Crise anglophone: «La politique n’est pas un jeu de massacre»…Venant du principal artisan des massacres des populations civiles anglophones, cette déclaration ne manque pas de culot!
Depuis que les meurtres de gendarmes sont devenus récurrents dans les Régions anglophones du pays, les condamnations de pareils actes ne cessent d’affluer. Dans son édition du 13 novembre 2017, le quotidien gouvernemental Cameroon tribune rapporte la position de Jacques Fame Ndongo, homme politique, Secrétaire à la communication du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), par ailleurs Ministre de l’Enseignement supérieur (MINESUP). Ce dernier est clair, on est là en face d’actes inacceptables que le parti au pouvoir condamne fermement.
«Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais condamne avec la dernière énergie tous les actes terroristes perpétrés, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, par une poignée d’irrédentistes aux desseins anticonstitutionnels. Qui plus est, le meurtre des hommes en tenue, dont la mission permanente est de protéger les biens et les personnes et de défendre l’intégrité territoriale, est un choix abominable que rien ne saurait justifier. Aucune revendication politique, quelque légitime qu’elle soit, ne saurait donner lieu à la mise à mort d’un citoyen, quel que soit son statut. Le président national du RDPC avait tracé la voie de fort belle manière: « Ne nous battons pas. Débattons !», déclare-t-il.
Le Secrétaire à la communication du Comité central du RDPC souligne qu’en cas d’incompréhensions, la solution ne se trouve pas dans la violence mais il faut se concerter et surtout ne pas se massacrer. «Ne nous massacrons pas, car la politique n’est pas un jeu de massacre. C’est un débat d’idées, assorti de propositions concrètes pour bâtir la Cité, en vue du bien commun. S.E. Paul Biya a toujours préconisé le dialogue et la concertation républicains pour résoudre les difficultés qui peuvent, éventuellement, se poser au sein de la République», ajoute-t-il.
Revenant sur la crise anglophone qui a débuté depuis au Cameroun novembre 2016, le Pr Jacques Fame Ndongo note que le dialogue qui a commencé il y a un an, porte déjà ses fruits. «Les Camerounaises et les Camerounais de ces deux régions sont des citoyens lucides et perspicaces. Ils adhèrent, dans leur immense majorité, aux idéaux de la République. Et ce, d’autant plus qu’ils sont les premières et les principales victimes des actes irresponsables d’un groupuscule d’illuminés tapis dans l’ombre (parfois à mille lieues du Cameroun) et intoxiquant de paisibles citoyens par des mots d’ordre loufoques et chimériques. Fort heureusement, les citoyens du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont avant tout, comme tous les autres Camerounais, des femmes et des hommes épris de paix, d’unité et de progrès», conclut-il.
Source: Liliane J. NDANGUE | Cameroon-Info.Net
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Cameroun – Crise Anglophone: L’ONU préoccupée par l’usage «excessif» de la force par des policiers et des militaires contre des manifestants
Le Comité des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a rendu publiques le 10 novembre 2017, ses observations finales concernant le cinquième rapport périodique du Cameroun. Les experts indépendants dudit Comité se sont prononcés sur la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais ont aussi insisté sur la légitimité de la lutte contre le terrorisme.
Concernant la crise dite anglophone, le Comité a demandé au Cameroun de « prendre les mesures nécessaires pour s’assurer du traitement égalitaire de la minorité anglophone et garantir ses droits d’expression et de réunion ». Les experts estiment qu’il y a des « discriminations d’accès à l’emploi et à la participation publique et de restrictions des droits d’expression et de manifestation pacifiques de la minorité anglophone ».
Le comite souligne qu’il a reçu des informations faisant état d’«atteintes à la liberté de réunion, en particulier dans le cadre de la crise anglophone, et d’usage excessif de la force par des agents des services de police pour disperser les manifestations, ayant engendré des morts et des blessés lors des événements du 1er octobre 2017 ».Les experts des Droits de l’Homme de l’ONU invitent les autorités camerounaises à « mener promptement des enquêtes impartiales et efficaces et traduire les responsables en justice », dans tous les cas où il y a eu usage excessif de la force pour disperser des manifestations dans le cadre de cette crise.
S’agissant de la guerre contre le terrorisme à l’Extrême-Nord, le Comité estime que « la lutte contre Boko-Haram doit être menée dans le respect des droits humains ».
Par ailleurs, l’ONU est aussi préoccupée par la loi antiterroriste du 2014/028 adoptée le 23 décembre 2014. D’après l’Organisation c’est une disposition « introduisant de nouveaux motifs de peine de mort, des dispositions contraires aux garanties fondamentales de la personne et la compétence des tribunaux militaires, y compris sur les civils ».
Le Comité s’inquiète également des allégations selon lesquelles la loi antiterroriste est largement appliquée, « notamment pour non dénonciation supposée d’activités de terrorisme ». D’autant que des informations font état « de nombreux abus, tels que des détentions arbitraires, tortures ou exécutions extra judiciaires, qui seraient commis au nom de la lutte contre le terrorisme ».
Par Peter KUM | Cameroon-Info.Net