Le CL2P, l’État pathologique et la Politique de l’innocence au Cameroun
La violence gratuite imposée dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest du Cameroun et l’emprisonnement des Camerounais ordinaires perçus comme étant «ennemis de l’État» constituent la méthode ultime de pillage par une république parasitaire dans ce pays. Le résultat d’un régime basé sur un système présidentiel de pouvoir exécutif renforcé, transformant le président en un monarque qui peut décapiter arbitrairement celui qui lui plaît pour maintenir la paix ou consolider son pouvoir. Un système où l’opposition légitime est souvent présentée comme des «virus» ou des «symptômes» d’une maladie à éradiquer.
Justement, c’est l’abdication par l’État de sa responsabilité en tant que garant des droits en faveur uniquement de son rôle de garant de la «sécurité» du régime. Ainsi, les préoccupations du CL2P face aux coûts psychologiques et moraux du massacre et de l’incarcération de masse, un système qui, malgré ses promesses de «démocratie apaisée», est fondamentalement «Anti-Vie».
Cet État carcéral à ciel ouvert fonctionne également sur l’innocence. En pratique, les Camerounais ordinaires agissent de manière délibérément ignorante et rationalisent les atrocités du gouvernement en affirmant que certaines personnes ou certaines tribus méritent la mort sociale et physique parce qu’elles ne sont pas assez «patriotiques». D’autres personnes intellectuellement plus articulées utilisent «l’ethno-fascisme » pour blâmer les «Bulu» ou d’autres ethnies pour tous les problèmes auxquels fait face Cameroun, en laissant étonnamment de côté de nombreuses complicités à l’intérieur et à l’extérieur du pays que le régime Biya a reçues depuis 36 ans.
Cest l’idée suivant laquelle ne pas soutenir la ligne idéologique du gouvernement mérite d’être lynché.
Ces procureus de la tribu ne comprennent pas ou ne veulent sciemment pas comprendre la chaîne historique ininterrompue entre l’état colonial et l’état néocolonial, puis comment l’indépendance n’était qu’un changement des modes de domination. Une forme de mise à jour des modes coloniaux de domination dans l’État néocolonial à travers la perpétuation de l’état permanent d’exception. Ainsi, le besoin de reconnaître le carcéral comme s’étendant bien au-delà des prisons, en tant qu’ensemble d’institutions et d’intérêts auto-entretenus dont la logique dépasse largement la question du crime, des sanctions, et de la dissidence politique.
D’où l’idée que l’État est lui-même pathologique au Cameroun. Son existence même déforme toute discussion sur la démocratie camerounaise, rabaisse la société camerounaise et bloque tout dialogue significatif sur la (nécessaire) révolution politique. Les vies camerounaises comptent, mais pas à l’état pathologique. Ce que nous faisons de ce simple fait est à nous. Nous devons encore avoir une nouvelle imagination pour le genre d’État dans lequel nous voulons vivre afin de pouvoir y mener des vies constructives.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
Vidéo: PATRICE NGANANG: « SI UN BULU EST CONTRE LE POUVOIR BULU QU’IL SE MANIFESTE » 2/3(JMTV+)
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English version
The CL2P, the Pathological State and the Politics of innocence in Cameroon
The gratuitous violence imposed in the North West and South west region of Cameroon and the imprisonment of ordinary Cameroonians perceived to be enemy of the state are the ultimate method of looting by a parasitic state in the country. The result of system based on a presidential system of reinforced executive power turning the president into a monarch who can arbitrarily beheads whom he pleases to keep the peace or consolidate power. A system where legitimate opposition if often presented as “germs” or “symptoms” of a disease to be eradicated. Precisely, the state’s abdication of its responsibility as a guarantor of rights in favor of its role as guarantor of “security” for the regime.
Thus, the CL2P’s concerns with the crushing psychological and moral costs of mass killing and incarceration, a system which—despite its promise of an “appeased democracy” is fundamentally “anti-life.”
This carceral state also functions on innocence, which in practice, is ordinary Cameroonians acting in a willfully ignorant way and rationalizing the government atrocities by claiming that some people or some tribes deserve social and physical death because they are not “patriotic” enough. Other people use “ethno-fascism” to blame the “Bulu” for all the problems in Cameroon, in the process, leave off the hook many complicities within and outside of the country the Biya’s regime received.
The idea that not towing the government’s line is deserving to be lynched.
They do not understand the unbroken historical chain between the colonial and the neo-colonial state and how the independence was only a change in modes of domination. A form of updating colonial modes of domination in the neocolonial state through the perpetuation of the state of exception. Thus, the necessary to recognize the carceral as extending far beyond prisons, as a self-perpetuating set of institutions and interests whose rationale extends far beyond the question of crime, punishment and political dissidence.
Thus, the idea that the state is itself the pathology in Cameroon. Its very existence distorts any discussion of Cameroonian democracy, demeans Cameroonian society, and blocks any meaningful discussion of political revolution. Cameroonian Lives do matter, but not to the pathological state. What we make of that simple fact is up to us. We still need to come with a new imagination for the kind of state we want to live in and lead productive lives.
The Committee For The Release of Political Prisoners – CL2P