Cameroun: “Amadou Ali, Despotisme Legal et Politique de l’Empathie”
Amadou Ali, l’ancien tout puissant Ministre d’État en charge de la Justice de Paul Biya, toujours son vice-premier ministre, Peut-il être malade? Pourrait-il un seul instant endurer les souffrances qu’il a délibérément infligées à tant de respectables serviteurs de l’État du Cameroun et à leurs familles, même si il n’en était qu’un des exécuteurs zélés des ordres du dictateur?
Contrairement à ce que pensent les ennemis jurés du CL2P, le CL2P n’est pas une organisation des droits civils et politiques qui supporte la «corruption». Le CL2P soutient l’objectif déclaré du Président de lutter contre la corruption endémique qui mine le Cameroun. Cependant le CL2P a toujours condamné sans ambages tous les procureurs ambitieux qui cherchent d’abord à se faire un nom et une carrière au détriment des droits civils et politiques inaliénables des Camerounais ordinaires, avec des accusations à tiroir souvent montées de toutes pièces. Le CL2P exige qu’un homme exerçant une enquête criminelle démontre au moins un minimum d’impartialité. En se faisant le chantre des purges politiques sous le couvert de « l’Opération Epervier », Amadou Ali – que le journal camerounais REPÈRES surnomme «le mauvais génie du Renouveau» – a clairement affiché son impatience de ruiner la carrière, sur tous les fronts et à toutes les occasions, de toute personne assimilée à une menace politique définitive contre le régime Biya. Ses actes témoignent d’un homme qui a eu des comptes personnels à régler, ce qui n’a strictement rien à avoir avec la Justice républicaine.
Pour autant, il n’y a aucun désamour entre Amadou Ali et nous, et c’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas souhaiter qu’il soit malade, pas plus d’ailleurs nous nous réjouirions. Vivement qu’il s’en remette donc, parce que nous aimerions et souhaitons par dessus tout le confronter à ses actes, dans le cadre de nos missions au CL2P, afin de montrer notamment au grand jour la différence entre la Justice et le despotisme légal. Et il ne sera pas le seul dans ce cas de figure…Nous lui souhaitons un prompt rétablissement, ne pouvant humainement vouloir aux pires bourreaux et tortionnaires de la république du Cameroun de connaître les souffrances vécues dans leur chair par leurs victimes, qui y ont parfois laissé la vie.
Despotisme légal et Politique d’empathie
En ce qui concerne le despotisme légal et la politique d’empathie, le CL2P comprend que dans une culture judiciaire qui fonctionne sur un pacte de sang entre le dictateur et ses «créatures», puis le besoin constant de «victimes sacrificielles» afin de préserver intacte la façade cosmétique de la force et de la stabilité du Cameroun, l’élément humain disparaît inévitablement. Mais nous avons tendance à oublier que dans un système despotique, les victimes sont aussi des individus de chair et d’os, avec des familles, des amis. Qu’ils sont des êtres chers, aimés, et non ces «monstres» dépeints à longueur de journée par le régime de Yaoundé dans les médias à sa solde.
Nous devrions regarder de près l’exemple d’Amadou Ali pour prendre enfin conscience de la situation inhumaine des victimes agonisantes ou mortes sous l’effet du despotisme légal de Paul Biya, et réaliser combien celui-ci ruine les vies de nos concitoyens. Nous devons pour cela garder à l’esprit qu’il y a toujours deux côtés dans toute dispute légale, et que l’empathie tient ici le rôle d’une combinaison entre la pensée rationnelle et la compassion significative qui, mise en pratique, n’est autre qu’une compassion rationnelle. Et si la compassion rationnelle veut ou doit réellement avoir un impact, cela implique à l’inverse que la politique -pour être forte et crédible – organise de manière systémique les empathies. Cette organisation exige ainsi des récits sur l’oppression vécue, et des hiérarchies dans la victimisation, qui feront comprendre que toutes les souffrances endurées sous une dictature sanguinaire comme celle de Paul Biya ne sont pas nécessairement égales.
Ne pas perdons pas de vue qui est la véritable victime ici. Certaines victimes demandent notre compassion totale et sans réserve.
