Mourir Idiots: Générations sacrifiées et politique électorale au Cameroun.
Par Joël Didier Engo, Président du CL2P et Olivier J. Tchouaffe, porte-parole du CL2P
Maintenant que le «Libéralisme communautaire» de Biya: a été exposé comme une fraude, une escroquerie politique, car idéologie sans tradition incarnée d’éthique et de précision prédictive qui aurait pu générer un esprit de décision capable d’anticiper risques et bénéfices, puis corriger les problèmes au fur et à mesure qu’ils se posaient au Cameroun; nous anticipons la capacité de construire quelque chose de nouveau tout en analysant l’action et le résultat des politiques publiques sur les Camerounais ordinaires.
Aujourd’hui nul ne doute que des générations de Camerounais, nés de la fin des années soixante jusqu’aujourd’hui, n’ont jamais été la priorité du régime de Yaoundé. Mais comment l’idéologie du libéralisme communautaire, dans la pratique, a-t-elle hégémonisé la primauté du président sur le peuple au Cameroun?
Effet même avec son type de bilan abyssal le régime UNC / RDPC n’a jamais perdu le pouvoir et il se prépare même à un autre couronnement politique avec un score de style soviétique d’au moins 90% des votes. Il va sans dire que ce genre de couronnement populaire traduit un signe évident d’idiotie maligne dont la définition classique consiste de faire la même chose encore et encore et attendre paradoxalement des résultats différents.
Dans ce marché faustien, en conséquence, si l’opposition a une âme, elle devrait s’abstenir de participer à cette farce électorale ou s’obliger au moins à présenter un seul candidat. L’opposition, cependant fait également partie de la génération sacrifiée de Biya. En effet, si vous vivez 35 ans dans un pays où les autorités sont si corrompues, si injustes envers le peuple, la compromission morale devient perpétuelle et une sorte de nouvelle normalité. Nous avons donc un gouvernement et une opposition que nous méritons au Cameroun. Une opposition si compromise qu’elle se contente de servir de marchepied pour le prochain couronnement triomphal de Biya. En effet, les gens qui ont sans arrêt continué à nourrir de trop grands espoirs avec le libéralisme communautaire de Biya sont ou des naïfs, ou des cyniques, ou des opportunistes ; voire les trois à la fois.
Il y a aussi ceux qui ont quitté et continuent de quitter le pays au lieu de rester pour faire un changement social. Si les plus chanceux parviennent à vendre leurs talents et à gagner leur vie en dehors du shithole qu’est le Cameroun de Paul Biya, les plus malchanceux eux sont vendus comme des esclaves ou meurent dans la mer Méditerranée devenue un gigantesque cimetière des migrants.
Ainsi, à mesure que le régime gérontocratique de Biya s’enkyste, il devient de plus en plus difficile de changer quoi que ce soit dans notre vie.
En attendant, nous sommes la génération sacrifiée et la génération de nos enfants est aussi une génération sacrifiée et ceci est une mise en accusation de la génération de nos pères qui étaient tous stupides, égoïstes et des égomaniaques paresseux qui n’ont pas encore su et n’ont en réalité pas voulu savoir comment gouverner un pays sans le ruiner. La plupart du temps, la génération de Biya, avec ses 100 milliards CFA dilapidés en frais de voyages vers nulle part, est symptomatique d’un groupe égoïste, impulsif, et très intolérant, plus que toute autre classe d’âge au Cameroun. Notre malheur est que les choses d’une grande gravité ont toujours été entre les mains de ces gens fondamentalement irresponsables.
En effet tous ces vieillards au pouvoir au Cameroun ou en «réserve de la république» (comme ils disent, ne se soucient jamais des détails de la conception politique, de la mise en œuvre et de l’engagement technocratique. Comme avec leurs egos de la taille d’une planète, ils n’ont jamais considéré la politique comme une affaire sérieuse, nécessitant un travail dur et approfondi. Leur idiotie, leur manque d’effort et leurs vacances prolongées sont presque considérés comme une marque de distinction – Comment expliquer autrement les rues fermées et les gens qui dansent le long de son parcours pour applaudir quelqu’un qui revient de longues vacances en Suisse?
Où est la logique économique impeccable quand les rues ferment, que l’économie d’une ville comme Yaoundé est littéralement à l’arrêt et que les gens prennent quand même le temps de danser dans la rue pour célébrer le retour de quelqu’un qui revient de vacances prolongées? N’est-ce pas une marque de dédain envers le service public et les Camerounais ordinaires?
En réalité ses vieillards sont des délinquants qui considèrent la fonction publique comme un moyen d’obtenir de l’argent, de faire fortune, de susciter l’attention afin de se faire remarquer. Tout ça sans ressentir aucune culpabilité pour la souffrance des plus vulnérables de notre société et pour le néant crée par ce régime qui engloutit tant de ressources publiques et de vies humaines.
