Les acteurs de la société civile nigérienne viennent de passer leur première nuit en prison. Les leaders de la société civile Ali idrissa, Nouhou Arzika et Moussa Tchangari sont poursuivis pour « organisation et participation à une manifestation interdite » et « complicité de destruction de biens publics et privés ». Au total, sur les 23 accusés un seul a été libéré. Plusieurs sympathisants des leaders étaient mardi au tribunal.
Les six leaders de la société civile et les seize autres manifestants ont tous été placés sous mandat dans cinq prisons autour de la capitale, dans la région de Tillabery. Mais dès leur arrivée au parquet un premier incident a opposé le collectif des avocats au doyen des juges.
« L’heure est très grave, a dit le bâtonnier Samna Daouda, parce qu’un juge d’instruction, il instruit à charge et à décharge, mais tout laisse croire que ce juge d’instruction est aux ordres. Nous avons le devoir, en tant qu’avocats, de faire en sorte que la justice passe. »
Pour l’actrice de la société civile Soly Ramatou, ses camarades sont jugés d’avance : « C’est un sentiment de révolte, mais pas de surprise. On savait déjà que les carottes étaient cuites pour nos camarades, nous savons déjà qu’ils étaient jugés d’avance. »
Au moment d’embarquer les leaders pour leurs prisons respectives, un groupe de jeunes a bloqué le passage obligeant les gardes à négocier.
Tout en dénonçant une justice expéditive, Sidikou Moussa se dit déterminé à lutter contre la loi des finances : « Je pense qu’ils pensent que ce sont les leaders qui ont été décapités. Non, de nouvelles têtes sont encore là et nous allons continuer la lutte. » Plusieurs dizaines d’autres manifestants sont activement recherchés par la police.
La campagne internationale « Tournons la page » exige la libération immédiate et sans condition des 23 personnes arrêtées, et la réouverture de la radio-télévision Labaari fermée depuis dimanche soir. « Tournons la page », dénonce également la dérive autoritaire du pouvoir nigérien.