Ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire harissou du nom du notaire de Maroua détenu depuis un peu plus de trois ans prend des allures de procès en sorcellerie. En effet, à la dernière audience de vendredi dernier, le juge par un jugement d’avant dire droit, a rejeté le témoignage de Mama Abakai pour avoir été présenté hors délai légal.
Le commissaire du gouvernement a donc demandé un renvoi pour a-t-il tenté d’expliquer “Changer de stratégie” puisque son témoin ne peut plus déposer.
Mama Abakaï, maire de Lagdo, est l’ex-otage qui était détenu en République centrafricaine avec 13 autres pendant un an et demi. Libéré le 8 juillet 2016, Il aurait déclaré, selon L’œil du Sahel : « nos ravisseurs étaient des éléments de la branche Boko Haram d’Aboubakar Sidiki. Ils avaient posé comme conditions, la libération de leur chef Aboubakar Sidiki et de onze de ses éléments ».
Depuis, on sait que le co-accusé de Me Harissou est victime d’une homonymie. Alors l’affaire a été renvoyée au 25 septembre prochain pour débats. Malgré la protestation des avocats. Mais on peut tirer quelques enseignements de cette audience de vendredi dernier: Le commissaire du gouvernement, en misant tout sur son joker le maire de Lagdo, Mama Abakaï a été déboussolé par la décision du juge Edou qui a déclaré irrecevable ce témoignage, à laquelle il ne s’attendait pas visiblement.
C’est la deuxième fois qu’un juge prend sur lui de ne pas suivre l’accusation dans sa tentative désespéré de s’accrocher à un fait obsolète dans son essence. Par la décision de ne pas retenir le témoignage de Mama Abakaï, le juge semble aller dans le sens de son prédécesseur M. Iroume, qui avait rejeté les éléments de preuve présentés par le parquet militaire.
Est-ce un début de prise de conscience des magistrats qui ont compris qu’ils doivent prendre leur courage à deux mains, se montrer indépendants et redorer leur blason et celui de la justice camerounaise dont l’image est complètement écornée ces dernières années ? « Ce qui vaut à notre pays de revers honteux au niveau des juridictions internationales qui infirment régulièrement les décisions prises par les tribunaux camerounais sous la pression du pouvoir exécutif », commente un observateur qui ajoute : « ou bien le gouvernement a compris que le monde a changé et qu’il ne sert plus à rien d’intervenir dans des dossiers aussi vides que celui de Me Harissou dont l’accusation n’a pu apporter aucun élément de preuve contre le notaire honoraire ».
Dans tous les cas, quelle que soit l’hypothèse retenue, c’est une bonne chose et il faut que ça continue parce que la justice est le dernier recours du citoyen dans un Etat de droit.
© Quotidien Le Messager : Edking