Il s’agit des responsables politiques et judiciaires dont les actes ont contribué à briser des carrières, des vies et des familles des personnes qui ont été où sont incarcérés pour soi-disant détournements de fonds publics, de Titus Edzoa à Amadou Vamoulké en passant Engo Pierre Désiré, Atangana Mebara, Abah Abah, Olanguena Awono, Marafa, etc. Il s’agit de :
PAUL BIYA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Garant constitutionnel de l’indépendance de la justice et président du Conseil supérieur de la magistrature, le chef de l’Etat camerounais est le tout premier responsable de la détention arbitraire de ces compatriotes séquestrés dans les prisons camerounaises pour des motifs politiques, dans le cadre de l’Opération anti-corruption « Epervier ».
Lors du recensement général de la population en novembre 2005, le dictateur Paul Biya a fait une déclaration très grave devant les caméras de la Crtv-Télé dans un Etat qui se veut de droit. Il disait avoir donné des instructions au gouvernement pour que des personnalités accusées de détournements soit interpellés. Ce qui sera fait dès fin février 2006.
Le porte-parole de son gouvernement a d’ailleurs reconnu le 10 mars 2016 que Paul Biya était le donneur d’ordre dans le cadre de l’Opération Epervier.
JEAN FOUMANE AKAME, CONSEILLER JURIDIQUE DE PAUL BIYA
Il est le disque dur de l’Opération Epervier. Magistrat de formation, conseiller juridique du chef de l’Etat et un de ses proches parents, il est celui que le chef de l’Etat consulte avant de mettre en branle la machine judiciaire contre un ancien proche collaborateur de Paul Biya.
AMADOU ALI, ANCIEN MINISTRE DE LA JUSTICE
Son rôle dans l’incarcération de certains détenus politiques camerounais a été plus que déterminant. Après l’arrestation le 4 juillet 1997 de Titus Edzoa, ancien secrétaire général à la présidence et ex-baron du régime, le quotidien privé Le Messager a publié le listing d’une conversation entre lui (secrétaire général à la présidence de l’époque) et Edouard Akame Mfoumou (proche parent de Paul Biya) au cours de laquelle ils envisageaient de mettre en place un « rouleau compresseur » judiciaire pour maintenir Edzoa en prison le plus longtemps possible.
Ministre de la Justice entre avril 2001 et décembre 2011, c’est qui lui annonçait au Parlement les dossiers (qui lui parvenait sans doute de la présidence) sur le point d’être mis à la disposition de la justice. C’est toujours Amadou Ali qui a débloqué 500 millions pour une pseudo-enquête sur les avoirs de certaines hautes personnalités de Républiques dans les banques occidentales. Cette pseudo-enquête a accouché d’une fausse liste de « fonctionnaires-milliardaires » sur la base de laquelle certains ont été jetés en prison.
LAURENT ESSO, ACTUEL MINISTRE DE LA JUSTICE
Successeur d’Amadou Ali depuis 2011, c’est par lui que transite les ordres de la présidence de la République aux magistrats en charge de la « lutte contre les prévaricateurs » façon Biya. Du temps où il fut secrétaire général à la présidence, c’est lui qui, le 2 mars 2008, a signé une note avec l’accord de Paul Biya pour l’interpellation de l’ancien ministre de la Santé, Urbain Olanguena Awono.
EDGARD ALAIN MEBE NGO’O, ANCIEN PATRON DE LA POLICE
Du temps où il était Délégué général à la sureté nationale (8 décembre 2004-30 juin 2009), c’est sous les instructions d’Edgard Alain Mebe Ngo’o (fils adoptif de Paul Biya) que les passeports de certains détenus politiques ont été retirés courant mars 2008 avant leurs arrestations. C’est aussi sous lui qu’est né le fameux G11 (du nom de ce groupe de jeunes proches collaborateurs de Paul Biya soupçonnés d’ambitions présidentielles en perspective des élections présidentielles de 2011) au cœur des services de renseignements camerounais. C’est également sous Edgard Alain Mebe Ngo’o que le Groupement spécial d’opération, une unité de la police en charge du grand banditisme, a été mobilisé pour interpeller de manière spectaculaire et même d’humilier certains « Eperviables ».
HENRI EYEBE AYISSI, SIEGFRIED DAVID ETAME MASSOMA
L’un est aujourd’hui ministre de l’Agriculture, l’autre sénateur. Entre le 8 décembre 2004 et le 2 octobre 2015, ils ont été tour à tour ministre délégué à la présidence en charge du Contrôle supérieur de l’Etat. C’est sous leur autorité que cet organisme en charge de contrôler la gestion des ordonnateurs et comptables publics a bâclé certains rapports d’enquête comme celui de l’ancien ministre des Travaux publics, Dieudonné Ambassa Zang (exilé politique en France), de l’ancien ministre de la Santé, Urbain Olanguena Awono, de l’ancien directeur général de Société de développement du coton, Iya Mohamed, etc. Ces rapports de vérification ont été lourds de conséquence pour la situation carcérale et judiciaire de ces personnes.
LES MAGISTRATS EN CHARGE DE CETTE OPERATION D’EPURATION POLITIQUE
Il s’agit de Jean Fils Kleber Ntamack, Batoum, Pascal Magnanguemabe, Mvondo Evezo’o, David Donhou, Yap Abdou, Francis Moukouri, Annie Noëlle Bahounoui, Nicole Tchakountio Ngounou, Emile Zéphirin Nsoga et bien d’autres. Ces magistrats ont de par leurs ordonnances et leur décision, contribué à briser les carrières, les vies et les familles de ces anciens hauts commis de l’Etat incarcérés.
Toutes personnes ou catégories de personnes sus-citées devront répondre des faits de « séquestration » en cas de chute du régime de Paul Biya devant les tribunaux ou mieux devant le tribunal de l’Histoire. Car il faudra bien rendre justice pour ces carrières détruites, pour ces familles en lambeaux. Pour des détournements de deniers publics complètement imaginaires. Il le faut véritablement !
Par Michel BIEM TONG, Hurinews.com