Par Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
La programmation de « Le Grand Débat » le 17/01/18 sur Africa numéro 1 avec en invités Julie Owono, Patrice Nganang et Serge Zebe Atega, http://www.africa1.com/spip.
Règle n ° 1 Pas besoin de déni ou de cynisme: Croyez aux éléments de langage de l’autocrate et de ses sbires
En effet, le spécialiste des médias Masha Gessen, qui a vécu dans les autocraties, la plus grande partie de sa vie, et a raconté l’accession au pouvoir de Poutine, de démocrate à autocrate, et a donc passé une grande partie de sa carrière à écrire sur la Russie de Vladimir Poutine a plus d’une sagesse sur comment garder sa santé mentale et le respect de soi dans les régimes autocratiques. Dans ce but, Gessen nous apprend que les médias dans les régimes autocratiques ne sont pas utilisés pour débattre des politiques ou pour atteindre une forme universelle de vérité, mais pour que les serviteurs du régime autocratique privatisent la liberté de parole pour créer et imposer leur version de la réalité, pendant qu’ils dégradent la nôtre. En effet Gessen affirme que dans les médias autocratiques, distinguer la vérité du mensonge est sans importance. Ce qui compte pour l’autocrate et ses serviteurs, c’est l’argent, le pouvoir, l’ego et la violence.
Et, nous ferions mieux de croire l’autocrate et ses serviteurs et ce qu’ils disent! Par exemple, quand ils disent que nos frères et sœurs anglophones sont des « Nigérians » et des « immigres illégaux ». Nous devons les croire. Quand ils légitiment l’utilisation des machines de guerre privatisées et tribalisées pour résoudre le soulèvement des anglophones, il faut les croire. Parce qu’ils gouvernent par des gestes et des intimidations, non par le consensus démocratique!
Ce qui s’est passé ce soir là à l’émission Le Grand débat d’Africa n’était pas un débat, ce que M. Nganang a d’aillleurs rapidement fait remarquer dès le début, mais la normalisation d’une INACCEPTABLE APOLOGIE DE LA HAINE ET DU NETTOYAGE ETHNIQUE D’UN PARTISAN DU RÉGIME BIYA SUR LES ANTENNES D’AFRICA NUMÉRO 1 À PARIS
À ce sujet, Joel Didier Engo, president du CL2P et observateur plus qu’averti de la manipulation médiatique dans les régimes autocratique ajoute que:
“Le peu que j’ai pu suivre de ce débat m’a encore plus convaincu de l’urgence d’une véritable campagne internationale sur les risques de génocide au Cameroun anglophone, voire au-delà. Car lorsqu’un représentant du parti au pouvoir, sans la moindre gêne et sur les ondes d’une radio de grande écoute parisienne, reprend le délire ethniciste de l’écrivain Dieudonné Enoh en déniant toute nationalité et citoyenneté camerounaise à des compatriotes qui ont le seul tort de se dresser contre leur marginalisation institutionnalisée…cela veut clairement dire que les thèses génocidaires sont devenues l’idéologie dominante des partisans du régime en place et de leurs suppôts.”
“Il faut le répéter sans cesse, afin que personne ne dise pas demain qu’il ne savait pas, et surtout bien conserver toutes ces déclarations.”
En effet, les dirigeants politiques emploient un large éventail de tactiques et d’artifices pour unir les gens, y compris pour leur trouver un ennemi commun. Paul Biya et ses sbires sont d’excellents exemples de l’utilisation de l’approche de la diabolisation des anglophones pour renforcer leur soutien interne et légitimer l’état d’urgence pour écraser toute forme de dissidence démocratique et vous feriez mieux de le croire!
Règle n ° 2 Ne soyez pas pris ou abusé par de petits signes de normalité.
En effet, les gens qui croient que l’élection de 2018 résoudra tous les problèmes au Cameroun sont près pour une grande surprise. Sauf que les singes n’apprennent pas de nouveaux tours quand ils atteignent 35 ans, par conséquent, personne ne devrait être assez naïf pour sous-estimer les préjugés idéologiques enracinés de l’ordre établi à Yaoundé qui a empoisonné toute plausibilité d’émergence de tout héroïsme politique et nous oblige à penser pour nous-mêmes. Au,ssi si il y a une partie de vous qui a toujours l’espoir que, malgré toutes ses tendances autocratiques, le régime de Biya reviendra à une sorte de normalité politique, vous avez tout à fait tort.
Cela doit constamment être répété, notamment afin que personne ne dise demain qu’il ne savait pas, et surtout bien garder toutes ces déclarations et écrits. En réalité les gens qui n’écoutent pas l’autocrate et ses serviteurs le font au détriment de leur propre vie. En effet, le régime du Biya a une longue liste de partisans cyniques et pervers masochistes, adeptes du statu quo, qui se présentent souvent comme des « révolutionnaires » ou » des intellectuels au-dessus de la mêlée » mais sont en fait des idéologues et des idiots utiles de ces Régimes africains qu’ils adorent et plébiscitent régulièrement, tout en essayant quotidiennement de faire de leur mieux pour banaliser les débats nécessaires longtemps attendus et tous les problèmes auxquels ces pays sont confrontés.
