Je suis de celles et ceux du comité de soutien à Thierry Michel Atangana qui ont plaidé en faveur de cette visite – disons plutôt cette escale de quelques heures à Yaoundé – auprès du président Hollande, lorsqu’il nous avait reçu en audience privée à l’Élysée le 28 mars 2014 avec l’autre ancien prisonnier politique Franco-Camerounais Thierry Michel Atangana (séquestré arbitrairement pendant 17 interminables années dans les sous-sols du secrétariat d’État à la Défense du Cameroun).
En effet j’ai toujours pensé que l’isolement, voire l’éloignement diplomatique d’une tyrannie comme celle en vigueur au Cameroun depuis 33 années, est d’abord une prime donnée à celle-ci pour perpétuer sa répression systématique et pérenniser la privation des libertés. Au moins la présence, y compris pour quelques heures du Président de la France au Cameroun permet de braquer les projecteurs sur des femmes et des hommes qui croupissent en silence dans les mouroirs concentrationnaires de la république du Cameroun, communément présentés par le régime de Paul BIYA comme des “voleurs de la République”, des délinquants voulus de droit commun.
Joël Didier Engo,
Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P).
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Discussion Le Monde Afrique: “François Hollande a-t-il raison de s’afficher avec Paul Biya?”
Le président français a inscrit le Cameroun dans les étapes de sa tournées africaine de juillet 2015. Il passera quelques heures à Yaoundé entre le Bénin et l’Angola. Pour la France, les sujets à l’ordre du jour sont sécuritaires, avec la lutte contre Boko Haram, économiques, avec le dossier du port en eau profonde de Kribi, dont le consortium franco-chinois mené par Bolloré aurait été écarté, mais aussi politiques. François Hollande veut évoquer directement avec Paul Biya le cas de l’avocate franco-camerounaise Lydienne Yen-Eyoum, condamnée à 25 ans de prison pour détournement de fonds. Puis il rencontrera des représentants d’ONG et d’associations de défense des droits de l’homme.
Pour Paul Biya, les enjeux semblent davantage être l’affichage et la légitimation que lui confère cette première visite d’un président français depuis le passage de Jacques Chirac en juillet 1999. Le président camerounais, 82 ans dont 32 au pouvoir, pourrait viser un nouveau mandat en 2018. Son âge, son état de santé et ses absences fréquentes du pays lui valent déjà passablement de critiques, au Cameroun comme en France. Dans ces conditions, François Hollande, qui veut « renouveler » la relation franco-africaine, doit-il vraiment s’afficher aux côtés de Paul Biya ? Quel est votre avis sur la question ?