Un syndicat de journalistes camerounais a appelé jeudi 3 mai, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, à la libération des journalistes anglophones détenus.
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) “demande la libération inconditionnelle de tous les journalistes anglophones emprisonnés”, selon le président de cette organisation, Denis Nkwebo, dans une déclaration lue à Douala.
Depuis le déclenchement en novembre 2016 de cette crise, touchant deux des dix régions du Cameroun, de nombreux journalistes anglophones ont été arrêtés pour leur implication présumée dans le développement des événements.
“Nous avons été à l’œuvre pour la libération des journalistes anglophones injustement incarcérés. Six ont été libérés. D’autres sont encore en prison”, a affirmé le SNJC, sans en préciser le nombre.
Le SNJC sollicite notamment “la clémence et la grâce présidentielle” pour deux journalistes anglophones, dont Mancho Bibixy dit “BBC”, l’une des figures de la contestation anglophone.
Au tout début de la crise, Mancho BBC, animateur de radio, avait pris la tête de la contestation à Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones.
Ses photos haranguant la foule à partir d’un cercueil porté par d’autres activistes avaient alors fait le tour des réseaux sociaux. Arrêté en janvier 2017, il est poursuivi avec plusieurs autres personnes pour “terrorisme” notamment.
De nombreux ONG ont par le passé appelé à sa libération. Son procès doit reprendre le 9 mai au tribunal militaire de Yaoundé.
Deux autres leaders anglophones, dont l’avocat Agbor Nkongho, arrêté quasiment à la même période, ont été libérés fin août, suite à un décret présidentiel ordonnant l’arrêt des poursuites engagées contre eux.
La minorité anglophone du Cameroun (environ 20% de la population) s’estime marginalisée. La situation sécuritaire dans les régions anglophones s’est considérablement dégradée ces derniers mois.
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Depuis fin juin, au moins 33 cas d’assassinats de militaires et de policiers ont été imputés aux combattants séparatistes actifs dans ces régions, selon un décompte de l’AFP fait sur la base des déclarations officielles.
D’autres observateurs évoquent un bilan beaucoup plus lourd. Le nombre de morts chez les civils et les séparatistes reste difficile à établir.
L’armée est régulièrement accusée de mettre à sac des villages entiers et d’être à l’origine d’exécutions sommaires, ce qu’elle dément.
AFP