Alors que Paul Biya est attendu à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies, le Comité de protection des journalistes sort ce mercredi 20 septembre un rapport sur la liberté de la presse.
Ce rapport démontre une fois de plus comment la législation antiterroriste de 2014 est utilisée pour museler la presse ou l’opposition. A cet égard, le cas de notre correspondant Ahmed Abba, emprisonné depuis deux ans, est emblématique, explique Robert Mahoney, directeur adjoint du CPJ :
« Il a été accusé d’avoir violé la loi antiterroriste camerounaise et pour nous c’est ça le problème. Parce que c’est une législation antiterroriste qui est utilisée pour imposer le silence aux opposants et réprimer la dissidence au Cameroun. Et c’est tous les journalistes camerounais qui en souffrent. On a interviewé pas mal de journalistes pour rédiger ce rapport et ils nous affirment tous qu’ils craignent le risque d’arrestation ou de clôture de leur publication et qu’il règne là-bas une atmosphère de crainte et d’autocensure. Il faut absolument que Bruxelles condamne publiquement les restrictions à l’encontre des journalistes au Cameroun. On sait déjà que le cas d’Ahmed Abba est très connu à Paris, à Bruxelles et les autres capitales européennes, mais il faut que les dirigeants européens fassent une déclaration publique et forte, demandant au président Biya de libérer notre confrère. Une pression diplomatique constante c’est le seul moyen, à mon avis, d’assurer sa remise en liberté », estime-t-il.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma-Bakary, vient de réagir aux accusations du Comité de protection des journalistes. Le porte-parole du gouvernement nie ces accusations et assure que la liberté de presse est totale dans son pays, mais un bémol, il rappelle que le pays est en guerre.
« Nous sommes en état de guerre. Et tous les Etats du monde en état de guerre ont des lois antiterroristes. En cela, le Cameroun n’innove pas. En France, aux Etats-Unis, vous avez des lois antiterroristes. Simplement, une seule chose n’est pas autorisée, c’est tout discours qui va à rebours de la volonté de notre nation de se protéger. Les journalistes peuvent dire ce qu’ils veulent pourvu que ce soit conforme à la défense de nos institutions, de notre Etat, de notre gouvernement qui est aujourd’hui en guerre », estime-t-il.
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Cameroun – Liberté de la presse: Le Comité de protection des journalistes accable le Cameroun, le Gouvernement réagit
Ce rapport tend à démontrer comment la loi antiterroriste de 2014 est utilisée pour museler la presse ou l’opposition camerounaise. À cet égard, le cas du correspondant de Radio France International (RFI), Ahmed Abba, emprisonné depuis deux ans, est cité en exemple.
«Il a été accusé d’avoir violé la loi antiterroriste camerounaise et pour nous c’est ça le problème. Parce que c’est une législation antiterroriste qui est utilisée pour imposer le silence aux opposants et réprimer la dissidence au Cameroun. Et c’est tous les journalistes camerounais qui en souffrent. On a interviewé pas mal de journalistes pour rédiger ce rapport et ils nous affirment tous qu’ils craignent le risque d’arrestation ou de clôture de leur publication et qu’il règne là-bas une atmosphère de crainte et d’autocensure», explique Robert Mahoney, directeur adjoint du CPJ.
Selon ce dernier, il faut absolument que Bruxelles condamne publiquement les restrictions à l’encontre des journalistes au Cameroun. «On sait déjà que le cas d’Ahmed Abba est très connu à Paris, à Bruxelles et les autres capitales européennes, mais il faut que les dirigeants européens fassent une déclaration publique et forte, demandant au président Biya de libérer notre confrère. Une pression diplomatique constante c’est le seul moyen, à mon avis, d’assurer sa remise en liberté», estime-t-il.
La réaction du Gouvernement ne s’est pas fait attendre. Sur les ondes du Poste national, cette mi-journée, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication, a qualifié ces propos de «condescendants». «Ce discours est un discours condescendant, un discours attentatoire à l’honneur et à la dignité de ce grand pays qu’est le Cameroun. N’êtes-vous pas surpris que ce monsieur ose demander à Bruxelles, Paris et autres d’exercer des pressions sur le Président Biya pour qu’il libère quelqu’un qui a été pris en flagrant délit de soutien aux terroristes ? Puisqu’on a trouvé par-devers lui des équipements qui attestent de sa connivence avec les terroristes».
Pour le porte-parole du Gouvernement, «non seulement nous rejetons ces accusations, nous disons que notre nation n’a jamais accepté une puissance tutélaire quelle qu’elle soit. Le Cameroun n’a jamais été un Etat bananier, il ne saura jamais être ravalé au rang d’un Etat bananier. Le Président Biya obéit toujours à sa conscience et à la volonté de sa nation. Aujourd’hui toute sa nation est solidaire dernière lui, derrière son armée pour la protection de notre nation, la protection de nos institutions, la protection de l’intégrité territoriale de notre nation».
«Je les mets au défi de me prouver qu’un seul journaliste, dans l’exercice de son métier, a été inquiété encore moins arrêté du fait de la loi anti-terroriste. Au même titre, qu’ils me disent quel homme politique a été inquiété du fait de cette loi dans l’exercice de responsabilité politique. Non, c’est des propos mensongers, des propos diffamatoires, des propos attentatoires à notre honneur. Ces propos, nous les rejetons, nous ne les acceptons pas», a conclu Issa Tchiroma Bakary.
Par Liliane J. NDANGUE | Cameroon-Info.Net
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Journalistes, pas terroristes: Au Cameroun, la législation anti-terroriste est utilisée pour imposer silence aux opposants et réprimer la dissidence
En 2014, le Cameroun a promulgué une loi antiterroriste excessive dans le cadre de sa lutte contre le groupe extrémiste Boko Haram, mais les autorités s’en servent pour arrêter et menacer les journalistes locaux qui couvrent les militants ou l’agitation sociale dans les régions anglophones du pays. Un décret présidentiel en août 2017 a mis fin aux poursuites judiciaires contre au moins quatre journalistes, mais les lois qui ont été utilisées contre eux sont encore en place. Le correspondant de RFI Ahmed Abba reste en prison. Avec les élections qui auront lieu l’année prochaine, bon nombre des journalistes au Cameroun se disent trop effrayés pour couvrir la politique ou des sujets sensibles.
Un rapport spécial publié par le Comité pour la protection des journalistes.
Publié le 20 septembre 2017