La banalisation du crime politique au Cameroun requiert malheureusement de toutes celles et tous ceux qui comme Thierry Michel Atangana ont été arbitrairement séquestres parfois pendant plus d’une décennie, de sortir du silence afin non seulement de faire valoir leur droit à réparation pour les préjudices subis, mais également de sensibiliser la communauté internationale sur l’impact réel des décisions des Nations Unies dans des États où le système politique en place a été aussi criminalisé.
Ce combat mérite d’autant d’être mené qu’il participera progressivement à la restauration de l’État de Droit au Cameroun.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
A suivre également:État de Droit & Lutte contre Corruption en Afrique
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Détenu «arbitrairement» au Cameroun avant d’être libéré : Michel-Thierry Atangana ne lâche pas l’affaire
En mars dernier, il lançait avec son association, l’Aacoa (l’Association Atangana contre l’oppression et l’arbitraire), «l’Appel de Dakar» pour œuvrer contre la détention arbitraire afin de mettre fin aux violences faites à des personnes broyées par des systèmes judiciaires aux ordres de l’Exécutif. Depuis, il poursuit le combat en homme libre et dans son allocution prononcée hier dans le cadre d’une Conférence ministérielle sur le renforcement de l’État de droit et de lutte contre la corruption en Afrique, il estime que le Cameroun lui est redevable de «l’ouverture d’une enquête sur les faits et la sanction des personnes responsables de ma privation de liberté» ainsi que «du versement d’une indemnisation pour les préjudices causés par la privation de liberté depuis le 12 mai 1997 jusqu’à ma libération».
En vertu de l’avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations-Unies, le Français d’origine camerounaise en appelle au système des Nations-Unies, au Qatar, à la France, à la Société civile, aux Ong pour l’organisation et la tenue d’une conférence portant sur la détention arbitraire et l’impact des décisions des Nations-Unies pour lutter contre toutes les formes d’instrumentalisation des systèmes judiciaires. A l’issue de celle-ci, il souhaiterait voir éclore une commission mixte impliquant les Etats, favorisant un cadre pacifique et légal : «Cette jurisprudence deviendrait ainsi un cadre efficace pour les défenseurs des droits de l’Homme, du respect de la dignité humaine.»
L’histoire judiciaire de Michel Atangana remonte au 12 mai 1997 quand des agents de sécurité camerounais l’ont appréhendé et l’ont placé en isolement dans une cellule en sous-sol. Lors de la procédure judiciaire, il fut condamné à 15 ans d’emprisonnement pour détournement de fonds publics présumé. Beaucoup s’accordent sur le fait que son emprisonnement était dû à son soutien à un candidat de l’opposition qui prévoyait de se présenter contre le Président camerounais Paul Biya.
En octobre 2012, alors que sa peine initiale devait être révolue depuis deux ans et bien que toujours emprisonné de manière illégale, un nouveau jugement, portant sur les mêmes accusations, le condamna à nouveau à 20 ans de prison additionnels. M. Atangana fut ainsi emprisonné pendant 17 ans, dont 15 années en isolement cellulaire dans des conditions carcérales mettant sa vie en danger, jusqu’au 18 février 2014 date du décret présidentiel qui le libéra des liens de la détention.
Par Bastien DAVID, lequotidien.sn