CL2P, Corruption et Violence en Afrique Centrale
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
En réponse à l’article «Sale temps pour les cols blancs», du journaliste Georges Dougueli publié le 12 avril 2018 dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, il y a une sagesse qui dit que nous avons tous le gouvernement que nous méritons.
Le chaos politique au Cameroun et au Gabon n’est en cela pas étranger à la pauvreté des institutions dans la sous-région. C’est un système où les Camerounais ordinaires, selon Jacques Fame Ndongo, un apparatchik du régime de Paul Biya, sont des « créatures » du président. La même chose s’applique au Gabon, où les Gabonais ordinaires se référaient à « Yaya Omar » comme le père du pays et chantaient ses louanges en public puis à la télévision pendant des années. En résumé, la vision des Africains ordinaires en tant que sujets manipulables plutôt qu’agents rationnels.
Cela explique en partie pourquoi il n’y a pas de symétrie de pouvoir dans cette sous-région d’Afrique centrale, mais un jeu politique organisé autour de fantasmes de subordination avec des leaders politiques qui n’ont aucun scrupule par rapport à leur jouissance libidinale du pouvoir. Par conséquent, pas de contrat social et pas de règles précises de comportement qui peuvent à tout moment dégénérer dans des formes extrêmes de brutalité.
Dans ces formes de brutalité, ceux qui contrôlent les discours contrôlent la production de la réalité.
C’est là que Frantz Fanon est important parce qu’il met en évidence comment le pouvoir corrompt à la fois les opprimés et les oppresseurs, et se traduit souvent par une jouissance obscène où une population captive et masochiste profite du spectacle macabre des « BAO » du régime traînés dans la boue pour assouvir son plaisir pervers.
Fort de ce triste constat, se dégage l’impérieuse nécessité de faire face aux différents pièges posés par l’impasse politique actuelle en Afrique centrale – où la vraie politique et la lutte des classes sont systématiquement déplacées dans des fantasmes du nationalisme éthique et de production d’une réalité homogène voire hégémonique; structurée en particulier autour des idéologies de la conformité aux pouvoirs en place, avec des Africains ordinaires piégés par leurs gouvernements dans un véritable syndrome de Stockholm.
Cela montre la vacuité de l’opération Épervier ou Mamba qui, en tant que simple stratagème politique et manipulateur mis en place par les dictateurs pour améliorer leurs images, alors qu’ils excluent arbitrairement du champ de bataille politique des gens qu’ils considèrent comme un danger pour leurs régimes. Il ne s’agit pas vraiment de lutte contre la corruption mais d’un outil de régulation et de contrôle social où les gens ordinaires exigent d’être manipulés pour leur propre bien!
Ce faisant, elle fait d’une pierre deux coups: sauver une dictature tout en redonnant un semblant de respectabilité à un régime tyrannique qui aurait déjà dû être consigné dans les poubelles de l’histoire.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
CL2P, Corruption and Violence in Central Africa
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
In response to Georges Dougueli’s Dirty weather for white-collar workers, posted on April 12, 2018, in Jeune Afrique, there is a say that argues that we all have the government we deserve.
The political chaos in Cameroon is not estranged from the poverty of its institutions. It is a system where ordinary Cameroonians, according to Jacques Fame Ndongo, a Biya’s regime apparatchik, claimed that are “creatures” of the president. The same apply to Gabon, where ordinary Gabonese used to refer to “Yaya Omar” as the father of the country and sang his praises in public and on television for years. In practice, the view of ordinary Africans as manipulable subjects rather than rational agents.
Therefore, how, there is no symmetry of power in that central African sub region but a political game organized around fantasies of subordination with political leaders who have no scruples about their libidinal enjoyment of power. Consequently, no social contract and no precise rules of behavior which can degenerate in extreme forms of brutality.
In these forms of brutality, those who control the discourses, control the production of reality.
This is where Frantz Fanon is important because he highlights how power corrupts both the oppressed and the oppressors which often translate in obscene enjoyment where a captive and masochistic population comes to enjoy the regime’s “BAO” being dragged in the mud for their perverse enjoyment.
In what follows, the importance to confront the traps of the current political impasse in Central Africa—where real politics and class struggle are displaced into fantasies of ethic nationalism and the production of a hegemonic homogenous reality particularly and ideologies of conformity as they relate to power with ordinary Africans trapped into a Stockholm Syndrome with their governments.
This shows the vacuity of the Operation Epervier or Mamba which as just political cold and manipulative ploy for dictators to enhance their appeals while they clear the political battlefield of people they consider to be a danger to their regimes. Thus, not really about fighting corruption but a tool for regulation and social control where ordinary people actually demand to be manipulated for their own good!
In the process, killing two birds with one stone which is to save a dictatorship while keeping people compliant to a dictatorial regime that should have already be consigned to the dustbin of history.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P