Il faut parfois rire, y compris face au tragique, dans ce Cameroun où la possession de deux passeports de différentes nationalités aggrave aussitôt le procès permanent en mauvais patriotisme et “d’outrage” à Paul Biya instruit à l’encontre de ses critiques les plus virulents.
Pourtant Dieu seul sait combien ce tyran, tout son entourage proche, et nombre de ses ministres courent après la possession de ces mêmes passeports étrangers, notamment français, délivrés en catimini par le Quai d’Orsay.
Il n’empêche, vous trouverez toujours des crétins parmi leurs partisans prêts à vous brandir la possession d’un passeport américain par Patrice Nganang comme une preuve irréfutable de sa trahison envers la patrie (comprenez envers Paul Biya), et sa détermination à mettre en exécution ses “menaces” virtuelles contre leur dictateur préféré.
Quel pays!!!
Joel Didier Engo, Président du CL2P
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Cameroun: les chefs d’accusation contre l’écrivain Patrice Nganang s’étoffent
Au Cameroun, l’écrivain Patrice Nganang, accusé d’outrage au chef de l’Etat, a été entendu samedi 9 décembre par les enquêteurs de la police judiciaire. L’auteur de « Temps de chien » avait été arrêté mercredi alors qu’il s’envolait pour Harare. En cause : un texte publié le 3 décembre dernier sur sa page Facebook, dans lequel il menaçait « de donner une balle exactement dans le front de Paul Biya ». L’audition de l’écrivain a duré près de quatre heures et les accusations ont sensiblement évolué.
Les enquêteurs ont informé Patrice Nganang qu’il n’était pas seulement poursuivi pour outrage au chef de l’État, mais également pour menaces de mort, immigration clandestine ainsi que faux et usage de faux.
Des accusations que l’écrivain, assisté de son avocat Me Emmanuel Simh, a tenté de démonter point par point. Selon son conseil, Patrice Nganang a ainsi expliqué aux enquêteurs qu’en tant qu’écrivain, il ne pouvait ni outrager ni menacer le président, car il n’y avait aucune chance qu’il se retrouve un jour face à lui et encore moins avec une arme à la main.
Les mots qu’il avait utilisés sur sa page Facebook le 3 décembre n’étaient au final, selon lui, qu’une figure de style. A ses yeux, les accusations d’immigration clandestine et de faux et usage de faux, consécutives à son absence de visa, ne tiennent pas non plus la route, car s’il a un passeport américain, il a également des papiers camerounais.
A ce stade, Patrice Nganang reste sous le régime de la garde à vue, il est toujours dans les locaux de la police judiciaire de Yaoundé. Le procureur devrait décider d’ici lundi s’il opte pour une comparution immédiate ou pour l’ouverture d’une information judiciaire. Son avocat entend déposer lundi matin une demande de remise en liberté.
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Cameroun : les appels se multiplient pour la libération de Patrice Nganang
Si on en sait un peu plus sur les conditions de l’arrestation de l’auteur camerounais dont on était sans nouvelle mercredi, les appels se multiplient pour sa libération alors que Patrice Nganang est poursuivi pour : outrage au chef de l’État, menaces de mort, immigration clandestine ainsi que faux et usage de faux. Il sera entendu ce lundi 11 décembre 2017 par le procureur.
Appels à la libération immédiate
Ce vendredi, le Réseau des défenseurs des droits humains en Africain centrale (Rédhac) et Tribunal Article 53, une association locale de défense des droits humains, ont, dans un communiqué dénoncé « l’enlèvement, l’arrestation et la détention arbitraire” de Patrice Nganang, demandant aux autorités de le « libérer sans condition et à l’immédiat ».
Yaoundé reprocherait à l’auteur de « Temps de chien » et prix Marguerite-Yourcenar d’avoir tenu, sur son compte Facebook, des propos outrageux à l’encontre du président Paul Biya. C’est ce qu’a affirmé dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma dont l’interpellation « est survenue à la suite d’une promesse de mort sur la personne du chef de l’État, proférée par l’intéressé à travers un message posté sur sa page Facebook, le 3 décembre 2017 à 19
Patrice Nganang revenait de la zone anglophone du Cameroun et avait publié, le Mardi 05 décembre 2017, sur le site internet de l’hebdomadaire Jeune Afrique, un « carnet de route en zone (dite) anglophone », très critique envers le président camerounais Paul Biya pour sa gestion de la crise et la répression dans les zones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun. L’auteur qui enseigne la littérature à l’Université de l’État de New York (Suny) a été arrêté à l’aéroport de Douala-Cameroun, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays pour se rendre au Zimbabwe, où réside sa famille.
3 757 signataires
Selon un communiqué rendu public vendredi par son avocat, Me Emmanuel Simh, l’écrivain « serait accusé d’outrage au chef de l’État Paul Biya et mis aux arrêts à la PJ de Yaoundé ». Il « se porte bien et son moral et au beau fixe ».
« J’ai fini par retrouver Patrice et nous avons pu échanger. Il a été arrêté le 6 décembre à Douala, menotté et conduit à Yaoundé dans une voiture qui l’attendait ». Il a été placé « en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire, après qu’on ait confisqué ses téléphones. Il a été délesté de tout ce qu’il avait, sur procès-verbal, et ne pouvait donc communiquer avec personne », a détaillé M. Simh.
Il lui a « été notifié le motif de son arrestation, à savoir l’outrage au président de la république, suivant un post sur son mur Facebook. Il a exigé d’être entendu en présence de son conseil. Ce n’est que vers treize heures qu’on lui a permis de téléphoner ce jour », a ajouté l’avocat.
« Critique féroce et conscience qui ne s’agenouille pas, il a fondé le mouvement Génération Change (organisation de la société civile, qui oeuvre notamment en faveur du développement) et entreprend depuis plusieurs années tout un travail aussi bien sur le terrain que dans son écriture, dénonçant les immobilismes, fustigeant les pouvoirs corrupteurs », a écrit dans sa pétition le collectif d’écrivain.
Trois jours après sa mise en ligne, la pétition avait enregistré près de 3. 757 signatures ce dimanche 10 décembre midi.
Par Le Point Afrique