Depuis le début de ces parodies de procès militaire, menées au nom de la nécessaire et légitime lutte contre le terrorisme, nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention de la communauté internationale et particulièrement de la France, sur le détournement par le régime de Yaoundé de cet objectif par des purges systématiques infligées à des activistes, journalistes, et leaders d’opinion «dérangeant»
Le correspondant de RFI en haoussa à Maroua, Ahmed Abba dans le nord du pays a été notamment déclaré coupable de « blanchiment du produit d’acte terroriste » et a écopé d’une peine d’emprisonnement de 10 ans ferme.
Il n’y a en effet que l’imagination fertile d’un tyran pour faire germer une telle incrimination en détournant et instrumentalisant de la sorte la nécessaire et légitime lutte contre le terrorisme, dans le but non avoué d’exercer indirectement un ignoble chantage diplomatique sur sa puissance protectrice, La France.
Nous n’exigeons rien d’autre que la libération pure et simple du correspondant camerounais en langue haoussa de Radio France Internationale (RFI), Ahmed Abba.
Parce que nous ne pouvons nous résigner et nous taire devant la prise en otage d’un journaliste dans un processus de criminalisation assumée de sa profession par l’appareil judiciaire camerounais, avec une orchestration quasi parfaite (jusqu’ici) des séquestrations arbitraires à des fins politiciennes.
Monsieur Paul Biya, il est enfin temps d’y mettre définitivement un terme, pour l’honneur et la respectabilité internationale de l’État du Cameroun.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Cameroun: le procès en appel du correspondant de RFI, Ahmed Abba, reporté
Au Cameroun, le procès en appel de notre confrère Ahmed Abba, le correspondant de RFI en langue haoussa, emprisonné depuis plus de 2 ans, s’est ouvert ce jeudi 21 septembre mais a été reporté. D’abord accusé d’apologie du terrorisme, il a été acquitté de cette charge lors de son premier procès, mais il a été condamné par un tribunal militaire à 10 ans de prison pour « non-dénonciation » et « blanchiment du produit d’un acte terroriste ».
A l’entame de l’audience, le Commissaire du gouvernement a formulé une requête pour report, arguant pour cela de son impréparation. Surprise sur le banc de la défense, qui s’est aussitôt inquiétée que l’on soit à nouveau dans des démarches dilatoires qui tendraient à faire traîner le procès. Un débat animé sur l’opportunité de ce report s’en est suivi. Il a débouché sur trois demandes de la défense à l’endroit du tribunal.
Maître Charles Tchoungang, l’avocat d’Ahmed Abba, a ainsi sollicité une audience spéciale exclusivement consacrée à cette affaire pour éviter, a-t-il précisé, des renvois dilatoires. Il a aussi demandé à la cour l’autorisation d’administrer ses preuves par des moyens électroniques. Une éventualité qui avait été refusée à la défense lors du jugement en instance.
Enfin, la défense a sollicité que le tribunal enjoigne l’accusation, en conformité avec le Code de procédure pénal et de justice militaire, de lui communiquer la liste de ces témoins et autres moyens de preuve, quinze jours avant la prochaine audience.
Sur la première demande, le tribunal a dit qu’il allait en référer à sa hiérarchie avec diligence. Le président du tribunal, sur le deuxième point, a clairement indiqué qu’il n’était pas opposé. Enfin sur la troisième demande, il a rappelé de manière sibylline que nul n’est censé ignorer la loi. La prochaine audience a été fixée en théorie pour le 19 octobre.