Pour remettre tout ceci dans son contexte, il faut dire que tous les gérontocrates au pouvoir au Cameroun sont nés pendant la colonisation, ce qui signifie avant les années 1960. Ils sont tous influencés par les mythes et les rituels de l’État colonial et indifférents à la politique, ce qui signifie un imaginaire colonial plutôt que national, civique, et patriotique. Pris ensemble, tout l’accent est mis sur la politique de respectabilité, le désir d’être remarqué par le maître colonial. Et voilà comment cette politique de respectabilité mène à ce que Mickael Foessel appelle «la logique du Pire ».
La version optimiste de cette histoire est que c’est seulement dans les moments critiques que nous découvrons l’étoffe politique des vrais hommes et femmes d’État, et ce dont ils sont vraiment capables de faire. Se débarrasser de Biya pourrait révéler des réserves de courage et d’innovation enfouis dans le pays depuis des décennies. Ce sera pour le Cameroun le moment pour une forme plus héroïque de leadership politique de renaître de ses cendres. Sinon, nous pourrions tous mourir idiots.
Joël Didier Engo, Président du CL2P et Olivier J. Tchouaffe, porte-parole du CL2P
English version
To die Stupid: Sacrificed Generations and Electoral politics in Cameroon.
By Joel Didier Engo, President of the CL2P and Olivier J. Tchouaffe, Spokesperson of the CL2P
Now that Biya’s “Communal Liberalism: has been exposed as a fraud, an ideology with no sense of ethics, embodied tradition and predictive accuracy that could have generated a spirit of decision capable to anticipate risks and benefits and remedy problems as they occur along the way. Therefore, the capacity to build something new while understanding the action and result of public policies on ordinary Cameroonians.
Now, no one doubt that generations of Cameroonians, born from the end of the sixties up to now, had had nothing raw deal from this Faustian bargain with the regime of Yaoundé but how the ideology of communal liberalism, in practice, hegemonized the primacy of the president over the people. Even with this kind of abysmal record, the regime CNU/CPDM has never lost power and it is getting ready for another political coronation with Soviet style score. It goes without saying that this kind of popular coronation is an evident sign of malignant idiocy which textbook definition is doing to same thing over and over and expecting different results.
If the opposition has any soul, however, they should have abstain from this electoral farce or presented a single candidate. The opposition, however, is also part of Biya’s sacrificed generation. Indeed, if you live 35 years in a country where the authorities are so corrupt, so unfair to people, moral compromise becomes the new normal. So, we have a government and an opposition we deserve. An opposition so compromise to settle for stepping board for Biya’s next coronation.
Indeed, folks who had too high hopes with Biya’s communal liberalism are either naïve, cynical and opportunistic.
There are also those who leave the country instead of sticking around to effect social change. Thus, the luckiest manage to sale their talents and make a living outside of the shithole Cameroon has now turned into. The unluckiest one are either sold as slaves or die in the Mediterranean Sea which has become a gigantic cemetery.
Thus, as Biya’s gerontocratic regime digs in, it becomes increasingly difficult to change anything in our lifetime. In the meantime, we are the sacrificed generation and the generation of our children are sacrificed generation as well and this is an indictment of the generation of our fathers which were all stupid, selfish and entitled lazy egomaniacs who have yet to know how to run a country without running it into the ground. By most account, the Biya’s generation with his 100 billion CFA trips to nowhere is symptomatic of a selfish, impulsive, highly indulged bunch. More so than other age group in Cameroon. Our misfortune is that matters of the greatest seriousness are now in the hands of basically unserious people.
All these men in power in Cameroon never care about the details of policy design, implementation, and technocratic commitment. As with their planet-sized egos, they never saw politics as a serious business, requiring hard, serious work. Their idiocy , lack of effort and extended vacation is taken almost as a mark of distinction – how else can we explain streets being closed and people dancing in the streets to applaud somebody coming back from an extended vacation in Switzerland? Where is the impeccable economic logic when streets are closed shutting down the economy in Yaoundé and people taking time off to dance on the streets for somebody coming back from extended vacations if not a disdain for public service?
These are highly delinquent people who see public service as a way to gain money, attention and to show off and bearing no culpability for the suffering of the most vulnerable in our society and for the deracinating void swallowing up so many others.
To put this into context, all the gerontocrats in power were born during the colony which means before 1960s. They are all influenced by the myths and rituals of the colonial state and indifferent to policy which means a colonial imaginary rather than a national one which means not from a perspective of government and policies but from ways they are perceived. Taken together, an emphasis on the politics of respectability, to be as powerful as the colonial master. How that politics of respectability leads to what Mickael Foessel calls “la logique du Pire.”
The optimistic version of this story is that it’s only when the chips are down we discover what people are truly capable of. Getting rid of Biya might reveal reserves of courage and innovation that have lain dormant for decades in Cameroon. That will be the moment for a more heroic form of political leadership to rise from the ashes. Otherwise, we will all die idiots.
Joel Didier Engo, President of the CL2P and Olivier J. Tchouaffe, Spokesperson of the CL2P