M. Macron, nous continuerons y compris au prix de nos vies et sans vous, à défendre le respect des Droits de l’Homme.
Parce que bien plus que la lutte contre le terrorisme, la vente des rafales, ou la préservation des intérêts stratégiques de la France il y a la VIE, à laquelle tout être humain de France, d’Égypte, ou d’ailleurs attache une valeur inestimable, incomparable; et dont les despotes se plaisent à ôter en toute impunité à ceux qui osent exprimer la moindre opposition à leur pouvoir.
C’est cela le fond de notre désaccord!
De la part du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Droits de l’homme en Egypte: Macron ne veut «pas donner de leçons» à Sissi
A l’occasion de la visite officielle d’Abdel Fattah al-Sissi à Paris, plusieurs ONG ont dénoncé « le silence » des autorités françaises sur le respect des droits humains en Egypte, « la pire crise dans ce pays depuis des décennies », selon elles. Ce mardi, le président français et son homologue égyptien ont réagi à ces critiques lors d’une conférence de presse.
Emmanuel Macron était attendu au tournant. Allait-il évoquer la question des droits de l’homme avec son homologue égyptien alors que la France négocie d’importants contrats économiques avec le Caire ? Lorsqu’il a été interrogé sur le sujet, le président français a été clair : pas question de « donner de leçons » à un pays souverain « en dehors de tout contexte ».
« Je suis conscient du contexte sécuritaire. Le président Sissi a un défi, la stabilité de son pays, la lutte contre les mouvements terroristes, contre un fondamentalisme religieux violent. C’est le contexte dans lequel il doit gouverner, nous ne pouvons en faire abstraction », a-t-il déclaré ce mardi lors d’une conférence de presse à l’Elysée.
Hier, une dizaine d’organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont appelé le chef de l’Etat à mettre fin à la « scandaleuse politique de tolérance » de la France envers le « gouvernement répressif » du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en visite en France pour trois jours.
Emmanuel Macron a rappelé que la lutte contre le terrorisme devait « impérativement être mené dans le respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme ». Mais le président français, qui rencontrait son homologue égyptien pour la première fois depuis son élection, a surtout insisté sur « la coopération très étroite » et le partenariat entre leurs deux pays. « La France se tient aux côtés de l’Egypte car la sécurité de ce pays ami, c’est aussi notre propre sécurité », a-t-il insisté, résumant la stratégie de Paris qui considère l’Égypte comme le principal rempart contre le terrorisme au Moyen-Orient.
« Le peuple égyptien refuse toute pratique violente ou la dictature et le non-respect des droits de l’homme, a déclaré pour sa part le chef de l’Etat égyptien. Mais je suis responsable de 100 millions de personnes dans une région que l’extrémisme a failli transformer en un endroit pour exporter le terrorisme dans le monde entier ». Et d’assurer : « Nous ne pratiquons pas la torture, ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte. »
Mais plusieurs ONG dénonce le bilan catastrophique du président égyptien en matière de respect des droits de l’homme. Rien que sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières dénombre 16 cas de journalistes et blogueurs actuellement derrière les barreaux.
Par RFI
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Le cri d’alarme des ONG avant la visite du président égyptien Al-Sissi à Paris
Attendu lundi 23 octobre à Paris pour sa première visite en France depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, vient de subir l’un de ses pires revers dans sa « guerre contre le terrorisme ». Une attaque non revendiquée d’un groupe djihadiste lourdement armé près de l’oasis de Bahreyia, à 135 km au sud-ouest du Caire, dans le désert occidental qui sépare l’Egypte de la Libye, a en effet causé le mort, vendredi, de 15 à 54 membres des forces de sécurité, selon les sources.
Comme souvent en Egypte, où il est devenu répréhensible de divulguer d’autres chiffres que ceux du ministère de l’intérieur, les bilans sont flous et contradictoires. Le bilan officiel publié samedi soir fait état de 16 policiers tués, 13 blessés et un disparu, ainsi que de 15 combattants islamistes tués ou blessés. Plus tôt dans la journée, des sources sécuritaire et médicale avaient annoncé à l’Agence France-Presse au moins 35 policiers tués. L’agence Associated Press avance un bilan de 54 policiers, dont 20 officiers (2 brigadiers généraux, un colonel and 10 lieutenants-colonels) et 34 conscrits, sur la base de sources sécuritaires anonymes. Selon elles, les forces de sécurité seraient tombées dans une embuscade et auraient souffert d’un manque, récurrent, de coordination entre l’armée et la police.
