Par Olivier J. Tchouaffé, PhD, Porte-parole du CL2P
Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, lundi 8 août 2018, une large amnistie pour environ 800 de ses concitoyens, dont l’ancienne première dame Simone Gbagbo, jusque-là emprisonnée et poursuivie sous différentes accusations, afin de faciliter la réconciliation nationale.
Que les sycophantes de Biya trouvent déjà nécessaire d’affirmer qu’il n’y a personne dans les prisons camerounaises méritant une telle grâce présidentielle, cela ne fait que confirmer le despotisme légal du régime en place au Cameroun depuis 36 ans..Dans leur monde infantile, dire quelque chose le rend forcément vrai. En particulier, lorsque la machine à propagande de Biya répète à l’envie, aussi souvent et variée que possible, une croyance dans le pouvoir absolu du dictateur qui inclut faire disparaître les prisonniers politiques en prisonniers voulus « de droit commun».
Aussi, en tant que monarque absolu, Biya gouverne par droit divin, dans un système où le mandat de Dieu serait devenu une doctrine politique et religieuse de légitimation royale et d’apparence républicaine. Il affirme volontiers qu’un monarque n’est soumis à aucune autorité terrestre, en dérivant le droit de gouverner directement de la volonté de Dieu. Le roi n’est donc pas soumis à la volonté de son peuple, de l’aristocratie, ou de tout autre domaine du royaume. Cela implique que seul Dieu peut juger un roi injuste ; et que toute tentative de le déposer, le détrôner ou de restreindre ses pouvoirs est contraire à la volonté de Dieu et peut constituer un véritable sacrilège. Il est souvent exprimé par l’expression « par la grâce de Dieu », attachée aux titres d’un monarque régnant. Donc une façon de «protéger» la loi en suspendant la loi à la seule grâce de Dieu.
En conséquence au Cameroun, il faudrait en la circonstance se rappeler que Biya n’est pas Ouattara, pas plus d’ailleurs le Camerounais d’aujourd’hui pourrait être comparé à un Ivoirien!
Parce que, au Cameroun, pays du crime politique littéralement ancré dans l’inconscient collectif et les mœurs, vous aurez dans les prochains jours des sociopathes et psychopathes farouches partisans de la dictature en place, puis la horde d’opposants alimentaires inféodés au tyran Paul Biya, pour vous affirmer que ce dernier ne saurait amnistier des prisonniers politiques, comme Alassane Ouattara vient de procéder en Côte d’Ivoire..
Puisque suivant la propagande bien huilée par le régime en place, il n’existerait pas des prisonniers politiques dans les mouroirs carcéraux de la république bananière du Cameroun, mais uniquement des « prévaricateurs » tout désignés « de la fortune publique »:
Tous ces procureurs auto-désignés oublient évidemment et soigneusement qu’ils ne sont pas à l’abri de la loi et ne pourront pas toujours s’en tirer avec leurs crimes. Ainsi, ils devraient considérer qu’ils en seraient probablement eux-aussi – c’est-à-dire des prévaricateurs en liberté de la fortune publique – dans ce Cameroun où la corruption endémique est un sport national et n’épargne aucun secteur d’activité ou corps de métier.
De plus, la logique institutionnelle veut que le Président Alassane Ouattara ait agi effectivement en Côte d’Ivoire dans le cadre d’un processus démocratique, et que la grâce présidentielle soit un acte de pardon, et on peut même imaginer que la magnanimité présidentielle pourrait favoriser la paix sociale. Du moins on le souhaite vivement!
Pour cette raison aussi, nous devons cesser de confondre le juridique et le politique, le personnel et le structurel dans la nécessaire bonne marche d’un État dans un pays civilisé.
Olivier J. Tchouaffé, PhD, Porte-parole du CL2P
English version
Presidential Pardon and Legal Despotism
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
On august/06/2018, Ivory Coast President Alassane Ouattara announced amnesties for around 800 people, including former first lady Simone Gbagbo who is currently behind bars, in the name of national reconciliation. That Biya’s sycophants find it necessary to assert that there are nobody in Cameroonian prisons deserving of presidential pardon, that only confirm the regime’s omnipotent and omniscient legal despotism.
In their infantile world, saying something is essentially making it true. Particularly, when Biya’s propaganda machine repeats, as often and as varied as it can, a belief in the dictator’s own completely unconstrained power that includes making political prisoners disappear. Thus, as a monarch, Biya governs by divine right, or God’s mandate is a political and religious doctrine of royal and political legitimacy. It asserts that a monarch is subject to no earthly authority, deriving the right to rule directly from the will of God.
The king is thus not subject to the will of his people, the aristocracy, or any other estate of the realm. It implies that only God can judge an unjust king and that any attempt to depose, dethrone or restrict his powers runs contrary to the will of God and may constitute a sacrilegious act. It is often expressed in the phrase « by the Grace of God », attached to the titles of a reigning monarch. Therefore, a way to “protect” the law by suspending the law by the grace of God.
In Cameroon, consequently, one must be reminded that Biya is not Ouattara, any more than today’s Cameroonian could be compared to an Ivorian!
Indeed in Cameroon, country of political crime literally anchored in the collective unconscious, you will within a few hours’ sociopaths and psychopaths in favor of the dictatorship in place, then the horde of pseudo-food opponents subservient to the tyrant Paul Biya, to affirm you that the latter cannot amnesty political prisoners, as Alassane Ouattara has just proceeded in Côte d’Ivoire.
Since according to the well-oiled propaganda by the regime in place, there would not exist political prisoners in the prisons of the banana republic of Cameroon, but only « prevaricators » all-designated of « public wealth »:
All these self-appointed prosecutors obviously and carefully forget that they are not immune from the law and will not be able to always get away with their crimes. Thus, they must consider that they would probably be too – that is to say, the prevaricators of public property – in this country where endemic corruption is a national sport and spares no sector of activity or profession.
More, the reality that Ouattara is indeed acting along a democratic process and that presidential pardon is an act of forgiveness, and one can imagine presidential magnanimity might foster social peace. For this knowledge, however, we must stop confusing the legal and the political, the personal and the structural.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P