Règle n ° 3 Les institutions ne vous sauveront pas
Dans les régimes autocratiques, les libertés sont toujours en danger constant. Ainsi, lorsque le gouvernement autocratique de Yaoundé a unilatéralement fermé Internet dans les régions anglophones au motif que les anglophones « ne se soucient pas d’internet », il faut biensûr le croire. Même si Julie Owono soutient que la décision de fermer Internet appartient au système judiciaire, nous devons comprendre que les institutions soi-disant indépendantes ne fonctionnent pas dans des États autocratiques. Le CL2P est plus conscient de cela que les gens ordinaires sur le continent avec sa lutte quotidienne contre le despotisme légal encore répandu en Afrique.
À ce titre, Joël Didier Engo, président du CL2P, écrit que
«Le drame dans ce pays c’est de voir qu’une justice aux ordres peut ainsi infliger toutes les peines les plus surréalistes à des innocents, sachant précisément que cela ne suscitera aucun émoi, aucune indignation, y compris des professionnels du droit, encore moins des supposés acteurs politiques et de la société civile…
Il faudra pourtant un véritable devoir de mémoire pour restaurer l’état de droit dans ce pays.
Car quand des magistrats (je suppose bien formés ) peuvent délibérément condamner des accusés sur des motifs aussi débiles que la «complicité intellectuelle de détournement de deniers publics » ou la “tentative d’escroquerie par voie de publication informatique»…cela veut dire que l’en-sauvagement est généralisé et ne s’encombre même plus avec la science juridique.”
Et Michel Biem Tong de Hurinews de condamner encore une fois de plus, la collusion entre l’État RDPciste et les reseaux ethnofasciste dans les media au Cameroun dont Jean Pierre Amougou Belinga (PDG du Groupe L’Anecdote) et Laurent Esso, l’inamovible baron du regime Biya et ministre de la justice, ce qui lui donne le pouvoir de faire condamner des innocents. Encore, une fois la privatisation des institutions au Cameroun ne sauve pas le peuple et Biem Tong de conclure à l’adresse du geôlier Amougou Belinga: “mais tu n’as pas le temps de Dieu car quand ce temps va sonner, bonjour les dégâts.”
Règle n ° 4: indigné Vous! Si vous suivez la Règle n ° 1 et croyez ce que dit l’autocrate élu, vous ne serez pas surpris. Mais face à l’impulsion de normalisation, il est essentiel de maintenir sa capacité de choc. Cela amènera les gens à vous appeler déraisonnable et hystérique, et à vous accuser de réagir de façon excessive. Ce n’est pas drôle d’être la seule personne hystérique dans la pièce. Préparez vous!
De plus, le CL2P est constamment attaqué sur des allégations infondées et calomnieuses telles que « un petit groupe de charlatans”, “ bande de vendus » ou « idiots utiles » manipulés par une cabale de politiciens corrompus et avides de pouvoir. La réalité est que le CL2P est une organisation de défense des droits humains d’une authenticité irréprochable et que le CL2P ne recule devant rien pour la lutte pour la justice en Afrique.
Règle n ° 5: Ne faites pas de compromis
Dr Nganang comprend que le régime de Biya doit partir. Ceux qui veulent «coopérer» avec le régime de Biya ignorent volontairement la touche corruptrice de l’autocratie, dont l’avenir doit être protégé.
Règle n ° 6: Souvenez-vous du futur. Rien ne dure éternellement. Le système autoritaire de Biya survivra-t-il après son départ? Pour sûr, Paul Biya ne le fera certainement pas malgré la célébration non-stop de son immortalité obscène. Les régimes autoritaires tombent tout le temps et le changement est toujours possible. Mais il n’y a aucune garantie que les choses vont changer pour le mieux. Donc, ne pas imaginer le futur est à nos risques et périls.
Olivier Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Media and Autocracy: A survival Guide for ordinary Africans
By Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
The episode of“Le Grand Debat” on 1/17/18 on Africa number 1 with guests Julie Owono, Patrice Nganang and Serge Zebe Atega, http://www.africa1.com/spip.
Rule #1 No need for Denial or Cynicism: Believe the autocrat and his minions
Indeed, media specialist Masha Gessen, who had lived in autocracies most of her life and has chronicled Putin’s rise to power, from democrat to autocrat, and has spent much of her career writing about Vladimir Putin’s Russia and learned a few rules for surviving in an autocracy and salvaging your sanity and self-respect. Gessen teaches us that media in autocratic regimes are not used for debates around policies or to reach a universal form of the truth but for the autocratic regime’s minions to privatize freedom of speech to create a particular reality while degrading our own sense of reality. Indeed, Gessen claims that in autocratic media, distinguishing truth from falsehood is irrelevant. What matter for the autocrat and his minions is money, power, ego and violence. And, we better believe the autocrat and his minions and what they say! For example, when they say that our Anglophones brothers and sisters are “Nigerians” and “illegal immigrants.” We must believe it. When they legitimize the uses of privatized and tribalized war machines to solve the Anglophones uprising, we must believe them because they do keep their words and they do govern through gestures and intimidations and not democratic consensus.
