Comme toujours ceux qui sont encore membres du sérail ou en récoltent quelques miettes y verront la chronique d’un odieux opposant, antipatriote.. Mais ceux qui ont pu malgré la répression et le culte exacerbé de la personnalité préservé une once de dignité, d’humanité et de lucidité reconnaîtront dans ce tableau dressé du Cameroun, la triste réalité d’un pays embourbé dans une tyrannie sans fin, et dont les voyages mêmes fastueux en Chine du despote ne trompent plus personne sur la décrépitude d’un système politique agonisant.
Nous sommes à un moment de vérité de l’histoire de ce pays où il faudra soigneusement consigner les dires et écrits de chacun pour établir exactement qui sont ceux qui ont continué à soutenir l’insoutenable pendant que le Cameroun, notre Cameroun à tous, ployait sous la terreur.
Merci Leonide Mfoum Bella.
JDE
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Paul BIYA: une citadelle assiégée.
Au moment où reprend l’opération “épervier”, P. BIYA se trouve en Chine. Normal. Il faut bien qu’il mouille le maillot. Il y a bien sur la balance la CAN, sa CAN, en plus de sa participation à la prochaine présidentielle dont il ne fait plus mystère.
Son voyage en Chine veut donc démontrer aux yeux de l’opinion nationale et internationale qu’il garde des alliés sûrs au sein des nations qui comptent sur la planète terre.
Il vise aussi que la CHINE lui fasse une rallonge financière face à ce qui se noue être la grande déception de son règne: le retrait à notre pays de l’organisation de la CAN. Le cas échéant, cela prouverait aux yeux du monde que Biya n’a plus la stature d’un homme d’État et qu’il ne maîtrise plus rien.
Aussi, le front social gronde. Normal. Jamais les camerounais n’ont connu pire misère comme sous BIYA. Les fonctionnaires qui incarnaient la bourgeoisie camerounaise par leur réussite sont aujourd’hui de parfait clochards. L’eau et l’électricité sont rationnés dans nos villes face à des masses qui, en plus de ne les avoir régulièrement, ne peuvent payer.
Les grèves se multiplient donc. Hier, c’était les ex-employés des sociétés d’État suivis des personnels de santé, aujourd’hui ce sont les enseignants qui sont sur la brèche et qui dénoncent les arriérés de solde qui leur sont imposés.
Autre point chaud, il y a ces institutions de régulation de la vie sociale et politique qui semblent ne plus rassurer personne. Deux logique se côtoient et s’affrontent.
Il y a ceux qui appellent au boycott actif des élections au nombre desquels les extrémistes de la cause anglophone qui les disent biaisées. D’autre part, une mouvance dite “républicaine”, notamment constituée de partis politiques qui milite pour la participation à cette institution.
Aussi et dans le pays, la paix n’est pas. Les armes parlent encore à l’extrême-nord, la région anglophone s’embrase tandis que l’Est s’autorise les escarmouches de quelques bandits armés, favorisé par l’instabilité en Centrafrique.
Économiquement, les tensions de trésorerie se font sentir. C’est patent que l’argent ne circule pas ou très. Les PME ne sont pas payées. La dépense publique d’investissement est rationnée. Les arbitrages budgétaires pour le soutien à la guerre dans les zones en conflit grève les caisses de l’État.
Politiquement, l’éventualité de plus en plus probante du départ du pouvoir de Paul BIYA crée des tensions dans le sérail. Pour preuve: la reprise de l’opération “épervier”.
BIYA est donc assiège et, il semble s’amorcer comme l’écriture d’une chronique de fin de règne et qui s’annonce douloureuse pour notre pays.
LES RESSORTS DE L’OPÉRATION ÉPERVIER.
Sommes-nous en démocratie ou en dictature? Je laisse le choix de la réponse à cette question à chacun d’entre vous.
Personnellement, je pense comme certains savants ayant observé notre scène politique que nous sommes en “démocrature”.
La démocrature est une sorte de dictature vêtue des habits de la démocratie. C’est cela la vraie nature du pouvoir qui nous gouverne.
Ce qui conforte cette observation, c’est effectivement le mode de régulation politique.
Au Cameroun, la conduite de l’opération épervier montre bien que nous sommes face à des purges. Le pouvoir disgracie ses anciens pontes qu’il livre à la vindicte. Un vrai holocauste pour le peuple en quête de coupables de sa misère.
C’est comme-ça que procède les dictatures pour se réguler en vue de réaffirmer l’autorité du leader central pour dissuader tous ceux à qui pourrait venir l’idée de le contester. Cette déchéance, en plus de son caractère humiliant peut aller jusqu’à la mort du déchu.
Ce que nous voyons au Cameroun est régulier en Chine, en Corée du Nord et se voyait aussi en ex-URSS.
Malgré la tourmente, le pouvoir affirme donc que BIYA est encore son chef.
Par Leonide Mfoum