Cela a participé pendant deux (02) ans de la position quasi-officielle du gouvernement…qui semble ne plus vouloir allé aussi loin que ce chaos initialement recherché par ses faucons , avec l’assentiment de certains universitaires et écrivains ouvertement tribalo-fascisant.
Nous avons eu le courage de leur dire puis répéter sans cesse que l’impasse répressive allait inéluctablement conduire le Cameroun vers une internationalisation de la crise, à l’issue de laquelle pouvait lui être opposé (voire imposé) le droit à l’autodétermination de la minorité anglophone opprimée. Nous n’en sommes pas si éloignés.
En effet si aucune personne raisonnable ne pouvait se résigner à l’idée de cette partition territoriale qui guette encore dangereusement le Cameroun, force est de constater que les va-t-en guerre proches du régime l’ont quasiment imprimé dans les têtes, en excluant délibérément les anglophones contestataires de la « Maison commune camerounaise », puis en les associant ou à « tous des terroristes », ou à des « Biafrais du Nigeria ».
La gestion de cette crise a de la sorte été littéralement prise en otage par des pompiers pyromanes réactionnaires, qui se prétendaient républicains et libres penseurs, alimentant invariablement le repli tribal, le sectarisme, et la négation du problème anglophone dans les médias acquis aux thèses nauséabondes du régime en place, notamment sur la télévision dite des mille collines (VISION 4).
Pour mémoire, Dr. Mathias Owona Nguini (photo), Canal 2, 20 août 2017: «des apprentis sorciers » qui croient pouvoir faire « céder le pouvoir « un état de colonisés tardifs », « encore faudrait-il pouvoir imposer la voie armée de la sécession à la République du Cameroun qui n’acceptera jamais une séparation pacifique» ; « En tout cas, il n’y a pas de Négociations avec les Sécessionnistes » ; « ce sont des analphabètes » ; « Ils sont fous ces Autonomistes » ; « les aventuriers » ; « On verra qui va payer le Prix de leur Radicalisation d’aliénés » ; « si en plus les illuminés de l’Ambazonisme tente la voie armée, ils seront massacrés « est-ce qu’on a peur des cercles concentriques…s’ils dérangent, on les coupe»…
Si les paroles et écrits que nous reproduirons paraissent irréfutables, les crimes le sont d’autant. C’est pourquoi nous plaidons en faveur de l’établissement de toute l’échelle des responsabilités dans le cadre d’une enquête internationale et appelons ouvertement à l’inculpation des auteurs.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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LCCLC MATHIAS OWONA NGUINI ET LE PROBLÈME ANGLOPHONE
Par Benjamin Zebaze
Depuis le début de la crise dite anglophone, Mathias Owona Nguini (MEON) fait feu de tout bois : il n’est malheureusement pas le seul même si on dirait qu’il se sent investi d’une mission quasi messianique consistant à défendre un ordre qu’il croit immuable.
Nous avons été nombreux au cours des années 1990 à prendre des risques énormes pour que le pouvoir autorise enfin la liberté d’expression pour tous; je serais par conséquent le dernier à reprocher à un de nos compatriotes d’en faire l’usage qui lui convient.
Mais lorsqu’on est enseignant d’université, « vedette médiatique », a-t-on le droit d’utiliser toute cette rhétorique guerrière contre une partie de ses concitoyens afin d’exacerber un conflit que tout le monde s’accorde à reconnaître comme potentiellement porteur de guerre civile ? N’est-ce pas le rôle d’un enseignant que d’expliquer calmement, encore et encore pour convaincre son auditoire plutôt que d’essayer de le vaincre par tous les moyens dont l’insulte n’est pas le moindre ? De calmer les masses parfois dirigées par l’instinct grégaire ?
Voici quelques formules qu’il a utilisé contre nos frères des nord-ouest et sud-ouest en colère, frères que j’appellerai comme lui, mais avec sympathie, les Ambazoniens : « des apprentis sorciers » qui croient pouvoir faire « céder le pouvoir » ; « un état de colonisés tardifs », « encore faudrait-il pouvoir imposer la voie armée de la sécession à la République du Cameroun qui n’acceptera jamais une séparation pacifique » ; « En tout cas, il n’y a pas de Négociations avec les Sécessionnistes » ; « ce sont des analphabètes » ; « Ils sont fous ces Autonomistes » ; « les aventuriers » ; « On verra qui va payer le Prix de leur Radicalisation d’aliénés » ; « si en plus les illuminés de l’Ambazonisme tente la voie armée, ils seront massacrés » ; « est-ce qu’on a peur des cercles concentriques…s’ils dérangent, on les coupe »…
Mon cœur ne supporterait d’en citer davantage. On n’est plus là dans un débat intellectuel mais plutôt dans la profession de foi d’un « chef de guerre ».
