Il va sans dire que nous suivrons avec une attention renouvelée et de manière désintéressée l’évolution des différents dossiers d’accusation, et n’hésiterons pas à relever les violations de procédure, puis à identifier tous les indices pouvant objectivement nous amener à conclure en la persistance d’une justice aux ordres dans le cadre de cette opération dite Épervier au Cameroun.
Parmi les éléments d’appréciation (présentation), nous veillons notamment afin que ne se reproduisent pas:
– La pratique de la disjonction de procédure par les juges d’instruction, qui leur a notamment permis dans des cas précédents de saucissonner un dossier pour le renvoyer par petits bouts devant le tribunal. Résultat, le justiciable se trouvait confronté à une multitude de procès programmés de manière à le maintenir indéfiniment en détention.
– La détention qui devient la règle et non ce qu’elle doit être, une exception, et se double d’un refus systématique de mise en liberté provisoire.
– Les délais de détention préventive et de jugement excessivement longs, avec une multiplication des renvois qui font durer les procès sur plusieurs années.
– La théâtralisation à outrance des arrestations avec le déploiement de dizaines de policiers et devant les caméras de la télévision dans le seul but d’humilier les suspects, transformant de facto la présomption d’innocence en présomption de culpabilité inspirée et alimentée par le pouvoir exécutif
– La précipitation ou l’expédition des audiences – quand elles finissent par se tenir – sans commune mesure avec le déroulement d’une justice sereine.
Ces éléments d’appréciation d’ordre général posées, nous pourrions alors envisager la qualité de prisonniers politiques de certains parmi ces nouveaux pensionnaires, en application de critères objectifs établis par notre organisation depuis sa création. Nous considérons en effet comme prisonnier politique, toute personne qui serait en prison pour des motifs autres que ceux du droit commun (communément avancés par la dictature camerounaise) qui pourraient avoir servi de façade légale au déclenchement de sa descente aux enfers carcérale, à savoir:
1- La personne détenue a été reconnue par les organisations internationales de défense des droits de l’homme comme étant un prisonnier d’opinion
2- La personne détenue est maintenue en prison au-delà de la peine qui a été prononcée contre elle par la justice.
3- Le justiciable fait face à une multiplication de procédures, dans une sorte de procès à tiroirs dont le seul but est de le maintenir en détention sans motif valable.
4- La détention dans une prison spéciale, autre que celle de droit commun
5- La personne incarcérée est reconnue comme faisant l’objet d’une détention arbitraire à la suite d’un avis, d’une résolution, d’une recommandation, ou d’une décision rendue par un organe spécialisé des Nations unies, de l’Union africaine, ou de toute autre organisation multilatérale internationale.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)