C’est cela notre capacité à nous enquérir de la condition des personnes que nous croyons ne pas être comme nous, à comprendre que toutes les vies sont néanmoins importantes malgré nos différences. En pratique, cela implique une justice et une protection égale pour tous devant la loi. Car l’intérêt de la compassion rationnelle réside d’abord dans notre capacité collective d’agir et non seulement de parler. Ainsi refuser des soins médicaux adéquats à un prisonnier politique ou l’empêcher d’aller enterrer son épouse en toute dignité n’est en aucune manière une compassion rationnelle, même si l’on peut toujours trouver ou avancer toutes sortes de technicalités pour ne pas avoir à le faire. Au contraire, c’est ce genre de pensées et de comportements confinant au despotisme légal qui font précisément comprendre qu’au Cameroun les règles sont pour les autres, faîtes d’abord pour pérenniser le règne arbitraire, avec les conséquences dévastatrices sur le tissus social et le consensus national auxquelles nous assistons désespérément tous les jours.
Par Olivier Tchouaffe, PhD, Contributeur au CL2P et Joël Didier Engo, Président du CL2P
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English version
Cameroon: “Amadou Ali: Legal Despotism and Politics of Empathy”
Amadou Ali? Can he be sick? Could he, for one moment, endure the suffering he deliberately inflicted on so many respectable servants of the State of Cameroon and their families, even if he was only one of the zealous dictator’s willing executioners?
Contrary to what the CL2P’s haters think, the CL2P is not a pro “corruption” civil right organization. The CL2P supports the president’s stated goal to fight endemic corruption in the country. The CL2P, however, always condemns ambitious prosecutors looking to make a name for themselves at the expense of ordinary Cameroonians’ inalienable civil rights and trumped charges. The CL2P expects a man running any part of criminal investigation to project at least a minimal standard of impartiality. By making himself a willing executioner of political purges under the guise of the “Operation Epervier,” Amadou Ali, leaves no doubt that he is eager to ruin the career, on every front and at every opportunity, of anybody believed to be a lethal political threat to the Biya’s regime. That is the furthest thing from impartial which highlights a man who has an ax to grind and this has nothing to with justice.
There is no grudge match, however, between us and Amadou Ali. We can neither wish him sick nor would we dare to wish ill on him. Because we would like, and above all, to confront him with his actions, within the framework of the CL2P’s missions in order to reclaim real justice from legal despotic practices. And he will not be the only one in this case … We wish him a speedy recovery, unable humanely to wish the worst executioners and torturers of the republic of Cameroon the sufferings he inflicted on his victims, who sometimes have been left to die in obscurity.
Legal Despotism and the Politics of Empathy
When it comes to legal despotism and empathy, the CL2P understands that in a judicial culture that functions on a pact of blood between the dictator and its “creatures” and the constant need for “sacrificial victims” to keep a cosmetic façade of strength and stability, the human element falls by the wayside. We tend to forget that these are flesh and bone individuals with family, friends and loved one and not “monsters.”
We should look at Amadou Ali’s example to tackle closely at the agonizing examples the victims of legal despotism is doing on the lives of our fellow citizens. We must always recognize that they are always two sides to any legal disputes and empathy plays a role here as a combination of rational thought and meaningful compassion which in practice is rational compassion. If rational compassion is to be made to do its duty, to be strong and dependable, politics must be, conversely, the systematic organization of empathies. This organizing requires narratives of oppression and hierarchies of victimhood, which will impart the lesson that not all suffering is created equal. Let’s not lose sight of who’s the real victim here. Thus, some sufferers require our most total and unqualified compassion.
This means the capacity to relate to the condition of people we believe are not like us. The thing that makes us realize that all lives matter. Therefore, equal justice and equal protection under the laws for all in practice. The thing about rational compassion is the ability to do something about it not just talking about it. For instance, refusing adequate medical care to a prisoner or preventing him for burying his wife with dignity is not rational compassion even though one can find all kinds of technicalities not to do so. Instead, it is the kind of legal despotic thinking that rules are for other people, the kind of thinking that guarantees arbitrary, incoherent and destructive outcomes.
By Olivier Tchouaffe, PhD, Contributor to the CL2P and Joel Didier Engo, President du CL2P