Mais qu’on se comprenne bien : je suis contre le fédéralisme à deux États (sans doute lui et moi sommes d’accords sur ce point) ; je l’ai écrit en faisant des propositions concrètes qui pourraient arranger bien de monde. Mais ai-je le droit d’insulter ceux qui savent pourquoi ils souffrent dans leur chair et têtes ? Ceux qui pensent que le système veut faire disparaître leur identité ? Pour moins que cela, certaines guerres civiles ont duré plus d’un quart de siècle.
UNE MÉCONNAISSANCE TOTALE DES FAITS HISTORIQUES
Si MEON était un peu prudent, jamais il n’aurait utilisé de telles formules: elles me rappellent douloureusement tous les propos haineux et violents que son père tenait, au sommet de sa puissance arrogante, contre nous dans les années dites « de braises » alors que nous nous battions, en violant tous les textes légaux, en tenant tête au pouvoir de manière effrontée, comme les Ambazoniens aujourd’hui, afin de pousser ce dernier à reconnaitre les libertés de la presse et d’expression dont MEON en profite largement
Pour son père Joseph Owona, entre autres amabilités, nous n’étions que des troufions de la jacquerie tribale qui veulent utiliser des expédients pour entrer « au Capitole ». Même le grand Mongo Beti n’a eu aucune grâce à ces yeux puisqu’il lui a lancé par journaux interposés, un célèbre « Go Away » du Cameroun, faisant allusion à sa double nationalité. Nous avons pour la plupart, subit des violences physiques et morales terribles durant cette période ; nous avons été traité d’extrémistes, d’ethno fascistes…
D’entendre le fils d’un des théoriciens de cette répression utiliser les mêmes mots ou presque des années plus tard m’est tout à fait insupportable. J’ai l’habitude de le soutenir, mais il m’est impossible de le faire en cette circonstance car il a touché à quelque chose de très profond en moi et ceux de ma génération.
En général, je suis contre ceux qui font porter aux enfants les turpitudes des parents ; moi-même, je n’aimerais pas qu’on me fasse porter le chapeau de l’action politique de ma tante Françoise Foning. Mais tout de même, MEON est suffisamment intelligent pour savoir ce qu’il fait lorsqu’il utilise des formules telles qu’« apprentis sorciers » qui sont un des marqueurs de la politique de Paul Biya; il sait très bien les excès qui ont toujours été reproché à son père du temps où il était une sorte de « Vice-roi »… Il devrait, à mon avis, être plus modeste d’autant plus qu’il utilise un langage des plus hermétiques, à coups de formules et de mots un peu trop savants pour s’adresser à des Ambazoniens parlant en principe l’anglais, et qui doivent, faute de comprendre, prendre tout cela pour autant d’insultes.
Le problème est qu’avec son talent, il arrive à entraîner des foules derrière lui ; ces dernières se retrouveront bien seules si un jour un conflit violent éclatait réellement. MEON, de par ses relations pourra toujours se réfugier dans n’importe quelle ambassade, trouver les moyens de quitter le pays…Que deviendront ceux qui l’ont suivi dans sa dérive guerrière ?
Le pire est que, se faisant, il prend de nombreux arrangements avec la réalité :
1 il déclare : « Ils seront massacrés ». En est-il si sûr ? L’intellectuel qu’il est devrait savoir que dans l’histoire, de tels conflits ne se sont pas toujours terminés comme on le prévoyait au départ. Lors du déclenchement de la guerre de sécession américaine, les sudistes pensaient qu’avec le général Lee à leur tête, ils ne feraient qu’une bouchée des « Yankees » ; les faits leur ont donné tort.
Plus proche de nous, le Maréchal Mobutu désireux de consolider son pouvoir, avait créé un corps d’élite des FAZ (Forces Armées Zaïroise), l’équivalent de notre BIR. Ces soldats super entrainés et équipés ont pris leur jambe à leur cou devant l’avancée de gamins portant de bottes en caoutchouc, permettant ainsi à Laurent Desiré Kabila d’arriver à Kinshasa sans pratiquement tirer la moindre balle. S’il croit qu’il y a beaucoup de soldats capables de risquer leur vie ou de subir les affres des tribunaux internationaux pour défendre Paul Biya et son régime finissant, il se trompe. Croit-il d’ailleurs que les « frères » nigérians vont laisser les Ambazoniens se faire massacrer impunément ?
