Sortie de la prison de Yaoundé le 4 juillet 2016 et depuis installée en France, la Franco-Camerounaise Lydienne Yen Eyoum a souhaité continuer d’exercer son métier d’avocat. Elle prêtera serment le 15 novembre à Paris.
Après avoir passé le certificat d’aptitude à la profession d’avocat et obtenu les attestations de moralité requises, l’avocate française d’origine camerounaise Lydienne Yen Eyoum prêtera serment au barreau de Paris le 15 novembre, au Palais de justice.
C’est un nouveau départ pour cette ex-avocate du ministère camerounais des Finances qui fut incarcérée six ans et sept mois à la prison centrale de Yaoundé, puis libérée le 4 juillet 2016 par décret présidentiel. Dans ce dossier relatif à une affaire d’honoraires « perçus illégalement », elle avait toujours clamé son innocence.
Par Jeune Afrique
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Depuis la libération de l’avocate française d’origine camerounaise, l’on entend ici et là des compatriotes camerounais appeler à remercier Paul Biya pour sa magnanimité qui fait suite à une décision de condamnation par la justice sur la base des faits de détournements de deniers publics. De telles réactions ne relèvent ni plus ni moins que de la naïveté tant la grâce présidentielle que vient d’accorder Paul Biya à Me Lydienne Eyoum n’en est pas une au sens judiciaire du terme.
Il s’agit en réalité d’une affaire politique réglée par le politique.
Il est important de rappeler que Me Lydienne Eyoum ne s’est pas retrouvée en prison sur la base d’une plainte de son client, le ministère des Finances (qui, du reste ne lui a jamais rien reproché) ni d’un quelconque acte d’auto-saisine du parquet mais sur la base d’une lettre de cachet du secrétaire général à la présidence (proche collaborateur de Paul Biya) de l’époque qui instruit le ministre de la Justice de faire interpeller Me Eyoum et ses co-accusés et de les faire interroger pour «détournements de deniers publics».
Rien de mieux pour traduire la mainmise du politique dans cette procédure.
Pourtant, les enquêtes préliminaires préalablement menées tant par la police judiciaire que par le Secrétariat d’État à la Défense (SED) n’ont révélé aucun détournement de fonds dans cette affaire. La confusion des dépens (frais de procédure distraits au profit de l’avocate de la partie qui a gagné le procès et supportés par la partie perdante) en détournements de deniers publics, le caractère inéquitable du procès de Me Eyoum (le président de la collégialité qui reconnaît son innocence mais promet de la faire condamner, le parquet qui ne fait rien pour citer à comparaître tous les témoins de la défense, etc.) a achevé de convaincre plus d’un de la politisation de cette affaire.
Il était donc de bon ton, au regard d’autant de forfaiture et Me Lydienne Eyoum étant française, que la diplomatie (dont le politique) s’en mêle pour remettre les choses dans le bon ordre. D’où la grâce présidentielle de Paul Biya.
Malheureusement, c’est le Trésor public qui va pâtir d’autant d’inconséquences puisqu’en plus de près de 5 milliards de F CFA d’honoraires que l’État du Cameroun doit à Me Lydienne Eyoum (Cf balance des comptes et règlement d’honoraires du 1er Août 2013), il devra également réparer le préjudice subi par l’avocate pour détention arbitraire, conformément aux recommandations de l’ONU.
Par Michel Biem Tong, Hurinews.com