve rewriting the country’s constitution.
Holding a constitutional convention boil down to being offered a rare chance to get rid of Biya and the CPDM’s dictatorship in Cameroon. Otherwise, this regime cannot be beaten at the ballot box.
A new constitution is a rare chance to add a new bill of rights to the constitution — rights to affordable higher education, clean air and water, healthcare, equitable funding for schools, jobs, decentralization — that would make Cameroon an emblem of democracy and social justice.
There is much to gain in term of personal autonomy and regional autonomy where the Anglophone crisis has hit a dead end in Cameroon.
This is a far-reaching opportunity to have real autonomous institutions that are now dominated by the executive branch and no checks and balances on the power of the president who is in fact a monarchial president with absolute power which never fails to corrupt absolutely. Hence, reforms could come out of a convention such as making the president lose his power to control the judiciary, which leads to legal despotism the CL2P have been fighting against.
This constitutional convention is about saving the country not an obsolete, calcified, ossified and fossilized dictatorial regime. The Constitutional convention, at its core, is our ability and willingness, to imagine a future that is brighter than our past.
By Olivier Tchouaffe, PhD – CL2P Contributor