Lorsqu’il vante de la puissance de frappe du pouvoir dont il soutient les thèses depuis le début de ce conflit, il oublie juste de rappeler que ce dernier a pratiquement capitulé en rase campagne devant l’adversité en accordant aux insurgés presque tout ce qu’ils revendiquaient au départ ; que c’est à cause d’une mauvaise gestion de la crise, notamment au niveau du timing, que les demandes se sont empilés pour buter à la fin sur la question du fédéralisme, voire de la sécession.
Normalement, lui et les siens devraient être un peu inquiets après avoir regardé les images de responsables de l’Etat-Rdpc détalant comme des lapins à Buéa et Bamenda afin d’échapper à la vindicte populaire. Ils constateraient que malgré les menaces, les violences, il n’y a pratiquement pas eu de rentrée du troisième trimestre dans la zone lors de l’année scolaire passée.
Des gens conséquents changeraient de logiciel, car on voit mal comment pourraient se dérouler la prochaine élection présidentielle et la CAN dans le climat actuel.
2 L’Onu ne peut pas nous imposer le fédéralisme, dit-il. C’est un enseignant de droit qui parle ou un prophète ? L’ONU n’a fait que cela voir pire depuis sa création. Lorsque la Yougoslavie vole en éclat pour donner naissance à la Bosnie, la Slovénie, le Monténégro, la Macédoine, le Kosovo (pratiquement indépendant)… ; l’ONU a-t-elle demandé l’avis de la majorité Serbe ? Et là on parle carrément de sécession.
Lorsque malgré la puissance de Saddam Hussein, l’Onu, sous pression américaine, décide de créer le Kurdistan iranien (qui est lui aussi en voie d’obtenir l’indépendance), l’avis du pouvoir central iranien va-t-il compter ?
Je pourrais citer des cas aussi divers que ceux du Soudan, de l’Ethiopie et même le démantèlement de l’URSS sans l’accord de Moscou.
Il ne faut pas enfumer les Camerounais avec un nationalisme de bas étage. Les Ambazoniens ont de bonnes cartes entre leurs mains car comme certaines composantes des anciennes URSS et Yougoslavie, ils vivaient dans une entité avec son organisation propre avant d’être phagocyté par des francophones aux dirigeants vicieux, corrompus et surtout incompétents. Comparer leur situation à celles des autres Régions du pays c’est faire preuve d’une incroyable myopie.
S’ils sont brutalisés par la partie francophone qui détient le réel pouvoir dans ce pays, ne soyons pas surpris que l’ONU vole à leur secours, les grandes puissances étant assez contentes de mettre la main sur nos réserves pétrolières, créant un petit « Koweït » : nous francophones n’aurions alors plus que nos yeux pour pleurer.
3 « Il n’y a pas de Négociations avec les Sécessionnistes » : d’où sors-t-il avec une telle déclaration ? Il parle du Cameroun ou du monde entier ? La France ne négocie pas avec les Sécessionnistes Corses ? L’Angleterre avec les Sécessionnistes nord-Irlandais et écossais ? On ne négocie qu’avec ses amis ? Pourquoi ce qui est bon ailleurs ne l’est plus quand il faut défendre le clan au pouvoir ?
4 « Ils sont fous ces Autonomistes ». Je crois qu’il fait cette déclaration après la publication d’une image où on montre un établissement scolaire en feu.
Comment un juriste de son niveau, face à un tel événement peut d’emblée désigner les coupables ? Si on peut tolérer une telle légèreté d’un personnage lambda, difficile de l’accepter d’un homme sensée maitriser tous les contours de la notion juridique de « présomption d’innocence ».
Dans l’histoire, on a vue de par le monde, une partie à un conflit provoquer des destructions en son sein pour justifier l’envoie d’un « corps expéditionnaire » afin d’écraser ses adversaires. C’est en raisonnant comme il le fait que le magistrat Ayah se retrouve en prison pour des charges invisibles.
QUEL EST LE PROBLEME DES AMBAZONIENS?
J’ai été parmi les premiers à écrire là-dessus, montrant les risques que nous courrons en laissant trainer un tel conflit avant que le ministre Abouem A Tchoyi ne vienne magistralement éclairer notre lanterne.
Contrairement à ce que pense MEON et ses soutiens, ce n’est pas qu’une affaire de droit et de grands principes juridiques qu’on retrouve dans les traités de droit constitutionnel. Il s’agit de l’inquiétude d’hommes et de femmes au sujet de notre avenir commun.
En caricaturant à peine, on peut comparer la situation à celle d’un mariage entre deux entités souveraines : si après un délai plus ou moins long, une des entités n’accepte plus ce mariage, je ne vois pas comment il est tenable sur la durée de la maintenir dans un « mariage forcé ».
