Au Sénégal, le procès d’Hissène Habré n’aura duré que deux petites journées. La cour a en effet décidé de l’ajourner jusqu’au 7 septembre afin de laisser aux avocats commis d’office pour la défense de l’accusé, le temps de prendre connaissance du dossier. Une véritable déception pour les victimes.
Lundi, la journée avait été historique pour les familles des victimes d’Hissène Habré : après 15 ans de procédure, le procès de l’ancien président tchadien s’était ouvert à Dakar. Au programme, trois mois d’audiences pour répondre de crimes contre l’humanité devant les Chambres africaines extraordinaires.
Ce mardi, pourtant, le procès a été ajourné. C’était attendu puisque le motif avancé est procédurier. Lundi, l’ex-président tchadien s’était présenté de force et sans avocat puisqu’il refuse de se faire défendre. Même scénario ce matin. La cour a donc désigné trois avocats commis d’office pour le défendre et leur a laissé 45 jours pour prendre connaissance du dossier.
La déception des victimes
Le procès est donc reporté au 7 septembre. Un échec pour les familles des victimes. Leurs avocats ont déclaré au président de la cour qu’ils « regrettaient le délai de 45 jours » et le trouvaient « dangereux ». En effet, ils craignent que l’accusé récuse ses avocats une nouvelle fois au bout de 45 jours et que cela soit de nouveau une perte de temps. L’un des avocats a même évoqué la défense de l’impuissance et de la lâcheté.
Mais le président la cour n’est pas revenu sur sa décision. On sent chez lui une volonté de garantir un procès crédible où les droits de la défense sont respectés. Du côté des parties civiles, il n’est pas possible d’envisager de procès sans avocat. « L’ironie, fait remarquer un défenseur des droits de l’homme, c’est que Hissène Habré, qui a déjà envoyé des milliers de personnes en prison, sans procès ni avocat, doit bénéficier, qu’il le veuille ou non, d’une défense. »
Ce report est tout de même un choc pour les victimes qui ont vu Hissène Habré sortir du tribunal en faisant un signe de victoire sous les applaudissements de ses sympathisants. L’un des représentants d’une ONG qui accompagne ces victimes a eu ses mots rassurants : « Vous avez déjà attendu 25 ans, ce ne sont pas 45 jours qui doivent vous décourager. »
Source : RFI