Cameroun, Crise anglophone: que se passe-t-il?
Albert Camus écrit que « mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde ». Ainsi, que se passe-t-il au Cameroun avec la crise des anglophones où le nombre de morts des forces militaires et de la population indigène continue de croître quotidiennement? Est-ce une rébellion, une insurrection, une guerre civile, une contre-insurrection, une opération de police, une contre-violence indigène, une guerre de libération?
Le CL2P, dans son expertise éclairée sur les droits de l’homme, a documenté que les Camerounais anglophones ne ressentent pas l’égalitarisme éclairé que le régime de Yaoundé diffuse quotidiennement. Par conséquent, cette attitude rend toutes les politiques gouvernementales d’inclusion et de diversité au Cameroun problématiques. De plus, il y a une politique croissante de coercition directe avec des meurtres extrajudiciaires, l’emprisonnement, l’occupation militaire et le couvre-feu qui, pris ensemble, transforment les Camerounais anglophones en sujets brutalisés du gouvernement. Cette brutalisation des Camerounais anglophones pointe vers un état d’urgence qui ne dit pas son nom. Quelque chose qui semble de plus en plus être une entreprise criminelle parrainée par l’État. La vraie question, par conséquent, est-ce que la solution militaire est la meilleure façon de gérer la crise anglophone?
L’approche militaire est en contradiction avec toute forme d’auto-gouvernance démocratique et crée, au contraire, un climat d’insécurité et de violence. La militarisation de la crise anglophone n’est en aucun cas une approche pour développer une politique transformationnelle et un consensus démocratique.
De plus, le régime de Yaoundé continue de fonctionner dans un modèle archaïque de droits souverains et ne parvient pas à noter que toutes les violations des droits de l’homme pendant cette crise anglophone sont plus que susceptibles d’être portées devant le Tribunal international de La Haye.
C’est dans cette optique que le CL2P appelle à un refus total de L’ESCALADE GUERRIÈRE ET MEURTRIÈRE DANS LAQUELLE NOUS ENLISENT M. BIYA ET SES FAUCONS!
Une escalade guerrière qui profite d’abord et uniquement à Paul Biya, dans son addiction au pouvoir et sa détermination à le confisquer par tous les moyens jusqu’à la mort.
Nullement à ce Cameroun uni auquel nous tenons tous, et dont ce despote a hérité il y a 35 années de Ahmadou Ahidjo.
Et il est temps que nous reconnaissions une triste vérité: le Cameroun est actuellement en train de livrer sa seconde guerre civile. La crise anglophone est une seconde guerre civile. Et revoilà donc ce pays embarqué dans une seconde guerre intérieure – après celle menée contre les terroristes de Boko Haram – et qu’il pouvait éviter si seulement un véritable processus de dialogue inclusif avait été initié puis poursuivi, et surtout n’eût été le nihilisme et les calculs machiavéliques d’un tyran et ses faucons qui trouvent là une opportunité inespérée de pérenniser indéfiniment leur bail au pouvoir, en alléguant d’une “indivisibilité” aux ressorts identitaires, aux antipodes du principe d’intangibilité des frontières irritées de la colonisation dans lequel se reconnaissent tous les Africains.
Par conséquent, vous ne pouvez pas faire un nouveau Cameroun à partir de vieux Camerounais, pour la même raison que vous ne pouvez pas construire une nouvelle voiture à partir de vieilles pièces. De même, “personne ne met du vin nouveau dans de vieilles bouteilles; sinon le vin nouveau fera éclater les bouteilles et se répandra, et les bouteilles périront. Mais le vin nouveau doit être mis dans de nouvelles bouteilles; et les deux sont conservés. Nul homme qui a bu du vin ancien ne désire aussi un nouveau; car il dit: L’ancien est meilleur.
Nous vivons un moment dangereux dans notre histoire, à propos duquel nous devrions être honnêtes. Si nous suivons le nihilisme que nous offre le régime Biya, nous verrons plus de tristesse, plus de violence, des politiques de sécurité nationale plus répressives, moins de prospérité, moins de liberté, et moins de tout ce qui semble moins que le peu de choses que nous avons déjà. Beaucoup d’entre nous n’ont rien et se sont retrouvés réduits en esclavage en Libye ou morts en Méditerranée.
Le CL2P va continuer à tenir courageusement un discours de vérité, même au prix de nos vies, et nous ne céderons jamais aux sirènes du nettoyage ethnique agitées en filigrane par la rhétorique guerrière du régime de Yaoundé contre d’autres Camerounais minoritaires entrés en désobéissance civile depuis plus d’une année, du fait précisément de leur marginalisation institutionnalisée dans ou par la république du Cameroun.