Les choses ne sont certes pas aussi simples dans le cas présent puisqu’il s’agit d’une union entre des millions d’individus : tout comme pour un mariage où le consentement des deux parties est nécessaire, il existe une technique pour régler ce type de problème : le référendum. (Je reviendrais plus loin là-dessus sur la partie réservée aux propositions)
Mais très honnêtement, je me demande si depuis leur naissance, MEON ou Paul Biya (pour ne citer qu’eux) ont séjourné plus d’un mois dans une ville située dans une Région autre que celles du Centre et du Sud. C’est peut-être là où se situe le problème.
Je comprends la colère des Ambazoniens d’autant plus facilement que j’y ai effectué mon premier voyage il y a 45 ans. Ma mère se rendait régulièrement à Victoria (Limbe) dans ce qu’on appelait alors la « zone anglaise », en compagnie de jeunes hommes d’affaires dont le milliardaire Noutchogoing, pour acheter du poisson fumé aux Nigérians qu’ils revendaient de l’autre côté de la frontière. C’est ainsi que nous avons découvert ce que c’était qu’un « breakfast » anglais au bacon (pas les beignets haricots), le « tea time » ; compris l’importance du « garden », des fleurs…bref, toute une façon de vivre inconnue dans nos contrées où les plants de maïs remplacent les fleurs ; façon de vivre qu’on ne retrouvait que dans nos livres d’anglais de l’époque, livres qui à travers la famille de « Betty and John », exposait toute la culture anglaise au gré des chapitres. Ces gens essayaient de ressembler aux « ladies » et aux « Gentlemen » anglais contrairement aux « bushmen » français.
Je pense d’ailleurs qu’ils n’avaient même pas de carte d’identité (je parle sous le contrôle des anciens) et la paperasserie administrative était réduite au strict nécessaire.
C’est cet art de vivre avec un flegme tout britannique qui a été détruit par ceux que certains Ambazoniens qualifient de « dan foolish people from la Republique », intoxiqués par les mauvaises habitudes françaises.
Subitement, tout ce qu’ils pouvaient régler facilement à Buéa sur le plan administratif a été transféré à Yaoundé, cette ville devenant pour eux une sorte d’horizon artificiel. Le gouvernement et d’autres institutions de leur Etat souverain qui rapprochaient l’administration des populations ont disparu au profit du pouvoir central à Yaoundé, pouvoir gangrené par le laxisme et la corruption ; alors qu’ils élisaient leurs responsables, on leur a imposé des nominations sur la base du clientélisme ; les terres sur lesquelles leurs ancêtres avaient travaillé dur pour que la CDC (un moment second employeurs du pays) naisse et se déploie ont été bradé sans tenir compte de leurs droits historiques; lorsque après de lourds sacrifices, un des leurs en la personne de Ni John Fru Ndi gagne l’élection présidentielle, il est séquestré comme un rat pendant des mois…
On pourrait citer 1000 exemples de frustrations, notamment ce pétrole dont ils n’en profitent pas assez et lisent tous les jours dans les journaux que le produit des ventes financent des sectes, permet à d’autres de détourner des milliards destinés à l’achat d’un l’avion présidentiel, règle les factures de publicités dans les journaux internationaux surtout français…
C’est sur ces problèmes que sont venus se greffer les récents avec à l’origine la grève des avocats avec les conséquences qu’on connaît et qui ont surtout fait déborder le vase.
BIEN ENTENDU, AUCUN CAMEROUNAIS RESPONSABLE NE PEUT ACCEPTER QU’ON BRÛLE DES ÉCOLES, QU’ON EMPÊCHE AUX ENFANTS D’Y ALLER, QU’ON EMPÊCHE AUX COMMERÇANTS DE VAQUER NORMALEMENT A LEURS OCCUPATIONS, QUE DES GENS NE PUISSENT ALLER ET VENIR…
Mais qui est le principal fautif si ce n’est un gouvernement qui n’agit que dans l’urgence et n’a pas conscience qu’il vit ces derniers instants ? Quand il n’y a pas moyen d’organiser une grève ou un meeting pacifique; quand un pouvoir hyper centralisé ne tient pas compte des frustrations qui naissent chaque jour autour de lui, on peut comprendre que face à la violence d’Etat, des populations imposent la violence tout court.
Alors, de bien-pensants surgissent de partout pour s’indigner que le drapeau national soit piétiné par les uns, brûlé ou remplacé par celui de l’Ambazonie dans certains endroits. Comme je ne cesse de le dire, CHACUN DOIT SAVOIR QUE CE QUI EST IMPORTANT POUR LUI NE L’EST PAS FORCEMENT POUR L’AUTRE.
Par Benjamin Zebaze