What was taking place was not a debate, which Dr. Nganang quickly pointed out from the beginning, but the normalization of an UNACCEPTABLE APOLOGY OF HATE AND ETHNIC CLEANING by A PARTISAN OF THE BIYA REGIME ON AFRICA ANTENNAS NUMBER 1 IN PARIS.
The little that we could follow from this debate is the conviction that of the urgency of a real international campaign on the risks of an impending genocide in English-speaking Cameroon, or even beyond.
Because when a representative of the party in power, without the least embarrassment and on the airwaves of a Parisian high-speed radio, takes again the tribal delirium of the writer Mr. Dieudonné Enoh by denying any nationality and Cameroonian citizenship to compatriots who have the only wrong to stand up against their institutionalized marginalization … this clearly means that genocidal theses have become the dominant ideology of the supporters of the regime in place and their henchmen and those who are still in denial about this do so at their own expense.
Indeed, political leaders can employ a wide array of tactics for uniting people, including finding a common enemy. Paul Biya and his minions prime examples of using the demonization approach of the Anglophones to build up their domestic support and legitimize a state of emergency to crush any form of democratic dissent and you better believe it!
Rule# 2 Do not be taken in by small signs of normality.
Indeed, people who believe that the 2018 election will solve all the problems in Cameroon are in for a big surprise. Monkeys do not learn new tricks when they reach 35 years of age, therefore, no one should be naïve enough to underestimate the entrenched ideological prejudice of the established order in Yaoundé has poisoned the plausibility of the emergence of any political heroism and require us to think for ourselves.
Hence, if there’s a part of you that still holds out hope that, for all his autocratic tendencies, the Biya’s regime will revert to a sort of political normality, you are dead wrong. Thus, it must be repeated constantly, so that no one will say tomorrow that he did not know, and especially well keep all these statements, therefore, people who do not listen to the autocrat and his minions do so at the expense of their own lives.
Indeed, the Biya’s regime has a long list of cynical supporters and perverts masochistic partisans of the status quo, who oftentimes, parade as “revolutionary themselves” or “ above the fray intellectuals” but are in fact ideologues and useful idiots of these bloody and corrupt African regimes which they adore and regularly plebiscite these dictatorial regimes in Africa while trying on a daily basis to do their best to trivialize long overdue needed debates and all the problems facing these countries.
Rule #3 Institutions will not save you
In autocratic regimes, liberties are always in constant danger. Thus, when, the autocratic government of Yaoundé unilaterally shut down the internet in the Anglophone regions because the Anglophones “do not care about the internet” we must believe it. Even through that Julie Owono argues that the decision to shut down the internet belong to the judicial system, we must understand that so-called independent institutions do not function in autocratic states. The CL2P is more aware about this than the average folks on the continent with its everyday struggle against legal despotism still prevalent in Africa.
As such, Joel Didier Engo, president of the CL2P, writes that “The tragedy in this country is to see that a so-called justice inflicts all the most surrealist punishments to innocents people, knowing precisely that this will not cause any emotion, no indignation, including legal professionals, let alone supposed political actors and civil society …However, it will take a real duty to remember to restore the rule of law in this country.
For when magistrates (I suppose well trained) can deliberately condemn defendants on motives as stupid as the « intellectual complicity of embezzlement of public funds » or the « attempt of fraud by means of computer publication » … that means that the in-savagery is generalized and does not clutter even more with legal science.
And Michel Biem Tong of Hurinews to condemn yet again, the collusion between the CPDM state and the ethnofascist network in the media in Cameroon including Jean Pierre Amougou Belinga (CEO of the Group Anecdote) and Laurent Esso, the irremovable Baron of the Biya regime and Minister of Justice, which gives them the power to convict innocent people. Again, once the privatization of institutions in Cameroon does not save the people but Biem Tong to conclude: « but you do not have the time of God because when this time will ring, hello the damage. »
Rule #4: Be outraged. If you follow Rule #1 and believe what the autocrat-elect is saying, you will not be surprised. But in the face of the impulse to normalize, it is essential to maintain one’s capacity for shock. This will lead people to call you unreasonable and hysterical, and to accuse you of overreacting. It is no fun to be the only hysterical person in the room. Prepare yourself.
More, the CL2P is constantly attacked with unfounded and slanderous claims such as « small group of charlatans, » « quacks », « sell-out » or « useful idiots » manipulated by a cabal of corrupt and power-hungry politicians. The reality is that the CL2P is a human rights organization with impeccable authenticity and the CL2P will stop at nothing for the fight for justice in Africa.
Rule #5: Don’t make compromises
Dr Nganang understands that the Biya’s regime has to go. Those who want to “cooperate” with the Biya’s regime will be willfully ignoring the corrupting touch of autocracy, from which the future must be protected.
Rule #6: Remember the future. Nothing lasts forever. Will Biya’s authoritarian system survive after he’s gone? For sure, Paul Biya certainly will not despite the non-stop celebration of his obscene immortality. Authoritarian regimes do tumble all the time, and that change is possible. But there is no guarantee things will change for the better. Therefore, failure to imagine the future is at our own peril.
Olivier Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P