Le CL2P est conscient que ceux qui s’opposent au dictateur travaillent à saper le président et, par conséquent, à saper le pays, et qu’ils devraient être arrêtés en tant que «subversifs» ou «traîtres». L’identification du président avec la nation est une forme particulièrement vénéneuse et idiote du culte de la personnalité et du pouvoir en place. Mais le président n’est pas le pays, et s’opposer au président – indépendamment de son programme politique (si tenté qu’il en ait un autre que la terreur généralisée dans le cas de Paul BIYA)- Ce n’est pas un acte de trahison ou d’outrage. C’est de la politique.
Ainsi, la prochaine fois que vous vous sentirez tenté d’appeler un de vos compatriotes Camerounais un «traître» ou un «mauvais patriote», vous devriez envisager sérieusement l’option infiniment préférable de vous taire.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques
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English version
Cameroon, Anglophone Crisis: What is going on?
Albert Camus writes that “To misnamed things is to add to the misery of the world.” Thus, what is going on in Cameroon with the Anglophone’s crisis where the number of death both from the military forces and the indigenous population continue to grow daily? Is it a rebellion, an insurgency, civil war, counter-insurgency, police operation, indigenous counter-violence, war of liberation?
The CL2P, in its informed expertise on human rights, has documented that the Anglophone-speaking Cameroonians do not feel the enlightened egalitarianism the regime of Yaoundé is propagandizing daily. Consequently, rendering all the government politics of inclusion and diversity in Cameroon problematic. More, there is a mounting politics of direct coercion with extra-legal murders, imprisonment, military occupation and curfew which, taken together, turn Anglophone speaking Cameroonians into brutalized subjects of the government. This brutalization of the Anglophone Cameroonians points to a state of emergency which is not saying its name. Something that increasingly appears to be a state sponsored criminal enterprise. The real question, therefore, is it the military solution the best way to handle the Anglophone crisis?
The military approach is contradictory to any form of democratic self-governance and create, instead, a climate of insecurity and violence. The militarization of the Anglophone crisis is in no way an approach to develop transformational politics and democratic consensus.
Furthermore, the regime of Yaoundé continues to operate in an archaic model of sovereign rights and failing to note that all the violation of human rights during this Anglophone crisis is more than likely to come up to the International Tribunal of La Hague.
This is where the CL2P is against all forms of escalation of violence in the ANGLOPHONE CRISIS: Particularly, the one that Mr. BIYA AND The Hawk of his regime are planning.
A warlike escalation that benefits first and only Paul Biya, and his obscene obsession with power and his wrongheaded determination to keep power by all means necessary as a celebration of obscene immortality.
This Not at all the United Cameroon we all hold dear. This is a Cameroon inherited and molded by 35 years of dictatorship from Ahmadou Ahidjo.
And it is time that we acknowledge a sad truth: Cameroon is currently fighting its second civil war. The Anglophone crisis is a second civil war – after the one led against the Boko Haram terrorists – wars that could have been avoid if only a real process of inclusive dialogue had been initiated and then continued, and especially if it had not been for the nihilism and Machiavellians calculations of a tyrant and his hawks who find there an unexpected opportunity to indefinitely perpetuate their grips on power, alleging an “indivisibility” to identity, the antipodes of the principle of intangibility of the irritated borders of colonization in which recognize all Africans.
Hence, you cannot make a new Cameroon out of old Cameroonians, for the same reason that you cannot build a new car out of old parts. Likewise, “no man putteth new wine into old bottles; else the new wine will burst the bottles, and be spilled, and the bottles shall perish. But new wine must be put into new bottles; and both are preserved. No man also having drunk old wine straightway desireth new: for he saith, The old is better.”
This is a dangerous moment in our history, about which we ought to be honest. If we follow the course we are on, we will see more unhappiness, more violence, more repressive national-security policies, less prosperity, less freedom, and less of anything that looks less than the few things we already have and many have nothing and found themselves enslaved in Libya or dead in the Mediterranean Sea.
The CL2P will continue to courageously speak truth to power, even at the cost of our lives, and will never give in to the sirens of ethnic cleansing aggrieved by the warlike rhetoric of the Yaoundé regime against others Cameroonians minorities who are acting in civil disobedience for more than a year precisely because of their institutionalized marginalization by the Biya’s regime.
The CL2P understands that those who oppose President Paul Biya are “working to undermine the president, and, therefore, to undermine the country, and that they ought to be arrested as “subversives” or “traitors.” The identification of the president with the nation itself is a particularly poisonous and idiotic form of power-worship. But the president is not the country, and opposing the president — irrespective of his agenda — is not treason. It is politics.
Hence, the next time you feel yourself tempted to call one of your fellow Cameroonians a “traitor,” you should give some serious consideration to the infinitely preferable option of keeping your damned-fool mouth shut.
The Commitee For The Release of Political Prisoners