Le CL2P, Mouroirs Concentrationnaires et Grâce présidentielle au Cameroun
Grâce présidentielle annoncée: toute la cohérence du traitement arbitraire infligé par un dictateur à ses victimes, dont il « récompenserait le silence de certaines », en piétinant les demandes de libération immédiate formulées par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Union Africaine (UA) pour d’autres.
En effet, l’illusion d’un Cameroun présenté comme une idylle de la liberté dans une démocratie bienveillante ne pouvait pas être mieux contredite de manière aussi tranchante que par cette annonce d’une grâce présidentielle qui serait un manquement de plus aux obligations internationales, puis un affichage sur les abus récurrents du régime Biya que le CL2P a patiemment documentés depuis des décennies. En effet les mouroirs concentrationnaires de Biya sont d’abord conçus comme des outils à la discrétion de son régime oppressif, pour discipliner et briser les corps et les âmes.
À titre d’illustration les 78 prisons du Cameroun sont construites pour une capacité maximale de 16 000 détenus. Elles accueillent maintenant 30 000 personnes, dont la majorité attend toujours leur procès. Certaines prisons, comme la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, ont été construites pour contenir seulement 500 détenus. Aujourd’hui, elle en compte plus de 2 000. La prison de New Bell, d’autre part, incarne également l’enfer sur terre. Cette prison la plus peuplée du pays située dans son centre économique de Douala, est remplie de plus de quatre fois plus de prisonniers que sa capacité d’origine ne permet.
Le CL2P condamne sévèrement un système pénitentiaire où les abus de pouvoir sont fréquents
Les détenus sont soumis à des conditions invivables et à d’autres formes de privations extrêmes: manque d’espace, surpeuplement et absence d’intimité, manque de sommeil, mauvaise hygiène et mauvaise alimentation, eau et nourriture contaminées, le manque de soins de santé adéquats et d’installations sanitaires dans les normes, ainsi que des infrastructures correctionnelles adéquates pour «rééduquer» les prisonniers. En plus, les prisonniers sont constamment exploités et brutalisés par un corps de gardiens de prison qui gagnent leur vie sur le dos notamment des prisonniers politiques, usant de la corruption et des pratiques de rançon pour leur soutirer leurs maigres économies, en échange de petites faveurs telles que de la nourriture, les draps propres, des moments d’intimité, etc…
Le «besoin de se sentir comme un être humain» dans la prison de Biya a été formulé avec une force existentielle sincère à maintes reprises par des prisonniers politiques tels que Jean-Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya qui ont particulièrement réfléchi sur le besoin urgent de meilleures conditions dans ces cachots de la république. Cela fait de ces anciens hauts fonctionnaires des exemples de résilience face parfois à un peuple camerounais indifférent à ces problématiques, quand bien même d’autres en murent sous ce silence assourdissant.
Pourtant, nous devons reconnaître que la vie est courte et brutale au Cameroun de Biya et que cette triste réalité carcérale est la principale fabrique des monstruosités triomphantes. Aussi, la grâce présidentielle annoncée et promise de manière arbitraire à quelques pensionnaires voulus dociles au régime en place ne fera rien pour résoudre ce problème de fond qu’est l’extrême défaillance institutionnelle. La vraie grâce que le peuple camerounais est en droit d’obtenir du président Biya est l’annonce inespérée de sa retraite définitive.
Autrement dit, rien de bien surprenant. Le combat continue!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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The CL2P, Mouroirs Concentrationnaires and Presidential Grace in Cameroon
Cameroon, Presidential Grace announced: all the consistency of the arbitrary treatment inflicted by a dictator to his victims, which he « reward the silence of some », trampling the requests for immediate release formulated by the UN and the AU for others.
Indeed, the illusion of Cameroon as an idyll of freedom led by a benevolent democrat could not be more trenchantly undercut by all the dereliction of duty and abuses of the Biya’s regime the CL2P has patiently catalogued for decades. Indeed, Biya’s mouroir concentrationaire are extended tools for the oppressive regime to discipline and break down bodies.
As such, Cameroon’s 78 prisons are built for a maximum capacity of 16,000 inmates. They now host 30,000 people with a majority of them still awaiting trial. Some of the prisons, like the Kondengui prison in Yaoundé, were constructed to hold only 500 inmates. Today it holds more than 2,000 inmates. New Bell prison, on the other hand, also embodies hell on earth. The nation’s most populous jail, located in its economic hub Douala, is crammed with more than four times as many prisoners than its original capacity.
The CL2P has a searing indictment of a prison system rife with routine power abuse: Inmates are subjected to unlivable conditions and other forms of extreme deprivation in terms of lack of spaces, overcrowding and lack of privacy, sleep deprivation, poor sanitation and poor diet, contaminated water and food, lack of proper adequate healthcare and facilities and proper correctional facilities to “re-educate” the prisoners. They are constantly exploited and brutalized by a prison-guard class who make their livelihood off the backs of political prisoners using corruption and ransom practices in exchange of small favors such as food and clean bedsheets.
The “need to feel like a human being” in Biya’s prison has been conveyed with sincere, existential force time and again by political prisoners such as Jean-Marie Atangana Mebara and Marafa Hamidou Yaya who have reflect on the dire need for improved conditions in these dungeons. That makes these former high ranking civil servants examples of the resiliency of the Cameroonian people who laugh at their problems when other would cry. Under these conditions, however, we must recognize that life is short and brutish in Biya’s Cameroon and that is the real problem the constant manufacture of monstrosities.
The Presidential grace will do nothing to solve this draconian institutional problem. The real grace the president can give to the Cameroonian people is by retiring.
Nothing surprising. The fight goes on!
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)