Ce continent, avec le potentiel qui est le sien, ne doit plus en être à attendre le Président français – quel qu’il soit – comme “apôtre” ou messie.
Bien au contraire, ce dernier chaque fois qu’il y met pied, devrait susciter la méfiance des populations et des forces du changement, tant de fois abusées par l’indéfectible soutien des différents locataires de l’Élysée aux despotes locaux avec leurs relais et prédateurs de la Françafrique.
Il faut y mettre un terme définitif …Je commence sérieusement à douter que ce soit Emmanuel Macron, eu égard à sa jeunesse, qui nous y aidera.
Hélas non! L’Afrique et les Africains doivent plus que jamais compter sur eux-mêmes.
JDE
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De Tunis à Dakar, Macron poursuit sa tournée d’apôtre des «biens communs»
Emmanuel Macron a entamé ce mercredi, avec son épouse, un long déplacement au sud de la Méditerranée. Deux jours en Tunisie puis deux jours au Sénégal. L’occasion pour le chef de l’Etat de mettre en œuvre une politique africaine dont il veut faire la priorité de sa diplomatie. «L’Afrique n’est pas seulement le continent des migrations et des crises, c’est un continent d’avenir […] que nous ne pouvons pas laisser seul face à ses défis démographiques, climatiques, politiques», avait-il déclaré le 29 août à l’Elysée devant la conférence des ambassadeurs.
Depuis son premier déplacement au Mali, dix jours après son investiture, Macron n’a pas cessé de réaffirmer cette priorité, devant l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, comme devant les étudiants européens venus entendre, à la Sorbonne, son discours sur la refondation de l’UE. Avant la Tunisie et le Sénégal cette semaine, il a déjà visité le Maroc en octobre, le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire en novembre, l’Algérie en décembre. Partout, il explique que sa «stratégie» consiste à mettre en œuvre «un axe intégré» entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe. «Car c’est en Afrique que se joue largement l’avenir du monde», proclamait-il cet été devant les ambassadeurs.
Scolarisation des filles
A Tunis comme à Dakar, Macron prétend agir au nom de «ces biens communs mondiaux» dont il se faisait l’avocat la semaine dernière devant les grands de ce monde réunis à Davos : la défense de l’environnement, la sécurité, la cohésion sociale et l’éducation. L’Elysée insiste tout particulièrement sur ce dernier point. Comme il l’avait annoncé devant l’Assemblée générale des Nations unies, Macron coprésidera à Dakar, avec le président sénégalais Macky Sall, «la conférence de reconstitution» du partenariat mondial sur l’éducation. Une dizaine de chefs d’Etat africains sont attendus à cette conférence. L’Elysée espère qu’elle permettra de collecter auprès de donateurs publics et privés plus de 2 milliards d’euros, somme réunie il y a trois ans lors de la précédente conférence.
En sa qualité d’ambassadrice de ce fonds pour l’éducation, la superstar Rihanna – qui pourrait être présente à Dakar – avait été reçue à l’Elysée le 27 juillet par le couple Macron. Devant les étudiants de l’université de Ouagadougou, le 28 novembre, le chef de l’Etat avait beaucoup insisté sur l’ouverture aux jeunes filles des programmes éducatifs financés par l’aide au développement. Selon l’Elysée, le même discours sera tenu au Sénégal. Même s’il n’insiste pas trop sur ce point, il est clair que le combat pour la scolarisation des filles est aussi, pour Macron, une réponse à l’explosion démographique qui menace le continent africain. Signe de l’importance accordé à la coopération en matière d’Education, les deux ministres français concernés, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, font partie de la délégation présidentielle.
Troubles sociaux
L’environnement, autre «bien commun» en péril, sera le thème du dernier jour de la visite présidentielle, samedi. A l’invitation du maire de Saint-Louis qui l’avait publiquement interpellé lors du sommet One Planet le 12 décembre à Paris, Emmanuel Macron pourra se rendre compte de l’érosion côtière dans cette ville située à l’embouchure du fleuve Sénégal. Le président français s’y rendra accompagné du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lequel devrait débloquer une aide pour protéger «la langue de Barbarie», la bande de sable, classée parc national, qui sépare l’océan du fleuve.
Deux semaines après les troubles sociaux dans plusieurs villes tunisiennes, Macron a prévu d’adresser «un message fort» de «soutien à la transition démocratique» dans le seul pays rescapé du printemps arabe de 2011. Accueilli ce mercredi soir au palais présidentiel de Carthage par son homologue Béji Caïd Essebsi, 91 ans, Macron s’exprimera le lendemain matin devant les députés à l’Assemblée du peuple à Tunis, avant d’aller à la rencontre des représentants du «Quartet du dialogue national», l’association qui a rendu possibles, en 2013, les négociations entre les partis politiques pour la rédaction d’une nouvelle Constitution. Un engagement qui lui avait valu le prix Nobel de la Paix en 2015.