Dans un de ses posts, Monsieur Nganang qui est un écrivain connu dit ceci :
« Je l’ai déjà dit – ce pays nommé Cameroun ne mérite pas d’exister comme État, et je ne regretterai pas sa disparition. Que celle-ci aie lieu dans la violence ou pas, dans la guerre ou pas, comptez sur moi pour lui assener le coup mortel – en souriant et la joie au cœur. »
On peut critiquer la virulence du propos, on peut contester la motivation puisqu’il le fait en référence aux brimades dont les Bamilékés seraient victimes, mais il faut convenir qu’il pose un problème de fond sur la nature de l’État.
Un État ne saurait être un instrument d’oppression. L’URSS est morte parce qu’elle était devenue une prison des peuples. Elle a prétendu remplacer les hommes que Dieu a créés par des hommes à lieu, des « homo sovieticus » et c’est cela qui l’a tuée.
Et l’histoire est pleine de cadavres de grands États qui ont prétendu se substituer à Dieu.
Un État ne peut pas être une prison des peuples et se justifier par sa propre violence. Le Cameroun n’a pas été créé par Dieu, ni même par les Camerounais. Il n’a aucun caractère naturel, ni nécessaire. C’est une pure création coloniale, totalement contingente qui existe, mais aurait pu ne pas exister. Il aurait pu garder la délimitation allemande où il occupait plus de 750.000 Km2 ou être éclaté en 10 petits pays dessinant les 10 régions actuelles que personne n’aurait trouvé à redire.
Il ne faut donc pas voir le Cameroun comme une divinité, mais davantage comme un instrument au service de ses populations. Et un instrument doit être utile : transformer l’État en une divinité malfaisante capable d’imposer un système oppressif se justifiant sur des concepts philosophiques dénote d’une démarche intellectuellement dévoyée. Elle est entretenue soit par un gang de puissants qui l’utilisent dans une approche purement marxienne comme un instrument d’exploitation, soit par des esprits totémisés qui ne font pas la différence entre le bon sens et les sentiments.
Un Etat doit être un cadre de vie agréable pour tous, un instrument au service du développement et de la paix, la paix pour tous, le développement pour tous. Un Etat qui tire ses valeurs, non des désirs de la population, mais des livres, des conseils des étrangers ou de la philosophie et impose un régime oppressif est clairement criminel et ne doit pas exister.
C’est pour cette raison qu’une phrase du type « la forme de l’État n’est pas négociable » n’est pas seulement un non-sens logique : elle révèle aussi une vision pathologique et profondément dévoyée, où l’État cesse d’être un instrument au service des peuples pour devenir une entité dotée d’une vie propre, des valeurs propres, une idéologie propre, et qui, de ce fait, va refuser de s’adapter au peuple qu’il prétend servir pour tenter de fabriquer à peuple à lui, un peuple formaté à son image.
Et c’est cela même l’essence de l’État néocolonial.
Dieudonné ESSOMBA