« Moments douloureux »
Malgré ses efforts, le gouvernement égyptien ne parvient pas à réduire l’insurrection djihadiste implantée dans le nord du Sinaï et qui essaime de plus en plus vers la vallée du Nil, où se multiplient les attaques contre la communauté copte (chrétiens), dont une centaine de membres ont été tués depuis un an. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, qui a noué un lien solide avec le président Sissi, a réitéré samedi le soutien de la France « à la stabilité de l’Egypte dans ces moments douloureux ».
La lutte contre le terrorisme figurera au menu du déjeuner de travail qu’auront Emmanuel Macron et Abdelfattah Al-Sissi mardi, ainsi que la situation en Libye. Le président égyptien est l’un soutiens les plus fermes du maréchal Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne et rival du premier ministre « d’entente nationale » libyen, Faïez Sarraj. La France, qui a parrainé la rencontre de La Celle-Saint-Cloud en juillet, travaille à un rapprochement entre les deux camps, sans lequel aucune stabilisation de la Libye, source majeure de déstabilisation au Sahel et en Méditerranée, tant dans le domaine du terrorisme djihadiste que des trafics migratoires, ne pourra survenir. L’aide de l’Egypte est donc indispensable dans ce domaine.
Le Caire, que les révolutions arabes ont marginalisé sur la scène diplomatique, cherche aussi à retrouver sa place en œuvrant d’arrache-pied à la réconciliation palestinienne entre le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et l’Autorité palestinienne, dirigée par le Fatah de Mahmoud Abbas.
Parallèlement à ces questions régionales et à d’éventuels contrats d’armements – depuis 2015, l’Egypte a acheté pour plus de 6 milliards d’euros d’armes françaises, dont 24 avions Rafale, une frégate, deux porte-hélicoptères Mistral et des missiles –, l’Elysée a promis que serait abordée « la situation des droits de l’homme à laquelle la France est particulièrement attentive ».
L’Egypte du président Sissi, qui vient de prolonger pour trois mois l’état d’urgence déclaré en avril, est devenue en effet un « tombeau » des droits de l’homme : avec 60 000 arrestations ou inculpations depuis 2013 visant toute voix dissidente, des Frères musulmans aux mouvements de la gauche démocratique, en passant par les syndicalistes indépendants, militants associatifs, journalistes, aucun secteur de la société civile n’est épargné. Cinquante-sept homosexuels ont par ailleurs été arrêtés depuis fin septembre. Condamnations à mort (81 exécutions ont eu lieu depuis 2013 alors que 11 personnes sont encore en attente), exécutions extrajudiciaires et disparitions forcées (1 700 depuis 2015) se multiplient, faisant de l’Egypte actuelle une réplique contemporaine du Chili de Pinochet. « Les forces de sécurité égyptiennes ont recours à la torture de façon systématique, selon une enquête publique du Comité des Nations unies contre la torture, qui s’est conclue en 2017 », souligne également Human Rights Watch (HRW), dans son communiqué.
« Les libertés fondamentales, d’expression, de réunion, d’association sont en passe de disparaître », s’alarme Katia Roux, d’Amnesty International, qui insiste sur le « renforcement alarmant de la répression depuis un an et demi ». La loi sur les ONG, promulguée par le président Sissi en mai, donne à l’Etat la possibilité de refuser l’enregistrement des associations, de les fermer, ou de faire annuler les programmes en contradiction avec les objectifs du gouvernement. La justice a convoqué, depuis, pour interrogatoire, 60 dirigeants associatifs.
Sites Internet bloqués
Sur la même période, 131 sites Internet, dont 48 d’information, ont été bloqués. Par ailleurs, 24 militants des droits de l’homme sont sous le coup d’une interdiction de voyager, dont Mohamed Zaree, qui n’a pas pu recevoir le prestigieux prix Martin-Ennals, le 10 octobre à Genève. Dans le message lu par sa femme, M. Zaree rappelle aux pays alliés de l’Egypte que « la sécurité et les droits de l’homme ne peuvent pas être séparés », ajoutant que ces pays doivent « s’assurer que les armes qu’ils lui vendent ne sont pas utilisées pour commettre des violations des droits de l’homme ». « Le président Macron ne devrait pas poursuivre la scandaleuse politique de tolérance de la France envers le gouvernement répressif d’Al-Sissi », déclare en écho Bénédicte Jeannerod, de HRW.
LE MONDE | Par Christophe Ayad